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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 15:59

Atlas 06.07.2012 photo EADS

 

11 octobre 2012 Par Hassan Meddah – USINE NOUVELLE

 

ENTRETIEN  Philippe Plouvier, directeur des activités aéronautique et défense chez Roland Berger, estime que le développement d'EADS dans le secteur de la défense peut attendre.

 

L'Usine Nouvelle - Que vous inspire l'échec des négociations ?

 

Philippe Plouvier - Les deux entreprises ont probablement sous-estimé la difficulté et le temps nécessaire pour convaincre trois Etats majeurs de la défense de regrouper leurs actifs dans ce domaine. Deux mois de négociations n'y suffisent pas, surtout en l'absence de grand projet fédérateur tel que le lancement d'un programme de coopération. Cela ne veut pas dire pour autant qu'un tel accord ne sera pas possible dans quelques mois.

 

Les Etats portent une part de responsabilité dans cet échec. La balle est maintenant dans leur camp. Ils devront dire comment ils comptent relancer l'Europe de la défense et soutenir leurs industriels pour faire face à la compétition américaine aujourd'hui et chinoise, russe ou brésilienne demain.

 

C'est aussi probablement un peu simple de faire porter le chapeau à l'Allemagne. Les Allemands avaient des craintes légitimes concernant le futur leadership de BAE sur les activités de défense. Le groupe britannique n'a pas hésité à tourner son activité massivement vers les États-Unis, à fermer les sites non productifs au Royaume-Uni à la manière de ce que l'on fait dans l'industrie automobile...ce n'est pas dans les habitudes du secteur de la défense en Europe continentale.

 

Y-a-t-il un plan B pour EADS ?

 

Cet arrêt des négociations est une opportunité pour Tom Enders de revisiter la stratégie 2020 définie par son prédécesseur Louis Gallois. Cette stratégie date de 2008 et vise un développement des activités de défense et de services. Les priorités ont changé car le groupe a mûri et la crise des Etats européens est passée par là. Dans l'état actuel, EADS peut vivre très correctement grâce à son beau carnet de commandes des ventes d' Airbus et d'Eurocopter. Se développer dans la défense n'est pas une urgence: les budgets des Etats sont en baisse en Europe et aux États-Unis, la concurrence sur les marchés internationaux s'intensifiera probablement du fait d'une plus grande agressivité des acteurs américains...

 

Dans 10 ans, quand de nouveaux programmes d'envergure seront lancés, la question d'être un acteur majeur de la défense se posera plus fortement. Entre temps, EADS doit étudier d'autres options de croissance, il y en a, et s'interroger sur sa stratégie dans l'électronique de défense. C'est là que réside une part croissante de la valeur ajoutée de toutes les plateformes: avions militaires, hélicoptères, systèmes de surveillance.. Un rapprochement avec BAE était un premier pas mais un pas insuffisant.

 

Faut-il également se développer autant que ça dans les services? Là aussi, il n'y a pas urgence. Cela n'a souvent de sens que si vous faites les équipements sur lesquels vous apportez le service.

 

Même raté, ce projet de fusion aura-t-il des conséquences sur le reste de l'industrie ?

 

Oui, il y aura un avant et un après le projet de fusion. Ce projet a soulevé beaucoup de questions et montré que la grande majorité des industriels français et européens sont n'ont pas la taille critique pour porter les investissements nécessaires dans les prochaines années. Nexter, Dassault Aviation, Rheinmetal... ne font pas le poids dans la nouvelle compétition mondiale. Aujourd'hui la taille critique se situe aux alentours des 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour prétendre jouer les premiers rôles sur des programmes majeurs dans l'aéronautique.

 

Les plateformes de demain seront de plus en plus complexes sur le plan technologique et nécessiteront des montages industriels de très grande envergure. Regardez le coût de développement de l'avion de combat américain F35, c'est environ 300 milliards de dollars! Hormis quelques groupes tels que EADS, BAE, Thales ou Finmeccanica, les industriels européens sont dans la position d'équipementiers de rang 2 et non de maîtres d'œuvre.

 

Tom Enders doit-il démissionner suite à cet échec?

 

A mon sens, non. Les fondamentaux du groupe sont bons. On ne peut pas lui reprocher d'avoir mis toute son énergie pour rendre le groupe plus fort. Il a peut être pêché par excès de précipitation et d'ambition, mais qui n'en a pas à ce niveau-là. Nous avions dit qu'il s'agissait d'un deal parfait; on ne peut pas lui reprocher de l'avoir tenté.

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