23/01 Par Bruno Trevidic et Alain Ruello – LesEchos.fr
Une réflexion est engagée sur l'intérêt d'adopter la marque la plus connue du groupe. Le nouveau plan stratégique sera dévoilé au printemps.
Et si EADS devenait Airbus ? Plusieurs fois évoquée par le passé, cette éventualité est actuellement l'objet d'une intense réflexion au sommet du groupe d'aéronautique et de défense, dans la perspective du nouveau plan stratégique qui sera dévoilé par son PDG, Tom Enders, au printemps. Aucune décision ne serait encore arrêtée, mais le maintien de la marque EADS ou son remplacement par celle d'Airbus, universellement connue, est clairement dans la balance. « Nous examinons les avantages et les inconvénients ; à ce stade, c'est équilatéral », indique-t-on de source proche du dossier. Outre le manque de notoriété de la marque EADS en comparaison de celle de sa filiale, le choix du nom Airbus serait cohérent avec la nouvelle donne stratégique du groupe. Comme l'ont reconnu Tom Enders et le directeur général délégué, Marwan Lahoud, l'échec du projet de fusion avec BAE, ajouté à la réduction des budgets militaires en Europe et aux Etats-Unis, ont signé le glas du plan Vision 2020 de Louis Gallois. Ce plan ambitionnait de rééquilibrer les activités civiles d'Airbus par le développement de celles de défense et de sécurité. « Une stratégie est bonne si elle est exécutable. Sans BAE, les objectifs de Vision 2020 ne sont que des voeux pieux », déclarait récemment Marwan Lahoud aux « Echos » (le 15 janvier 2013).
Par ailleurs, comme l'ont vérifié les dirigeants d'EADS lors de nombreuses rencontres avec les analystes et les gestionnaires de fonds, ces derniers mois, Airbus reste le seul véritable centre d'intérêt des actionnaires d'EADS. Au point qu'une action Airbus, délestée des autres activités du groupe, serait probablement autant valorisée que celle d'EADS.
Le même réalisme face à la prépondérance d'Airbus avait déjà motivé la décision de Tom Enders d'établir le siège opérationnel d'EADS à Toulouse. Installé provisoirement dans un immeuble proche de l'aéroport, rue du Grouped'Or, en attendant la construction d'un nouveau bâtiment, ce nouveau siège héberge déjà une soixantaine de cadres, au moins quelques jours par semaine, sur les quelque 600 personnes du siège parisien de la rue de Montmorency.
Le nouveau plan stratégique devrait donc prendre acte de la prépondérance durable d'Airbus au sein d'EADS, en abandonnant l'objectif d'un rééquilibrage des activités civiles et militaires et en se recentrant sur la croissance de l'avionneur et des autres activités civiles, notamment dans les services.
Pas question, pour autant, de se délester des activités de défense, contrairement à ce que pouvait laisser craindre la réflexion stratégique en cours sur l'avenir de Cassidian. « EADS gagne de l'argent dans la défense, même si la rentabilité peut encore être améliorée. Le groupe figure au troisième rang européen et a des perspectives de croissance dans ce domaine », affirme-t-on au sein d'EADS.
Chiffre d'affaires en hausse
Comme l'a indiqué Tom Enders, les résultats de Cassidian, comme ceux des autres divisions du groupe (Airbus, Astrium et Eurocopter), seront conformes ou supérieurs aux prévisions pour 2012. Au global, le chiffre d'affaires est attendu en hausse de 10 %. Plutôt que de procéder à des coupes franches ou de rebattre les cartes, le futur plan stratégique s'attachera donc à améliorer la rentabilité des différentes activités, avec un objectif de retour sur ventes (Ebit sur chiffre d'affaires) d'au moins 10 %.
Il faudra toutefois patienter quelques mois avant de pouvoir en prendre connaissance. Tom Enders devra d'abord le soumettre au nouveau conseil d'administration d'EADS, issu de la nouvelle gouvernance. Et ce nouveau conseil, en cours de sélection, ne sera pas en place avant fin-mars, début avril.