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14 septembre 2011 3 14 /09 /septembre /2011 07:50

http://fotoforum.fr/photos/2011/02/23.115.jpg

Crédit : inconnu. Porte-avions Clemenceau et Foch.

 

Note RPDefense : une fois de plus, je vous livre un article du Fauteuil de Colbert, dont l'enthousiasme et l'engagement pour la Royale ne sont plus à démonter. Bonne lecture !

 

13 septembre 2011 - Le Fauteuil de Colbert

 

 

Des deux PH75 au PA2

Il est question de renouveler la permanence aéronavale depuis le lancement des études sur deux navires nucléaires. Pour remplacer l'Arromanches, voir le croiseur Colbert, l'état-major de la Marine avait imaginé de faire construire deux porte-hélicoptères nucléaires (PH-75), dotés d'un groupe aérien embarqué mettant en oeuvre des Harrier. La Guerre des Malouines n'avaient pas encore eu lieu dans les années 70. Le projet n'aboutit pas, et les porte-hélicoptères devinrent porte-avions. La guerre argentino-anglaise aida pour beaucoup pour cette évolution. Les deux PH-75 sont devenus les deux navires du projet PA-75, Provence et Bretagne à l'orée des années 80.

Pour la petite histoire, le parti UDF avait publié un ouvrage (Relever la Défense de la France en 1986) dans lequel il proposait de porter le nombre de porte-avions de deux à trois (R93 Colbert -baptême de ma part) ! Ce choix se faisait, notamment (l'argumentaire était très mince, un paragraphe), en tirant les enseignements de la Guerre civile au Liban. Le groupe aéronaval avait été déployé au large, pendant un temps.

La fin de la Guerre froide modifia les perspectives puisque le mot d'ordre politique était d'engranger les dividendes de la paix : réduire drastiquement la voilure sur la Défense. Néanmoins, l'Histoire est un peu plus compliquée puisque la construction du Charles de Gaulle est ajournée dès le début des annés 80. Les dividendes de la paix ne sont même pas une évolution pour la Marine, mais une poursuite du refus de l'ambition, initié par l'abandon du "Plan bleu" (plan naval de 1971-1975 conçu par l'Amiral de Joybert qui prévoyait deux porte-avions et deux porte-hélicoptères). Aux reports du début des années 80 s'est ajouté une inquiètante absence de commande de la seconde unité dans le milieu des années 80. La chute du mur de Berlin et la préparation du passage à l'Euro ont été l'occasion de reporter encore l'achèvement du navire. Qu'est devenu le R92 Richelieu entre temps ? Le R93 Colbert de l'UDF n'est plus jamais réapparu en ce qui le concerne. Le Richelieu, devenu le mondialement connu "PA2", s'est transformé en une arlésienne depuis le début des années 90. Le Livre blanc sur la Défense de 1994, tirant les enseignements de la chute du mur de Berlin, insister sur le besoin de capacités de projections de puissance et de forces par la France. Il cite le PA2 qui devra être construit si les conditions économiques et financières le permettent. Le Livre blanc de 2008 ne dit pas autre chose.

 

Nous ne pouvons que constater que la construction d'un second, ou d'un troisième porte-avions, n'était conditionnée qu'à une décision politique qui n'est jamais venue : du début des années 80 à aujourd'hui, 2011. Depuis 1994, le pouvoir politique subordonne cette construction à "des conditions économiques favorables". En réalité, le pouvoir politique se retranche donc derrière l'économie pour ne pas assumer ses responsabilités. Il faut le dire, la réalité historique, déjà, le démontre amplement.

 

Doubler l'équipage du Charles de Gaulle ?

 

Un commentateur des affaires de Défense (qui se fera reconnaître, s'il le souhaite) sur la toile a proposé cette solution : doté le porte-avions d'un second équipage. Force est de constater que depuis 30 ans, la volonté de construire le PA2 n'est pas au rendez-vous. Il n'est pas certain que cette volonté apparaisse en 2012. De plus, il semblerait qu'il soit préférable d'attendre 2020 pour commander deux porte-avions. Donc, pour optimser ce qu'il existe, pourquoi ne pas doubler l'équipage ?

 

Là où la proposition n'est pas réaliste c'est qu'elle ambitionne de solutionner l'absence de permanence aéronavale. Certes, c'est une solution originale. Elle n'a, peut être, jamais été expérimentée dans l'histoire aéronavale, pas même aux Etats-Unis. Mais, ce n'est pas une solution miracle. La permanence aéronavale sous-entend qu'il y ait toujours un porte-avions en mer. Le problème actuel, c'est l'absence d'une seconde unité. Un deuxième équipage permettrait de prolonger la présence à la mer de l'unique navire et de soulager le premier. Cependant, en quoi un second équipage permetterait d'éviter l'IPER qui se produit tout les sept ans et qui consiste à recharger les coeurs nucléaires ? De même, que le navire soit nucléaire ou conventionnel, il faut bien entretenir les machines, les ensembles, sous-ensembles ou autres systèmes informatiques, ce qui suppose un passage en cale sèche (la coque s'encrasse, ce qui réduit les performances nautiques de la carène, donc la vitesse, ce qui augmente la consommation énergétique du vaisseau !) entre les deux opérations de rechargement des coeurs. Porte-avions nucléaire ou classique, il est inévitable qu'il soit immobilisé !

 

Toutefois, il y aurait quelques avantages à proposer cette solution :

  • le navire naviguerait autant que possible grâce aux deux équipages qui pourrait se relever au cours d'une escale, les marins éviteraient des missions de dix mois ou plus ainsi. Demander moins d'efforts aux marins, c'est aussi fidéliser un équipage qui quitte souvent son métier à contre-coeur, puisque les efforts demandés sont très lourds à assumer, notamment pour la vie familiale. 
  • Le porte-avions n'aurait plus à rentrer en métropole puisqu'il suffirait de relever l'équipage là où il se trouve (une relève à la Réunion ?).
  • Une réduction des temps d'immobilisations du navire grâce à une plus grande main-d'oeuvre.
  • Formation de l'équipage du PA2.

Sur le plan financier, il faudrait un second équipage de 1200 hommes. Tout les montages sont possibles en affectant ces hommes et femmes supplémentaires dans d'autres missions, d'autres postes sur d'autres navires ou bases. L'organisation serait dantesque pour faire travailler le second équipage pendant que l'autre aurait en main le porte-avions, respecter les temps de repos, de formation et pouvoir rassembler tout ce petit monde pour rallier le navire. C'est faisable, difficile, mais faisable.

 

D'autre part, une plus grande activité de la plateforme suppose une plus grande activité du groupe aérien embarqué. Le format de ce groupe est sous-dimenssionné avec 60 Rafale M (tous monoplace, malheureusement) et trois E-2C. Cela supposerait des machines supplémentaires ou un budget d'entretien plus richement doté pour satisfaire à une activité plus nombreuse. De même, cela supposerait des personnels supplémentaires.

 

Doubler l'équipage du Charles de Gaulle ? Il faudrait créer des effectifis, ce qui ne semble pas à l'ordre du jour. Néanmoins, deux choses pourraient être expérimentées :

  •  le doublement de l'équipage pour un porte-avions,
  • baser un porte-avions Outre-mer, via la relève d'équipage en dehors de la base métropolitaine de Toulon. Eviter un aller-retour Toulon-déploiement opérationnel, c'est autant de présence en mer "utile" en moins.

Ces expérimentations prépareraient le rendez-vous de 2020 et la possible commande de deux navires. Entre-temps, le dispositif permettrait donc une plus grande présence à la mer du navire. Comme dispositif transitoire, ce n'est pas inintéressant. Le risque, c'est que certains prétendront que la Marine n'a pas besoin d'un second navire et que l'ersatz devienne une solution structurelle. C'est le risque suprême : croire qu'un second équipage soutiendrait la permanence aéronavale. C'est absolument faux, même avec un navire classique.

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