Le Brésil renforce sa puissance navale pour protéger son pétrole offshore

02 décembre 2011 Romandie News (AFP)

SAO PAULO (Brésil) - Le Brésil, grand pays émergent, est en train d'augmenter sa puissance navale dans l'Atlantique sud avec un ambitieux programme de sous-marins pour protéger ses gigantesques réserves de pétrole enfouies en mer, au moment où il cherche aussi à renforcer son influence internationale.

Le géant sud-américain compte déjà sur la plus grande marine de guerre d'Amérique latine, mais sa flotte qui inclut le porte-avion Sao Paulo (l'ex-Foch de la Marine Française), neuf frégates et cinq sous-marins diesel-électriques, doit être modernisée d'urgence.

La flotte est inadéquate pour remplir ses missions dans l'Atlantique sud, une région que Brasilia estime de grande valeur stratégique, a déclaré à l'AFP le spécialiste en défense Nelson During.

Dans le programme national de défense élaboré en 2008, la Marine a été chargée de développer une force pour protéger les gigantesques gisements pré-salifères enfouis sous une épaisse couche de sel, le bassin amazonien et ses 7.491 km de côtes.

Les gisements pré-salifères de brut en eaux très profondes (jusqu'à 7.000 m), situés au sud-est du littoral brésilien, pourraient renfermer quelque cent milliards de barils de haute qualité, d'après les estimations officielles, et faire du Brésil l'un des grands pays exportateurs de brut.

Dans un discours au commandement de la marine en juin, la présidente Dilma Rousseff a souligné que le renforcement de cette force qui inclut la construction du premier sous-marin à propulsion nucléaire, était un instrument clé de dissuasion.

En novembre, l'amiral Luiz Umberto de Mendonza, a assuré lors d'une audience au parlement qu'il fallait 117 milliards de dollars pour rééquiper la marine d'ici à 2030, pour l'acquisition de 20 sous-marins conventionnels, six sous-marins nucléaires et la création d'une seconde flotte sur la côte du Nord-est.

Ce chiffre n'est pas réaliste si l'on tient compte des 26% de coupure budgétaire cette année dans la défense, équivalent à huit milliards de dollars, a estimé During.

Et la Marine ne reçoit qu'un tiers de ce total, a-t-il ajouté.

Nous n'avons pas d'argent et la défense n'est pas une priorité au Congrès qui considère que le Brésil est un grand pays en paix sans conflits extérieurs, a-t-il souligné.

Eric Wertheim, analyste de l'Institut naval américain à Anapolis, a affirmé que le Brésil qui a une puissante économie et quelque 200 millions d'habitants (...) doit être capable de défendre ses gisements pré-salifères et de protéger la région amazonienne.

Le pays doit aussi être prêt pour un avenir imprévisible qui peut inclure des demandes comme escorter des navires marchands vulnérables aux attaques de pirates de l'autre côté du monde, a déclaré M. Wertheim.

La récente fuite de pétrole de l'américain Chevron au large des côtes de Rio de Janeiro montre aussi combien la marine est mal préparée à faire face à ce type d'urgence, a dit Nelson During.

La pièce maîtresse du renforcement de la marine est le programme ProSub dans lequel la France doit fournir quatre sous-marins Scorpène diesel-électriques et aider à développer les pièces non nucléaires du premier sous-marin à propulsion nucléaire brésilien.

Sauf le premier sous-marin qui devrait être prêt en 2016, tous les autres sont en construction, avec transfert de technologie, dans le chantier naval de Itaguai (Etat de Rio).

Le Brésil détient la technologie pour produire de l'uranium enrichi pour l'énergie nucléaire.

Après des retards à répétition, le sous-marin nucléaire de 2,6 milliards de dollars ne devrait être prêt que vers 2025n selon l'expert brésilien, mais va donner une crédibilité à l'ambition brésilienne de devenir um membre permanent du Conseil de sécurité de l'Onu.