05/04/2011 par ANTOINE FOUCHET - LaCroix
Après l’Afghanistan depuis fin 2001 et la Libye depuis deux semaines, les militaires français sont intervenus en Côte d’Ivoire. Le général de brigade aérienne (er) Jean-Vincent Brisset estime que la France a les moyens de se battre sur ces trois fronts
« L’armée française a les moyens d’intervenir à la fois en Côte d’Ivoire, en Libye et en Afghanistan. Ces trois fronts entrent, en effet, dans le cadre du contrat fixé par le “livre blanc” de la défense et de la sécurité nationale, que le président de la République a présenté le 17 juin 2008. Les termes de ce contrat prévoient la capacité d’envoyer, sur un théâtre de conflit à l’étranger, environ 30 000 hommes pour une durée d’un an.
Or, notre présence la plus importante en effectifs se trouve actuellement en Afghanistan, avec 4 000 militaires. Le contingent Licorne, qui opère en terre ivoirienne, en comprend beaucoup moins : 1 500 hommes en tout. Sur le front libyen, une douzaine d’avions de combat de l’armée de l’air sont en mission, sur les 70 mobilisables immédiatement pour une opération, selon la norme du “livre blanc”, avec une dizaine d’aéronefs du porte-avions Charles-de-Gaulle.
En Côte d’Ivoire, il s’agit de forces qui étaient déjà sur place depuis longtemps et auxquelles se sont ajoutés des renforts provenant d’autres forces stationnées en Afrique. La défense de la France a donc encore une bonne marge de manœuvre. Mais il est évident qu’il y a des limites et que des fronts importants ne pourraient pas être multipliés sur de très longues durées.
"L’intervention en Libye ne coûte pas très cher"
Le coût des opérations extérieures est également à prendre en considération. Il fait d’ailleurs, chaque année, l’objet d’une actualisation budgétaire. Il peut être assez lourd, comme dans le cas de l’Afghanistan, où les militaires sont mobilisés durant six mois et disposent de moyens importants en véhicules blindés, hélicoptères et artillerie.
En Côte d’Ivoire, la charge financière pourrait s’alourdir si la France devait procéder à un rapatriement de ses ressortissants : compte tenu du volume pour l’heure insuffisant de son parc d’avions militaires de transport, elle se verrait alors dans l’obligation de recourir aussi à des appareils civils.
L’intervention en Libye, elle, ne coûte pas très cher dans la mesure où des avions peuvent décoller du territoire national et occasionnent alors un coût d’heure de vol grosso modo équivalent à celui d’une heure d’entraînement, dépense des munitions (bombes, missiles) mise à part. »