29/09/2011 ALAIN RUELLO, Les Echos
Les militaires peuvent souffler. Au moins pour quelques mois. Sur le plan opérationnel, ils sortent la tête haute de l'opération « Harmattan » en Libye, qui leur a permis de démontrer leur savoir-faire. L'affaire ivoirienne s'est soldée sans une égratignure. Dans les montagnes afghanes enfin, un retrait en bon ordre se profile. Sur le front national aussi, les clignotants sont encore au vert, ou à l'orange pâle. Le gouvernement prévoit une hausse de 1,6 % des crédits de défense pour 2012 (« Les Echos » d'hier). Quand les autres ministères doivent faire avec le « zéro valeur », l'Hôtel de Brienne fait figure d'exception.
Mais pour combien de temps ? L'armée doit bien sûr prendre sa part de l'effort interministériel de réduction des déficits publics, mais l'encoche devrait rester relativement indolore : 1,5 milliard d'euros de moins sur les 92 milliards prévus sur la période 2011-2013. Tout cela grâce à ces fameuses recettes exceptionnelles. Tirées de la vente d'immeubles et de fréquences hertziennes, elles ont adouci la facture. Attendues de longue date, elles sont finalement au rendez-vous.
Qui plus est, l'Elysée, qui aborde la dernière ligne droite de son quinquennat, ne peut pas rompre le contrat moral passé avec l'armée en 2008 : 54.000 postes en moins, une carte militaire allégée, en échange d'un effort significatif en faveur des équipements. Du point de vue électoral, ce serait suicidaire. Mieux, le plan de relance a déversé pas mal d'argent en plus.
Des choix douloureux
Sauf que l'après-2012 se présente sous un jour nettement moins favorable. Premier budget d'équipement de la nation, la défense va avoir du mal à échapper à des choix douloureux. Le refrain est connu puisqu'on l'entend à chaque élection présidentielle. Sauf que, cette fois, la situation des finances publiques ne laisse quasiment plus de marges de manoeuvres dans les autres ministères quand la croissance fait défaut.
S'il l'emporte, le PS commencera sans doute par dresser un bilan objectif de la réforme, avant de fixer le cap. « On ne pourra pas tout se payer », reconnaît l'un de ses députés. Du côté de l'UMP, on refuse de sacrifier la sécurité de la nation. Et on n'hésite pas à accuser l'opposition de vouloir faire de la défense une variable d'ajustement budgétaire, comme sous Jospin. « Notre bilan plaide pour nous », affirment ses ténors.
Avec un bémol. En présentant leurs propositions en marge de la convention défense du parti, Jean-François Copé et Hervé Mariton ont reconnu à demi-mot que la trajectoire financière prévue par les lois de programmation 2009-2014 et 2015-2020 n'était pas gravée dans le marbre.