04/10 Propos recueillis par Jean-Philippe Lacour, correspondant à Francfort - Les Echos
Florian Hahn est député CSU de la circonscription autour de Munich, où sont concentrées les activités allemandes d'EADS. Selon lui, l'Allemagne doit avoir sa part dans la répartition des centres de décision du futur ensemble EADS-BAE.
Les chances de voir EADS et BAE fusionner s'amenuisent jour après jour. Les responsables politiques des pays concernés multiplient les pourparlers sans qu'une solution ne semble émerger. Comment voyez-vous cela ?
Cela ne fait pas de doute que le projet est sur le fil du rasoir. Un échec pur et simple semble inévitable si les points importants encore en débat n'ont pas trouvé de réponse d'ici le week-end. Un report du dépôt du projet devant l'autorité anglaise serait toujours en théorie possible, mais cela serait un mauvais signal donné aux actionnaires, clients et salariés. Ce qui m'inquiète : ce ne sont pas des détails qui restent à régler mais des questions conceptuelles. Je crains qu'à la fin un projet prometteur au plan industriel ne capote à cause de petites chamailleries.
Quels aspects conceptuels sont en première ligne ?
Cela concerne la répartition du capital entre actionnaires, ce qui me semble une vue étriquée des choses. La réalité montre que les français ne sont pas prêts à vendre, les britanniques ne veulent pas voir les allemands et français détenir un trop grand nombre d'actions et les allemands veulent leur part du gâteau au nom des grands équilibres entre actionnaires. Il suffirait d'attribuer une action préférentielle (Golden Share) à chaque Etat lui permettant d'apporter son veto lors de nominations de membres du conseil d'administration, et ainsi repousser des assauts d'investisseurs dans le capital. C'est pourquoi l'Allemagne ne devrait pas insister sur la détention d'actions propres. Il me semble plus opportun de régler la question de la répartition entre sièges centraux dans la perspective de la fusion EADS-BAE.
Pour l'heure, EADS à Ottobrunn, en Bavière, n'a plus guère de fonction centrale à défendre. Il est dès lors indispensable que l'Allemagne accueille des fonctions centrales dans le futur ensemble ?
Le fait est que le président exécutif, Tom Enders, a déplacé le siège central d'EADS à Toulouse en lieu et place de Paris et d'Ottobrunn. Or, cela est incompréhensible du point de vue allemand que les deux sièges choisis pour cet ensemble soient situés à Toulouse et Londres. On évoque deux quartiers généraux, pourquoi pas trois dans ce cas ? Ottobrunn pourrait à mon avis piloter d'importants secteurs de la branche défense, je pense notamment à la cyber-guerre, la sécurité, ainsi que les hélicoptères. Nous avons déjà les finances, mais voir demain les responsabilités se réduire à la recherche et le développement n'est pas suffisant.
En d'autres termes, une solution acceptable serait que l'Allemagne accepte d'abaisser ses exigences en capital mais obtienne en contrepartie la localisation de centres de décisions sur son sol ?
Une telle compensation refléterait bien mon point de vue. Mon devoir en tant que député au parlement fédéral, est de me battre pour les intérêts de mon pays. Je suis en contact étroit avec Horst Seehofer, président de la région de Bavière, lui-même parlant au quotidien avec la chancelière Angela Merkel. Et je rajoute : l'industrie militaire et aéronautique s'est développée en Bavière depuis l'ère du ministre-président Franz-Josef Strauss. Il ne s'agit pas de mettre aujourd'hui cet héritage en danger.
Tom Enders est prêt à discuter de garanties en termes d'emploi et de localisation des sites de production dans le cadre des pourparlers engagés en vue d'une fusion avec BAE Systems. Comment interprétez-vous cela ?
J'en prends note avec intérêt. Des garanties de la sorte doivent jouer sur le moyen terme, ce qui nous porte de mon point de vue au minimum à 2018. L'année 2014 a été évoquée à ce jour mais cet horizon de temps ne dit rien sur l'avenir.
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