08 novembre 2011 par Rémy Maucourt – L’USINE NOUVELLE
Les échanges d'actifs entre les deux équipementiers de l'aéronautique pourraient être repoussés après l'élection présidentielle de 2012. C'est ce que prétendent des sources industrielles relayées par l'agence Reuters le 7 novembre.
Les salariés de Safran et Thales sont toujours dans l'incertitude. Un conseil d'administration de Safran, prévu mercredi 9 novembre pour discuter de l'accord en négociation avec Thales, a été repoussé. Un sentiment d'enlisement règne autour de ce dossier. "Compte tenu de l'agenda politique, ça pourrait très bien capoter", a déclaré un responsable syndical de Thales.
Il y a un mois pourtant, tout semblait décidé. Le site de Challenges croyait même savoir que l'accord définitif serait signé le 14 octobre. Quelques semaines plus tard, le PDG de Safran Jean-Paul Herteman confirmait que les négociations se poursuivaient, sur le thème de la logique industrielle. Les deux groupes s'orientent vers la création de deux co-entreprises, l'une spécialisée dans l'optronique et l'autre dans la navigation inertielle.
Les salariés, notamment du côté de Safran, sont fermement opposés au projet actuel. Jean-Paul Lanel, délégué syndical central CFDT chez Sagem (filiale de Safran) explique ce rejet : "pousser un plan dit industriel alors qu'il n'y a pas de fondement industriel derrière, sans s'occuper des conditions sociales, ce serait une vraie catastrophe". Dès le mois de mai dernier, un représentant syndical de Safran dénonçait un "schéma industriel absurde", reprochant au projet de léser la compétitivité de certaines activités.
Les discussions entre les deux groupes ont repris en mai dernier, sous la pression de l'Etat. Actionnaires des deux groupes, les pouvoirs publics cherchent à réduire les doublons dans le secteur de la défense. Mais cette idée d'un rapprochement entre Safran et Thales, poussée depuis 2007 par Nicolas Sarkozy, est très complexe à mettre en place. Le périmètre exact des échanges a été négocié longuement. Il reste à discuter de la valorisation, c'est-à-dire des compléments financiers que devront se verser les deux groupes.