13/02/2012 MER et MARINE
L'Armada a révélé les noms qu'elle comptait donner à ses quatre futurs sous-marins du type S-80. Les bâtiments seront baptisés en hommage à des personnalités historiques de la sous-marinade espagnole. Le premier s'appellera Isaac Peral (1851 - 1895), marin espagnol précurseur dans la construction de submersibles, alors que le second et le troisième S-80 rendront hommage à deux ingénieurs, Narcís Monturiol (1819 - 1885) et Cosme García (1818 - 1874). Le quatrième de la série prendra, quant à lui, le nom de Mateo García de los Reyes (1872 - 1936), ancien amiral des forces sous-marines espagnoles.
Développés par Navantia, les quatre S-80 ont été commandés en 2004 par la marine espagnole. Mis sur cale fin 2007 aux chantiers de Carthagène, le S 81, tête de série de ce programme, devrait être livré en 2015. Ses sisterships doivent, ensuite, être achevés au rythme d'un sous-marin tous les ans. Conçu comme un bâtiment océanique, le S-80 est le plus gros sous-marin conventionnel développé en Europe. Long de 71.05 mètres, il affichera un déplacement de 2200 tonnes en surface et 2426 tonnes en plongée. Capable d'atteindre 19 noeuds, il sera équipé de trois moteurs diesels de 1200 kW et un moteur électrique de propulsion. A cela s'ajoutera un nouveau système de propulsion anaérobie spécialement conçu pour ce programme par Navantia, Hamilton Sundstrand et Hyndergreen. D'une puissance de 300 kW, cet AIP fonctionnera au bioéthanol. Le carburant sera transformé en hydrogène et en oxygène liquide dans un réservoir cryogénique fourni par Air Liquide. Permettant de s'affranchir momentanément d'une navigation au schnorchel pour recharger les batteries, ce système augmentera significativement l'autonomie du sous-marin en plongée. Celle-ci devrait être d'au moins 15 jours à la vitesse de 4 noeuds. Selon les sources, le sous-marin pourrait rester jusqu'à 20 à 30 jours immergé.
Produit espagnol, le S-80 a été conçu dans le pur « esprit OTAN ». Il s'appuie notamment, au niveau de l'électronique et de l'armement, sur des équipements américains. Ainsi, le système de combat SUBICS est développé en partenariat avec Lockheed-Martin. Le sous-marin sera, en outre, doté de deux mâts optroniques et d'une suite sonar complète (EDO, Socilsub et Solarsub). Très automatisé, son équipage ne comprendra que 31 hommes. Pendant les périodes de transit, seul trois opérateurs, utilisant des consoles multifonctions, seront nécessaires à la conduite du bâtiment. En matière d'armement, le S-80 disposera de six tubes de 533mm, répartis en deux rangées superposées (4+2). Fournis par le Britannique Babcock, le système de lancement d'armes permettra de tirer des torpilles lourdes DM 2-A, des missiles antinavire Harpoon et, le cas échéant, des missiles de croisière Tomahawk. Si ce type d'armement est acquis auprès des Etats-Unis, l'Espagne deviendra la seconde nation d'Europe, après la Grande-Bretagne (et avant la France à partir de 2017), à pouvoir lancer des missiles de croisière depuis ses sous-marins. On notera que le S-80 sera aussi capable de mouiller des mines.
Enfin, des logements supplémentaires sont prévus pour 8 commandos, permettant au bâtiment de servir aux opérations spéciales.
En dehors de la marine espagnole, qui prévoit de disposer à terme de 6 sous-marins pour remplacer ses 4 Daphné déjà désarmés et ses 4 Agosta encore en service, Navantia espère, avec le S-80, remporter des succès à l'export. Ce produit a déjà été proposé à plusieurs pays mais le constructeur espagnol sera sans doute mieux placé pour le vendre une fois achevés les essais et la mise au point de la tête de série.