Le Rafale - photo Sirpa Media
16 novembre 2011 TF1 News
Les Emirats Arabes Unis ont estimé mercredi que la proposition de Dassault pour son avion de combat Rafale était "non compétitive et irréalisable", marquant apparemment un blocage dans la négociation.
Alors que Dassault et les Emirats Arabes Unis négocient depuis des années la vente de 60 avions de combat multirôle Rafale, en service dans l'armée française mais jamais vendu à l'étranger, le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohamed ben Zayed, jette un pavé dans la mare. "Malheureusement, il semble que Dassault ne réalise pas que la volonté politique et tous les efforts diplomatiques ne peuvent pas faire passer des conditions commerciales non compétitives et irréalisables", a-t-il déclaré mercredi. Pourtant, a-t-il souligné lors d'une tournée au salon aéronautique de Dubaï, "la France a fait tout son possible aux plans diplomatique et politique pour conclure la transaction" et "Dassault était en tête de nos considérations à la lumière du suivi personnel par le président Sarkozy" de l'affaire. Silence radio du côté de Dassault après cette sortie du prince héritier...
En visite dimanche sur ce même salon aéronautique, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, s'était pourtant montré confiant sur la conclusion de la vente avant la fin de l'année, alors que Paris multiplie les efforts diplomatiques pour convaincre Abou Dhabi de remplacer par des Rafale les 60 Mirage 2000-9 que l'armée de l'air des Emirats possède déjà. Gérard Longuet, faisant le point sur l'avancement des négociations, avait ajouté que les Emirats n'insistaient plus pour que le chasseur soit équipé de nouveaux réacteurs. Il avait assuré que les Emiratis avaient vu à l'usage que les 7,5 tonnes de poussée de chacun des réacteurs ne l'empêchaient pas de remplir ses missions de reconnaissance, de combat aérien ou d'appui au sol.
Rafale vs Eurofighter : les données du match
Les Emirats avaient cependant mis la pression sur Dassault en demandant une offre à son rival Eurofighter, une nouvelle qui avait fait l'effet d'un coup de théâtre à l'ouverture dimanche du salon de Dubaï. Abou Dhabi avait demandé au Royaume-Uni, qui utilise l'Eurofighter, de l'informer des capacités de ce chasseur et cette réunion d'information s'était tenue le 17 octobre. Les Emirats avaient ensuite demandé au constructeur européen de fournir une offre concurrente. Mais cette nouvelle n'émeut pas la partie française : "Les négociations continuent, il n'y a pas d'échec", a déclaré une source française, pour qui ce genre de déclaration "fait partie de la négociation". "Les EAU essaient de mettre l'Eurofighter dans la bouclepour négocier le prix", a-t-elle expliqué. "On est touspersuadés que le Rafale, utilisé en Libye et en Afghanistan, est un excellent avion". Le cours du titre Dassault Aviation a perdu 7,06% mercredi à la Bourse de Paris.
Et pour cause : alors que le Rafale n'a jamais décroché un contrat à l'exportation, les Emirats Arabes Unis apparaissent encore aujourd'hui comme son marché le plus prometteur. Le Rafale comme l'Eurofighter peuvent faire valoir leur expérience au combat en Afghanistan mais surtout en Libye. Ce sont des Rafale qui ont ouvert les hostilités contre les forces du colonel Mouammar Kadhafi le 19 mars. Au total, ils ont mené 2000 sorties pendant le conflit, selon l'état-major français. Les Eurofighter, construits par un consortium international (Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne) et conçus à l'origine comme des chasseurs, ont mené en Libye leurs premières missions d'attaque au sol, en tandem avec les Tornado de l'armée britannique. Les deux avions devaient faire des démonstrations au salon aéronautique de Dubaï, qui se tient jusqu'à jeudi.
Les deux appareils sont aussi en compétition en Inde, où leurs offres commerciales pour 126 avions de combat sont actuellement à l'examen. Ils cherchent également à remporter un contrat de 22 appareils en Suisse, où le Gripen du groupe suédois Saab est également dans la course. Le Rafale cherche aussi à s'imposer au Brésil, contre le Gripen et le F/A-18 SuperHornet de Boeing.