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5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 17:20

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05.12.2012 par Audrey Garric - altminds.blog.lemonde.fr

 

Ouragan Sandy aux Etats-Unis, tsunami au Japon ou éruption de l'Eyjafjöll en Islande : la multiplication des catastrophes naturelles pourrait-elle s’expliquer par l’action volontaire de l’homme ? Ces cataclysmes seraient-ils délibérément provoqués par l'armée à des fins politiques ? Depuis plusieurs d’années, ces théories du complot, abondamment colportées sur Internet, suggèrent que le climat peut être manipulé à des fins hostiles, dans le cadre de guerres stratégiques ou tactiques.

 

Si ces assertions relèvent davantage d’extrapolations alarmistes de groupes d'intérêts divers que de réelles opérations menées par les états-majors militaires, une évidence s'impose cependant : le concept de guerre environnementale ou plus précisément climatique (Environmental Warfare, en anglais) existe depuis longtemps dans le jargon militaire.

 

Guerre climatique


Dès les années 1950 aux Etats-Unis, des rapports ou déclarations officiels reconnaissent l'intérêt militaire des techniques de modification des conditions climatiques. « L'intervention dans le domaine atmosphérique et climatique (...) se déploiera à une échelle aujourd’hui difficile à imaginer. Cela interférera dans chaque relation de pays avec tous les autres, plus fortement que la menace de l’arme nucléaire ou que toute autre guerre pourrait le faire », déclarait ainsi le mathématicien américain John von Neumann, à l'apogée de la guerre froide, en 1955.

Pendant la guerre du Vietnam, des techniques d'ensemencement des nuages, à l’aide d’iodure d’argent, sont notamment utilisées par l’armée américaine entre 1967 et 1972 dans le cadre de l’opération Popeye. L'objectif : provoquer des pluies et donc prolonger la saison des moussons afin d’entraver les mouvements des troupes ennemies le long de la piste Hô-Chi-Minh.

 

Alors que les Etats-Unis et la Russie se livrent à une course scientifique pour maîtriser le climat et la météo, l’ONU décide de légiférer. En 1977, la Convention Enmod, ratifiée par l'Assemblée générale des Nations unies, interdit d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles. Est visée « toute technique pour changer, grâce à une manipulation délibérée des processus naturels, la dynamique, la composition ou la structure de la terre, y compris ses biotes, sa lithosphère, son hydrosphère et son atmosphère, ou de l'espace intersidéral ».

 

Programme Haarp


Si les publications de travaux décroissent, les recherches, elles, se poursuivent. Alors que se développe aux Etats-Unis une Revolution in Military Affairs censée adapter les forces armées à leurs missions du XXIe siècle, un nouveau projet, de très grande ampleur, voit le jour : le programme américain Haarp (High Frequency Active Auroral Research Program).

 

Sur un site du département américain de la défense à Gakona, en Alaska, l'US Air Force et l’US Navy entreprennent ainsi, en 1990, de faire construire une station de recherche composée de 180 antennes et 360 émetteurs radio. L’objectif annoncé : comprendre les mécanismes complexes qui gouvernent la ionosphère, région de la haute atmosphère, et étudier son impact sur les communications longues distances.

Mais pour les amateurs de théories du complot, Haarp est bien plus que cela. « D'un point de vue militaire, Haarp est une arme de destruction massive, qui opère à partir de l'atmosphère externe et qui est capable de déstabiliser des systèmes agricoles et écologiques partout dans le monde » et de « griller les avions dans le ciel », assure Michel Chossudovsky sur le site conspirationniste Mondialisation.ca.

 

En réalité, si la création de Haarp remonte bel et bien à l'époque de la guerre froide, où les sous-marins américains et soviétiques rôdaient dans les mers profondes et nécessitaient des moyens de communication améliorés, la base a vu ses objectifs redéfinis depuis l’éclatement de l’Union soviétique, comme l’explique une étude publiée dans la revue scientifique Nature.

 

Les Etats-Unis ont tout d’abord pensé à l’employer afin d’étudier les moyens de contrer l'explosion d'un missile nucléaire dans l'atmosphère. L'idée consistait à envoyer des particules qui accéléreraient la chute des radionucléides vers l'atmosphère inférieure. Mais en 2006, un groupe de scientifiques a conclu que toute tentative pour remédier à des rayonnements nucléaires était irréaliste et risquait, de surcroît, de provoquer un black-out des ondes radio à haute fréquence, perturbant les communications et la navigation. Après de multiples remaniements, poursuit la revue américaine, Haarp se consacre désormais à l’étude de phénomènes scientifiques dans la ionosphère, comme les processus qui provoquent des aurores boréales ou le rayonnement des éruptions solaires.

 

Géo-ingéniérie


Car pour la communauté scientifique, la manipulation du climat s’avère à la fois malaisée et dangereuse, qu’elle ait des fins militaires ou mêmes civiles, à savoir ce que l’on appelle la géo-ingéniérie – modification de l’équilibre énergétique de la Terre pour lutter notamment contre le réchauffement climatique. « On a par exemple découvert que si on dissipait des nuages au dessus de l’Atlantique-Sud, on pourrait provoquer des sécheresses en Amazonie du fait d’une circulation atmosphérique modifiée. De même, si on envoyait des aérosols dans la stratosphère pour refroidir le globe, cela affaiblirait probablement la mousson et réduirait les précipitations nécessaires à la survie alimentaire de millions de personnes en Afrique, en Inde et en Chine », explique Alan Robock, professeur en climatologie à l’université Rutgers du New Jersey.

 

D’autant que ces connaissances sont encore non maîtrisées. « Nous n'avons pas une connaissance du climat suffisante pour savoir comment l’influencer à un endroit particulier sans affecter d'autres endroits, de sorte qu'il serait difficile de nuire à un adversaire sans nuire à vous-même ou à vos alliés, prévient Ken Caldeira, expert de l’atmosphère à l’Institution Carnegie de Washington. Par ailleurs, le projet ne pourrait pas être tenu secret et l'infrastructure nécessaire, comme une flotte d’avions ou de navires, serait vulnérable à une attaque. »

 

« Si un pays manipulait actuellement le climat, il y aurait des preuves dans la stratosphère que nous observerions par satellites, comme par exemple de petites éruptions volcaniques ou des nuages qui se désagrègent, confirme Alan Robock. En bref, les armes climatiques n’existent pas. »

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