EADS croit aux chances de son Eurofighter Typhoon pour remplacer les vieux F5 et MiG 29 de l'armée de l'air malaisienne (SIPA)
07-12-11 par Vincent Lamigeon – Challenges.fr
REPORTAGE Les Malaisiens choisiront-ils les Tigre d'Eurocopter et les Eurofighter Typhoon d'EADS ? Pour gagner la bataille, les géants français de l'aviation militaire se montrent sous leur plus beau jour au salon aéronautique LIMA à Langkawi.
C’est toute la beauté des compétitions entre les Rafale, Eurofighter, et autres F-18 : elles sont un éternel recommencement. A peine digérés les propos du prince héritier d’Abu Dhabi sur l’ "offre non compétitive" du Rafale, à peine intégrée la décision de la Suisse de préférer le chasseur Gripen du suédois Saab à l’appareil français, le grand barnum s’est déjà déplacé à quelques milliers de kilomètres à l’est, sur l’île malaisienne paradisiaque de Langkawi.
Le ring ? Le salon aéronautique LIMA, un des plus importants de la région. Dans les allées sur-climatisées pour compenser les 32°C et les 90% d’humidité du tarmac, des militaires à uniforme fluo et seyante plume bleue sur le képi voisinent avec le gratin du secteur, Lutz Bertling, le patron d’Eurocopter, Patrick Boissier, PDG de DCNS, ou Eric Trappier, le directeur commercial de Dassault Aviation. Au dessus du hangar, un boucan infernal : Rafale, F-18, Eurofighter et Su-30 règlent leurs comptes à grand renfort de postcombustion.
La Malaisie souhaite acheter entre 12 et 20 nouveaux hélicoptères
Le message est clair : la Malaisie est devenue un client de premier ordre pour l’industrie de défense européenne et mondiale. Après le retrait (provisoire ?) de l’Afrique du Sud, le pays est le seul client export de l’appareil de transport militaire A400M d’Airbus, avec quatre exemplaires commandés. Il a aussi pris livraison de deux sous-marins de la famille Scorpène à DCNS, et commandé une douzaine d’hélicoptères lourds EC725 à Eurocopter.
Et ce n’est pas fini : la Malaisie prépare une commande d’hélicoptères de combat – estimée de 12 à 20 appareils - où le Tigre, le fleuron d’Eurocopter, fait figure de favori. "Nous avons une bonne chance de gagner : le Tigre a prouvé ses capacités au combat et affiche une disponibilité au delà de 90% en Afghanistan, assure Lutz Bertling, président d’Eurocopter. Il ne faut pas s’attendre à une annonce sur le salon, mais ce genre de manifestation nous permet d’avancer dans les négociations"
Le pilote d’essai de l’appareil exposé ne chôme pas : en plus de l’impressionnante démonstration en vol, où l’hélicoptère vole sur le dos, il va également offrir quelques sensations fortes aux membres de l’état-major de l’armée de l’air qui ont demandé à tester l’appareil. Un appel d’offres courant 2012 et une décision fin 2012 - courant 2013 est le calendrier le plus crédible.
En attendant, le pays discute également avec DCNS d’une commande de six corvettes de la famille Gowind, des navires de 2500 tonnes destinés à la lutte anti-aérienne, anti-surface et anti-sous-marine, pour lesquels le groupe naval de défense français a reçu une lettre d’intention l’été dernier. Et les discussions semblent bien avancées : une maquette de la corvette Gowind est même exposée sur le stand du chantier naval malaisien Boustead, qui serait le partenaire industriel en cas de signature du contrat… "A priori, c’est très bien embarqué", assure un familier du secteur. La Malaisie serait la première référence export pour cette gamme de corvettes.
EADS croit aux chances de son Eurofighter
Et le Rafale ? Après l’échec suisse et le coup de semonce d’Abu Dhabi, il est plutôt en position d’outsider dans la compétition malaisienne, destinées à remplacer les vieux F-5 et MiG-29. Deux favoris semblent mieux placés : l’Eurofighter Typhoon, développé par EADS, BAE et Finmeccanica, que le ministre de la défense Ahmad Zahid Hamidi a récemment considéré comme le meilleur avion ; et le F-18 Super Hornet de Boeing, dont une version précédente équipe déjà l’armée de l’air locale.
Chez Eurofighter, on se veut confiant : "L’appareil est sans équivalent en termes d’enveloppe de vol, d’accélération, c’est presque un chasseur de cinquième génération, assure le commandant Foxy Gregory, pilote de la Royal Air Force appelé en renfort pour faire l’article. En Libye, 200 armements ont été délivrés, avec un taux de réussite de 99% pour les cibles fixes."
Le Rafale, de même que le Gripen suédois et le Su-30 de Sukhoi, semblent avoir un peu de retard, mais Dassault peut compter sur le soutien du chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Jean-Paul Palomeros, qui a fait le déplacement en Malaisie. Le soutien d’un grand client –et pour l’instant le seul- n’est jamais de trop.
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