17/10/2011 Alain Ruello – LesEchos.fr
Avec la crise budgétaire, le marché de la sécurité ralentit mais reste toujours porteur. Le Salon Milipol, qui démarre mardi, met en avant de nombreuses innovations, notamment dans la vidéosurveillance.
Un robot « exosquelette » pour manipuler les charges lourdes, une caméra indétectable qui voit à travers les murs de jour comme de nuit, une veste pare-balles stoppant aussi les armes blanches, ou encore un éthylotest biométrique capable de relever en même temps les empreintes digitales... La crise n'entame pas la capacité d'innovation des professionnels de la sécurité, comme en témoigne le foisonnement de nouveautés présentées au Salon Milipol, le grand rendez-vous mondial du secteur qui ouvre ses portes mardi à Paris. Etats, entreprises, collectivités et services publics continuent d'investir, même si les rythmes des dépenses passés ne sont plus de mise.
Signe d'un certain ralentissement après une décennie de croissance à plus de 10 % par an, le marché mondial de la sécurité au sens large n'a progressé que de 5,5 % en 2010, pour atteindre 420 milliards d'euros, selon le cabinet En Toute Sécurité. Le millésime 2011 s'annonce meilleur, avec une croissance attendue de 7,5 %.
Etats-Unis, Chine et pays du Golfe restent de gros consommateurs d'équipements et de prestations de services. Si l'on ajoute la succession d'événements prévisibles ou non - jeux Olympiques, catastrophes naturelles, émeutes urbaines -, on comprend pourquoi le marché résiste à la morosité ambiante. En France, après un recul historique en 2009, la profession a renoué avec le sourire l'année dernière, avec un chiffre d'affaires de 19,7 milliards d'euros (+ 2,1 %). La rentabilité des sociétés s'est toutefois dégradée et la création d'emplois marque le pas.
Protection des grandes infrastructures ou des frontières
Globalement, le contexte reste positif même si « la profession n'est pas complètement sortie de la crise », confirme le préfet Alain Rondepierre, le président de Milipol. Le contexte ? Il a évidemment beaucoup changé depuis le 11 septembre 2001. Avant les attentats, rappelle Patrick Haas, directeur d'En Toute Sécurité, c'était relativement simple : des groupes terroristes ou des mouvement de guérilla s'attaquaient à des cibles (représentations d'une entreprise à l'étranger ou personnalités politiques) bien identifiées. Avec Ben Laden, changement d'échelle, puisqu'il s'agit désormais de frapper le plus de monde possible.
Même si certains experts estiment qu'elle a été surestimée, la menace terroriste reste une constante, beaucoup plus diffuse et invisible désormais. Au lieu de ne protéger que quelques bâtiments, les Etats sont obligés depuis dix ans de penser globalement, pour sécuriser gares, aéroports, monuments historiques... Conséquence, « les méthodes et les systèmes ont complètement changé, faisant la part belle aux télécommunications, à l'informatique et à l'ingénierie », poursuit Patrick Haas.
Jouant sur leur savoir-faire en matière de grands programmes d'armement, les grands groupes de défense comme EADS, Raytheon ou Finmeccanica, se sont rués vers cette mine d'or que constitue le marché de la protection des grandes infrastructures ou des frontières. C'est aussi pour eux un moyen de compenser des dépenses militaires flageolantes dans les pays occidentaux.
Et ce qui vaut pour la lutte contre le terrorisme vaut pour quasiment tous les autres segments du marché. Police scientifique, lutte contre tous les types de trafic, prévention des risques majeurs : la sécurité est devenue un métier où l'on manipule des technologies toujours plus sophistiquées. Une aubaine pour les PME innovantes. Certains logiciels de vidéosurveillance, par exemple, permettent de détecter automatiquement dans une foule une personne recherchée, même grimée !