Marine nationale. Les priorités du grand patron

photo Marine Nationale

04 octobre 2011 propos recueillis par Stéphane Jézéquel - Le Telegramme

Intense activité, nouveau format, navires en fin de vie, lutte contre les pollueurs... Le nouveau patron de la Marine, l'amiral Bernard Rogel, est entré dans le vif du sujet, hier, à l'occasion de sa première visite officielle à Brest. C'est un chef d'état-major serein et disponible, ravi du travail accompli ces derniers mois par la Marine, qui s'est présenté hier à Brest, les cinq étoiles sur la manche.

 

Les théâtres d'opération n'ont pas manqué, ces derniers mois, pour la Marine...
On a beaucoup parlé de la Libye où la Marine, dans toutes ses composantes, a montré qu'elle était capable de répondre à ce qu'on lui demandait. Il ne faut pas non plus oublier les déploiements en Côte d'Ivoire et en Afghanistan, qui ont participé àune année opérationnelle des plus chargées.

Ces événements ne justifient-ils pas la construction d'un second porte-avions?
Il faut appréhender la question dans le contexte plus global de l'effort de la France. Il faut composer avec les capacités budgétaires et veiller à ce qu'un projet de cette envergure ne se fasse pas au détriment des autres armes. Bien entendu, le chef d'état-major que je suis soutient cette construction. Mais je dois aussi veiller à ne pas mettre en danger les autres capacités de notre armée.

Cela signifie-t-il que le projet PA2 est abandonné?
Nous continuons à étudier sa faisabilité, en dehors de la dynamique britannique qui a repoussé son projet jusqu'en 2020.

Quel est le dossier qui vous tient le plus à coeur?
Ils sont nombreux mais la phase de réforme des armées qui nous concerne actuellement est importante. Nous devons aller de l'avant, nous sommes au milieu du gué. Il faut négocier au mieux cette phase de transition. Il faut réussir cette phase de transformation des armées et les réformes profondes et attendues qui sont nécessaires.

Un autre sujet à traiter en priorité?
Je serai tout aussi attentif sur la phase de déconstruction des navires. Le problème est compliqué puisqu'il est à la fois financier, environnemental et sentimental pour les marins qui restent attachés à leurs bateaux. Le travail de fond réalisé sur les prochaines unités à traiter va bientôt porter ses fruits. Des navires comme le Bouvet, à Lorient, ne vont pas tarder à partir en démolition.

Après de récents revers, la traque aux bateaux pollueurs s'impose-t-elle encore avec autant de moyens?
Habitant et passant le plus clair de mon temps libre à Portsall, je ne peux être que très sensible àla problématique. Malgré les revers infligés par l'État du pavillon, la surveillance doit continuer sans relâche. Le nombre de procédures est en baisse et prouve que nos efforts ne sont pas vains.

Après une scolarité complète à Brest, Bernard Rogel est entré en 1976 à l'École navale. Il a commandé trois sous-marins avant de servir au sein de différents états-majors.