3 février 2012 - Par Jacques Bendelac - israelvalley.com
L'usine israélienne de bottes Brill menace de licencier si Tsahal passe commande aux Etats-Unis.
Jérusalem - ACHETER ISRAÉLIEN: le débat sur la préférence à l’industrie locale est relancé par le ministère israélien de la Défense qui veut équiper les soldats de Tsahal en bottes “Made in USA”. Malgré les déclarations de bonnes intentions du gouvernement et des députés de la Knesset, favoriser le “Made in Israël” n’est pas si simple, surtout lorsque les Etats-Unis offrent généreusement leur aide, mais avec une condition: la dépenser chez eux, en se fournissant auprès des entreprises américaines.
Une aide liée
Alors que le gouvernement israélien veut inciter les consommateurs à acheter des produits “bleu-blanc”, l’angle industriel de la préférence locale semble plus difficile à réaliser, surtout lorsqu’il s’agit de gros sous. Aujourd’hui, c’est l’aide militaire annuelle que les Etats-Unis fournissent à Israël (3 milliards de dollars) qui est au centre d’une polémique politico-industrielle. Il se trouve que la générosité de l’Oncle Sam a un prix: il s’agit d’une “aide liée”, c’est-à-dire qui doit être dépensée partiellement dans le pays donateur. Pour Washington, la pratique de l’aide liée est un moyen de favoriser les industries locales; ce qui permet aussi de convaincre le contribuable américain que son argent profite bien à l’économie américaine.
Pour le pays bénéficiaire, Israël en l’occurrence, une aide de ce type est plus que problématique: elle oblige à acheter aux Etats-Unis ce que les entreprises locales peuvent produire. Ce n’est pas forcement le meilleur moyen pour favoriser l’emploi et le développement industriel du pays. Car pour acheter israélien, encore faut-il produire israélien et donc passer commande en Israël plutôt qu’à l’étranger.
Menace de licenciements
Dernier exemple en date: le ministère israélien de la Défense a décidé de passer commande de 60.000 paires de bottes auprès des fabricants américains, en les payant à partir de l’aide militaire des Etats-Unis. Jusqu’à présent, Tsahal commandait les bottes de ses soldats auprès du principal fabricant israélien de chaussures, Brill Shoe Industries Ltd, à Rishon LeZion: depuis 2001, Brill était le fournisseur exclusif de bottes à l’armée israélienne. Or des considérations budgétaires vont lui faire perdre ce marché de 30 millions de shekels (5 millions d’euros). Brill menace donc de licencier 100 salariés si le marché de la chaussure militaire lui échappait.
Il y a quelques semaines, les représentants du ministère de la Défense ont décidé de laisser à Brill un tiers des commandes (30.000 chaussures) et d’en transférer les deux tiers (60.000) aux Etats-Unis d’ici à 2013. En début de semaine, les députés ont tenu un débat urgent pour trancher le débat qui oppose Tsahal à Brill; pour l’heure, les fonctionnaires de la Défense ont promis aux députés de reconsidérer leur position.
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