11 Juillet 2011 par Jean-Dominique Merchet – SECRET DEFENSE
Une certaine fatigue gagne parfois l'équipage du porte-avions Charles-de-Gaulle, il n'y a rien d'étonnant à cela. Le dernier numéro de Cols bleus consacre un dossier aux "marins en opérations" dans lequel on apprend, au travers de cas individuel, que l'équipage vient de passer 220 jours en mer au cours des neuf derniers mois, soit plus de 31 semaines sur 39. Au cours des deux dernières années, le bateau a été à la mer 373 jours - donc plus de la moitié du temps. C'est beaucoup et même les terriens (et leurs familles), qui savent ce que c'est de passer six mois, dans une base opérationnelle avancée en Afghanistan, le reconnaitront.
Résultat : le moral a parfois des coups de mou, comme en témoigne le blog du bord - sur lequel s'exprime les familles - et qui a du être suspendu puis sérieusement modéré. Techniquement, le bateau donne entière satisfaction et, sur le plan de l'équipage, une partie du personnel est relevée cet été - comme il l'aurait dû l'être si le bateau était à Toulon. Ce qui n'est pas très simple...
Combien de temps tout cela durera-t-il ? "Un certain temps" répond le chef d'état-major des armées, l'amiral Guillaud. "Je suis canonnier et je vous fais la même réponse que lorsqu'on nous demande combien de temps met le tube du canon pour refroidir...", dit-il. Le seul impact sera "la rapidité de la régénération" du Charles-de-Gaulle, après la guerre de Libye. "On fait les opérations, après on verra" assure-t-il, quelque peu agacé par les remarques du chef d'état-major de la marine sur le potentiel. Citant André Maurois, le Cema ironise : "Vivement la fin de cette guerre qu'on puisse refaire de belles manoeuvres" !
Le Charles-de-Gaulle n'est pas le seul bâtiment très sollicité. Cols bleus (1) assure qu'actuellement 7000 marins sont actuellement déployés, soit le double de l'ordinaire (voir notre post sur le sujet ). Sans compter le soutien dans les bases et les ports.
(1) Le capitaine de vaisseau Dominique de Lorgeril signe son premier éditorial. Nouveau chef du Sirpa, cet ancien pilote d'hélicoptère, s'était présenté aux dernières élections cantonales. Sa carrière n'en a visiblement pas pâti.