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16 juin 2011 4 16 /06 /juin /2011 20:40

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16 juin 2011 par Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2)

 

C’est à une vive critique des restructurations engagées dans l’armée française que s’est livré le colonel Michel Goya, directeur de recherche « Nouveaux Conflits » à l’IRSEM, avec le style chatoyant qu’on lui connait lors des ateliers de la Citadelle à Lille, jeudi dernier. Une armée qu’il juge, par trop enserrée dans une nasse budgétaire dont il faut se défaire, en investissant davantage. Il met la barre très haut – à 3% du PIB – et veut tout aussi nécessaire sensibiliser la nation et les élites à cette nécessité de la défense.

 

 

Des coûts qui explosent et une armée Potemkine


« On a mal engagé la réforme de la défense : la restructuration et le coût exponentiel des programmes industriels — où chaque programme coûte 4 fois plus que le précédent — conjugués avec la baisse des budgets ne peuvent que jouer de façon négative. Le coût de la MCO (le maintien en condition opérationnelle) explose du fait de la conservation de matériels anciens et de l’arrivée de matériels à forte technologie » qui, tous deux, coutent très cher. Résultat « L’armée (française) ressemble de plus en plus à une armée Potemkine. Si l’armée française de 1990 affrontait l’armée de 2011, ce serait celle de 1990 qui gagnait. Il y a des manques – partiellement compensés par l’action en coalition et fourniture des Américains. Le moral des armées est au plus bas. Heureusement qu’il y a l’Afghanistan qui joue (positivement) pour le moral. »

 

Dépenser 3% du PIB pour la Défense


Pour le Colonel, il faut investir davantage dans la défense. Il situe la barre encore plus haut que la barre théorique de 2% fixée par l’OTAN mais rarement atteinte (et qui risque de l’être encore moins dans l’avenir). « En deçà de 3% du PIB, les forces armées peinent à se renouveler », souligne-t-il mettant en avant « les dividendes de la paix ». « Si on avait maintenu le même rythme que lors de la guerre froide, cela représente 200 milliards d’euros » avance-t-il.

 

Retrouver la rapidité et la vitesse d’intervention d’antan


Pour autant, le colonel « ne croit pas à la voie européenne pour permettre à la France de retrouver ses capacités militaires » ni vraiment au travail en coalition pour les « vraies opérations ». Il faut plutôt retrouver ce qui a fait le succès d’opérations passées comme au Zaïre dans les années 1970 : « la vitesse et la rapidité, en s’appuyant sur processus de décision constitutionnel, permettant ainsi une autonomie de décision et capacité militaire ».

 

Convaincre les décideurs et l’opinion publique


Il faut convaincre les décideurs et l’opinion publique de cette nécessité (d’investir dans la défense). Ce qui est loin d’être évident car la menace est moins directe. « La France est une ile stratégique, elle n’a plus à craindre d’invasion, ses opérations se déroulent au large » mais ressemblent tout de même à « des guerres ». Il faut donc aussi préparer la nation et ses élites à un fait : « Il n’y a pas de résultat militaire sans pertes ».

Et de conclure son exposé en militant pour une adaptation permanente. « Comme Napoléon le disait, une nation qui veut garder sa prééminence doit changer sa stature militaire tous les dix ans. »

 

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