13.03.2013 Lada Korotoune, Rédaction en ligne - La Voix de la Russie
Un programme de lutte contre les menaces spatiales verra le jour en Russie vers la fin de cette année. La nouvelle a été annoncée par le chef de l'agence Roskosmos, Vladimir Popovkine. Prenant la parole à la chambre haute du parlement russe, il a évoqué la mise en place d'un centre d'alerte et de défense contre les menaces spatiales.
Ces derniers jours l'humanité a été vivement sensibilisée par de telles menaces. Le 15 février le monde entier a été bouleversé par l'information sur le météorite de Tcheliabinsk. Celui-ci, telle une bulle de feu, est entré dans l'atmosphère au-dessus du Kazakhstan, a traversé le ciel de plusieurs régions de Russie et est tombé dans la région de Tcheliabinsk. Les vitres de nombreuses maisons ont été soufflées par l'onde de choc. Des centaines de blessés se sont adressés à des hôpitaux. Le bolide brûlant a effrayé les habitants de la Terre. Il a montré que les menaces émanant d'astéroïdes étaient en effet réelles, est convaincu Boris Choustov, directeur de l'Institut d'astronomie de l'Académie des sciences de Russie .
« Une quantité immense de corps d'origine naturelle tombe sur la Terre. Leur masse est évaluée à plusieurs dizaines de tonnes par jour. La majeure partie est constituée par la poussière ne présentant aucune menace. La limite inférieur d'un corps céleste dangereux est de l'ordre de 40 à 50 mètres : telle était la taille approximative du météorite de la Toungouska. L'énergie moyenne produite par la collision d'un tel corps avec la Terre est comparable à l'énergie d'explosion d'une puissante bombe thermonucléaire.
A l'heure actuelle les spécialistes russes proposent de mettre au point un système mondial de surveillance des corps célestes et, le cas échéant, de destruction d'astéroïdes dangereux, dit Vladimir Popovkine.
A notre avis, la tâche prioritaire consiste à rehausser l'efficacité des instruments d'observation des petits corps célestes et des déchêts spatiaux en vue de détecter et de cataloguer toutes les menaces spatiales éventuelles à la Terre. Plusieurs autres mesures sont également indispensables. Il faut développer et rendre opérationnels les mécanismes d'actions sur les corps célestes et les engins spatiaux pouvant présenter un danger. Il faut, en plus, organiser des missions d'études vers les astéroïdes et comètes en vue de préciser leurs dimensions, leur orbite, d'entraîner des manoeuvres autour du corps céleste et de se doter de moyens de changer leur trajectoire. Le choix de l'action concrète doit tenir compte de la masse et de la composition de l'objet.
Les spécialistes russes proposent de mettre au point un système de surveillance des astéroïdes près de la Lune. Ils veulent notamment lancer trois observatoires pour suivre le déplacement de gros objets célestes, explique le président du groupe spatial Energuia Vitali Lapota.
« Près de la Lune il y a des points de Lagrange (les endroits où les engins spatiaux seront immobiles par rapport au système Terre-Lune). Le déploiement de trois sondes dans ces endroits à 400 000 kilomètres de la Terre permettra de surveriller simultanément les astéroïdes à partir de trois points différents. Mais notre pays n'est pas en mesure de le réaliser seul. Cela doit être une puissante coopération internationale.
Pour neutraliser les objets célestes il faut trois types d'appareils spatiaux : des satellites d'observation, des satellites de reconnaissance et des satellites d'interception, estime le directeur du Centre de la défense planétaire Anatoli Zaïtsev.
Des appareils de reconnaissance doivent être lancés une fois la menace répérée. Ensuite vient le tour d'un appareil d'interception équipé de mécanismes de destruction cinétiques ou nucléaires. Le lancement peut être effectué par la fusée russo-ukrainiene Zenit dont le délai de préparation au tir est record. Un tel train de mesures nous permettra de protéger la Terre contre les objets mesurant de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de mètres, soit 99,5 % des astéroïdes se rapprochant de la Terre.
Il est prévu d'utiliser des missiles balistiques intercontinentaux pour acheminer les appareils de destruction, note Oleg Choubine, directeur adjoint du département s'occupant du développemnt et des essais des munitions nucléaires et des dispositifs énergétiques militaires au sein de l'agence Rosatom.
« L'onde de choc de l'explosion nucléaire détruira l'astéroïde en des fragments de moins de 10 mètres. Les fragments relativement peu nombreux qui atteindront l'atmosphère s'exploseront dans ses couches supérieures étant donné leur taille suffisamment petite. Une telle interception produira un effet visuel grandiose, mais ne présentera aucun danger à la population.
Les scientifiques précisent qu'il est nécessaire d'exclure l'utilisation possible de l'arme spatiale sous forme de défense contre des astéroïdes. Cela demandera l'adoption de documents internationaux appropriés excluant toute éventualité d'essais et de déploiement des armes dans l'espace.