22/11/2012 Michel Cabirol – LaTribune.fr
Le rapport au Parlement des exportations d'armement sur les exportations de la France en 2011 a été présenté ce jeudi par le ministre de la Défense. En 2011, la France, quatrième exportateur mondial d'armements, a engrangé 6,5 milliards d'euros de prises de commandes et a livré pour 3,7 milliards de matériels militaires.
Le ministre de la Défense a décidé de mettre fin à une anomalie sur la publication du rapport annuel au Parlement des exportations d'armement. Jean-Yves le Drian a convenu jeudi matin à l'Assemblée nationale lors de son audition devant les commissions réunies des affaires étrangères et de la défense de l'assemblée nationale. Pour lui, il est surprenant de présenter ce rapport sur les exportations d'armement de 2011... seulement en novembre 2012. Il a promis que celui de 2012 serait présenté au début de 2013. C'est sûr les chiffres sont connus depuis longtemps. En 2011, la France, qui s'est classée au quatrième rang mondial des pays exportateurs d'armements, a engrangé 6,5 milliards d'euros de prises de commandes (contre 5,1 milliards en 2010) et a livré pour 3,7 milliards de matériels militaires (3,7 milliards en 2010). En revanche, le ministre, qui souhaite aller vers plus de transparence dans ce rapport, a supprimé quelques données statistiques intéressantes, qui étaient jusqu'ici présentées dans les rapports précédents. Notamment la répartition par matériel air, mer, terre achetés par les clients de la France. Dommage.
Un tiercé de tête surprenant
Quels enseignements tirés sur les exportations 2011 ? Que le tiercé de tête de l'an dernier est très surprenant. Outre l'Inde (1,696 milliard d'euros) - un client habituel des industriels français -, qui a notamment signé un contrat de rénovation de 49 Mirage 2000 (1,4 milliard d'euros à partager entre Thales et Dassault Aviation), on retrouve... la Russie (946,9 millions) et les Etats-Unis (926,3 millions), deux pays, qui ont une industrie de la défense performante et une politique en la matière protectionniste. C'est tout à l'honneur des industriels français, qui ont des matériels de qualité. DCNS a notamment vendu à la marine russe deux porte-hélicoptères BPC de la classe Mistral et les Etats-Unis ont acheté, entre autre, 32 hélicoptères UH-72A Lakota à la filiale d'EADS, Eurocopter (52 millions de dollars). L'Arabie saoudite ne vient qu'en quatrième position (854,8 millions) et les Emirats arabes unis, en froid avec la France en cinquième position (275,1 millions). Enfin, à noter que la Malaisie reste un bon client des industriels français avec 268,9 millions d'acquisitions de matériels militaires "Made in France".
180 autorisations d'exportations pour la Chine
Enfin, dernier point, 180 autorisations d'exportation de matériels de guerre (AEMG) ont été octroyées en 2011 à la Chine pour un montant de 283,6 millions d'euros. Principalement pour des matériels duals à destination de l'aéronautique chinoise (150 millions). La direction générale de l'armement précise que cela concerne également des caméras infrarouges et des radars de surveillance aérienne.
Sur ce point, Jean-Yves Le Drian souhaite plus de clarté sur les matériels duals. Veut-il légiférer ? Pas impossible. En tout cas, le ministère va travailler en 2013 sur une "clarification pour les matériels qui relèvent du double usage (civil et militaire, ndlr)". Ce qui a de certain, c'est que Jean-Yves Le Drian veut interdire la vente libre de matériels (notamment de logiciels) liés à la surveillance électronique. C'est l'une des leçons tirés des printemps arabes avec l'affaire de la société française Amesys, une filiale de Bull, qui est mise en cause pour avoir installé un système de surveillance du Web en Libye.