12/05/2011 Marine nationale
La frégate Guépratte peut désormais partir en mission les « yeux fermés », ou presque, grâce à un nouveau système de navigation inertie. Elle navigue ainsi sereinement avec l’assurance d’avoir des informations de navigation intègres. La centrale inertielle délivre des informations de navigation (cap, roulis, tangage…) essentielles aux systèmes de navigations, de communications ainsi qu'aux systèmes d'armes. Elles sont donc primordiales pour les missions quotidiennes de nos bâtiments de guerre.
Armée, depuis le neuvage, d’un système de navigation à base de centrale de navigation à cardan d’ancienne génération, les frégates de type La Fayette (FLF) seront dorénavant gréées de centrales de nouvelle génération dites "stap down " à fibre optique. Ces dernières ont l’avantage de ne plus utiliser de pièce en mouvement et de s’affranchir par voie de conséquence des problèmes d’usures mécaniques. En effet, les anciennes centrales MicroCin ont été déclarées obsolètes par le fabricant et leur technologie vieillissante nécessitait une maintenance complexe au savoir-faire très spécifique et de surcroît en voie de disparition.
Un processus de modernisation en quatre temps
Dans le cadre de son vaste plan d’action sur le redressement de la disponibilité des armes équipements, le Service de soutien de la flotte (SSF), compte tenu de l’urgence, a été contraint d’anticiper une refonte programmée à partir de 2012 par la DGA, prenant en charge lui-même la contractualisation de la modification. Tout d'abord, la sous-direction technique du SSF a réalisé l'étude, en coopération avec les services d'ingénierie de DCNS, ciblée essentiellement sur le remplacement et l'intégration des éléments obsolètes du système, afin de limiter de façon drastique le coût de l'opération. Fin août 2010, un avenant au contrat de MCO (maintien en condition opérationnelle) des FLF est notifié afin de pouvoir réaliser la 1ère modification lors du prochain arrêt technique. Puis vient la phase concrète de modification qui est d'ailleurs effectuée "à flot", contrairement aux procédures classiques pour ce genre d'opération, afin d'optimiser au maximum la planification. Enfin, les essais de validation, à quai et à la mer, viennent conclure avec succès ce projet de modernisation.
Le suivi
Outre le pilotage de l'intégration des quatre autres FLF, un suivi de ce nouveau système est effectué afin de pouvoir en caractériser les performances et de rédiger un guide de conduite. Il permettra aux équipages d'acquérir les bons réflexes de conduite et d’optimiser l’utilisation de cette nouvelle installation. Le SSF complètera l’opération par la mise en place d’une logistique initiale. Il est à cet effet prévu l’installation au CIN Saint-Mandrier d’un équipement spécifique afin de dispenser des cours sur les nouvelles centrales Phins, et des marchés sont en préparation, auprès de la Namsa (1), afin de former l’ensemble des acteurs participant à la conduite et au MCO des nouvelles centrales.
Un système étendu aux autres bâtiments
Les frégates anti-aériennes (Cassard en 2011 et Jean Bart en 2012) seront prochainement dotées de nouvelles centrales inertielles d’une catégorie supérieure à celles des FLF (marque Marins). Les abonnés du système de navigation des FAA étant spécifiques, elles seront aussi gréées de calculateurs complémentaires permettant de pondérer l’information de navigation sur les deux centrales.
(1) Namsa : NATO Maintenance and Supply Agency (Agence OTAN d’entretien et d’approvisionnement)
Qu’est-ce qu’une centrale à inertie
Appelée aussi centrale inertielle, il s’agit d’un appareil de navigation de précision comportant des capteurs d’accélération et de vitesse angulaire. Grâce à ces mesures, elle calcule ainsi en temps réel l’évolution du vecteur vitesse ainsi que de son attitude (roulis, tangage, lacet), tout en prenant en compte les problèmes de dérive grâce au GPS intégré qui recale la position. Les centrales à inertie sont installées à bord de navires, mais aussi d’aéronefs, de missiles et de véhicules spatiaux.