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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 19:45

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21 janvier Par Olivier Berger, grand reporter à La Voix du Nord. - Défense globale

 

La Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) s'ébranle (ici à Bamako, une compagnie de l'armée nigériane, photo AFP). Enfin. Dans l'urgence, après des mois de négociations diplomatiques au sein de la Cédéao.

 

La France a répondu à l'appel à l'aide du gouvernement malien. Mais elle attend avec impatience de passer le relais, au moins en première ligne, à la force africaine qui doit monter à 2 000 hommes d'ici le 26 janvier, comme à l'armée malienne qu'il reste à former.

 

Reste à financer et à organiser cette fameuse MISMA... Surtout qu'il s'agit de " la reconquête totale du Mali ".

 

La dialectique en cours du côté français est très précise. Il s'agit de mettre systématiquement en avant les troupes de l'armée régulière malienne, notoirement désorganisées et mal équipées. Pourtant, ce lundi, quand il s'agit d'évoquer les reconquêtes de Diabaly et Douentza, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, choisit soigneusement ses mots : " Cette avancée de l'armée malienne vers les villes tenue par leurs ennemis constitue une réussite militaire certaine pour le gouvernement de Bamako et pour les forces françaises, intervenant en soutien dans ces opérations. "

 

Des phrases soigneusement choisies pour ne pas froisser le Mali, par peur de voir revenir des accusations sur la douteuse " Françafrique ", de laisser la porte de sortie ouverte si les événements contraires devaient durer. Donc, on résume : les soldats maliens avancent ; ce sont leurs ennemis ; les Français ne sont qu'en soutien. Ce qui est probablement très éloigné de la réalité du terrain.

 

Très rapidement d'ailleurs, 450 mentors de l'Union européenne (dont 200 Français environ de la 9e BIMA et de la 3e BM, brigade mécanisée) doivent débuter EUTM Mali (European Union training mission), la mission de formation des forces maliennes. Un peu tard au regard des événements...

 

En sera-t-il de même avec la force africaine, la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali) ? Première chose, les pays de la Cédéao (Communauté européenne des Etats d'Afrique de l'ouest) ressentent enfin l'urgence, reconnue samedi à Abidjan au cours de la dixième réunion sur le cas malien.

 

" L'opération Serval n'a pas la vocation de se substituer à la MISMA "

 

Les phrases sont là aussi importantes et pleines de sens. Laurent Fabius, présent à Abidjan, a affirmé : " L'opération Serval n'a pas la vocation de se substituer à la MISMA. " Le chef de l'Etat ivoirien et président en exercice de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de la Cédéao, Alassane Ouattara, conclut : " Une guerre aujourd'hui nous est désormais imposée. " Les tergiversations africaines cessent face à la nécessité.

 

Des assurances occidentales sur le financement de l'entreprise, un des enjeux majeurs, ont dû être levées. Un budget annuel, évalué entre 180 et 375 millions d'euros, pour la MISMA est déjà évoqué. La plupart des pays participants a cette force n'ont pas les moyens financiers de pourvoir aux besoins... Une conférence des donateurs aurait lieu le 29 janvier à Addis-Abeba (Ethiopie) sous l'égide de l'Union africaine. Une réunion ministérielle du groupe de soutien international et de suivi sur la situation au Mali se réunira le 5 février à Bruxelles.

 

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Sur le terrain, on accélère avec l'augmentation du contingent prévu initialement (5 800 militaires pour la MISMA contre les 3 300 annoncés), la nomination d'une structure de commandement. Le général nigérian, Shehu Oumar Abdulkadir (photo AFP du 15 janvier face aux chefs d'état-major de la Cédéao), dirigera la MISMA, avec son adjoint, le général Yaya Garba du Niger. Le chef d'état-major sera le colonel sénégalais, Jean-Paul NTab.

 

Pour l'instant, à Bamako, on ne compterait qu'un peu plus de trois cents soldats de cette force africaine. L'objectif est d'en présenter 2 000 d'ici au 26 janvier.

 

Huit nations ouest-africaines ont officialisé leur engagement : Bénin (650 hommes au lieu de 300), Togo (100 arrivés sur 750), Nigeria (200 arrivés sur 1 200, au lieu de 900), Sénégal (500 hommes), Burkina Faso (500), Niger (500), Guinée (120), Ghana (120). La Côte d'Ivoire, en prise avec ses soucis internes, ne devrait dépêcher qu'un bataillon logistique.

 

Le Tchad, deuxième force après la France

 

Le Tchad, qui ne fait pas partie de la Cédéao, a lui frappé fort en promettant 2 000 hommes, spécialisés dans le combat en terrain sahélien. Deux cents soldats des forces spéciales sont déjà au Niger qu'ils épauleront pour contrôler la frontière. Le président tchadien Idriss Déby ne mégote pas : " C'est une projection sur 3 000 km. Donc, je ne peux pas m'amuser à envoyer une petite unité, pas capable à elle seule de se défendre, de faire donc sa mission. "

 

Ajoutons que la Mauritanie, qui ne fait pas non plus partie de la Cédéao, ne s'engage pas officiellement dans la coalition internationale. Mais elle aura fort affaire pour contrôler ses frontières avec le Mali. Même chose à une échelle gigantesque pour l'Algérie au nord qui a promis de fermer sa frontière pour contrer un éventuel repli des groupes armés.

 

Le général (2S) Jean-Claude Thomann, un ancien de l'infanterie de marine et grand connaisseur de l'Afrique, reste circonspect sur l'efficacité de la MISMA qui doit, sur la durée, gérer l'affaire malienne, avec le soutien de l'armée française (selon les termes de la résolution 2085 de l'ONU) : " Que ce soit l'Afrique qui gère, on en est très loin. "

 

Il ne remet pas en cause la valeur au combat de certaines troupes, comme les Nigériens, les Tchadiens ou les Sénégalais (ajoutons le Nigeria, une grande puissance africaine et militaire, qui lutte déjà contre la secte islamiste Boko Haram dans son propre pays). " S'il n'y a pas une intervention d'état-major avec des structures sophistiquées comme celles des armées occidentales, ce sera un vrai problème. "

 

La France, comme nation cadre par la force des choses, devrait là aussi jouer un rôle déterminant pour donner du liant et de l'efficacité collective à cette MISMA. " Nous ferons comme dans toute coalition, comme avec les Américains ou les Britanniques. Nous serons là pour faciliter l'interopérabilité avec un détachement de liaison, des passerelles entre les commandements et les capacités ", assure le général Clément-Bollée, commandant de la force terrestre. Voilà qui est diplomatiquement bien enrobé.

 

Un centre de coordination des opérations de la MISMA va être mis en place. Une équipe de planificateurs de l'armée française devrait y prendre toute sa place.

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