15 janvier 2013 Par Frédéric Parisot - Usinenouvelle.com
A l’occasion d’une conférence sur les perspectives du secteur spatial pour les années à venir, les représentants de l’ESA, du CNES et du Gifas ont tous mis l’accent sur l’importance de développer l’excellence industrielle dans la filière.
Les principaux acteurs de l’industrie spatiale française étaient réunis ce mardi 15 janvier à Paris afin de partager leur vision des enjeux du secteur spatial pour les années à venir. Tous ont tenu à rappeler les décisions prises lors du Conseil ministériel de l’ESA en octobre dernier, au cours duquel les pouvoirs publics ont alloué 10 milliards d’euros de financements aux différents programmes européens. "La filière a obtenu des réponses pour la plupart de ses interrogations, se félicite Jean-Jacques Dordain, directeur général de l’Agence spatiale européenne (ESA). La décision de fabriquer Ariane 6 a été prise, et il s’agit maintenant de la concevoir de telle manière qu’elle soit compétitive face à la concurrence. A cela s’ajoute la nécessité de créer des synergies pour fabriquer simultanément Ariane 5 ME et Ariane 6 pendant la période 2018-2022. Pour ces raisons, l’organisation industrielle est un élément indispensable et nos travaux au cours des six prochains mois seront concentrés sur cet aspect."
Pour Jean-Paul Herteman, Président du Groupement des industries françaises Aéronautiques et spatiales (Gifas), les industriels du spatial devront apporter leur lot d’innovations pour réussir à s’imposer sur un marché de plus en plus concurrentiel. En effet, outre la montée en puissance de nouveaux acteurs comme la Chine ou l’Inde, il faut maintenir une capacité d’innovation suffisante pour rivaliser avec les américains qui investissent six fois plus d’argent que l'Europe dans leurs programmes spatiaux. "Il est indispensable de faire évoluer l’appareil productif européen pour aller vers plus de simplicité et d’efficacité", indique le président du Gifas.
Des plates-formes de travail pour les PME
Plusieurs pistes sont évoquées pour assurer la compétitivité de l’industrie spatiale française, qui représente à l’heure actuelle 13 000 personnes et un chiffre d’affaires global de 3,5 milliards d’euros. Au sein du CNES, l’optimisation de processus est déjà une seconde nature. "Malgré une augmentation de l’activité, nous n’avons cessé de diminuer nos frais de fonctionnement depuis 2003, ce qui nous a permis d’investir davantage dans la recherche", explique Yannick d’Escatha, le PDG du CNES. Mais le Centre travaille néanmoins sur divers moyens de faire monter en compétence les différents acteurs de la filière. "Nous souhaitons mettre l’accent sur la création et la promotion de standards, afin que les entreprises puissent créer des synergies entre elles, poursuit Yannick d’Escatha. Surtout, il nous faut renforcer le tissu des PME françaises. Ces dernières ont besoin de plates-formes sur lesquelles travailler, et nous travaillons avec les différents pôles de compétitivité pour gérer ces plates-formes."
Enfin, les industriels qui attendaient de signer des contrats avant d’investir dans leur outil de production se sont vus rassurés. Une réunion de politique industrielle a eu lieu au sein de l’ESA le 9 janvier dernier. Des ordres d’approvisionnement viennent d’être lancés pour les prochains lanceurs, pour leurs propulseurs d’appoints et pour le futur véhicule d’exploration MPCV (Multi-Purpose Crew Vehicule, un projet commun avec la NASA). "Les contrats industriels vont donc pouvoir être édités dans les prochains jours", indique Jean-Jacques Dordain.