30/11 LesEchos (Reuters)
La France pourrait ramener sa participation avec droits de vote dans EADS de 15% à 12%, arrivant ainsi à parité avec l'Allemagne, dans le cadre d'un nouveau pacte entre Paris, Berlin et Madrid, a-t-on appris de sources proches du dossier.
Les 3% seraient placés dans une fondation aux Pays-Bas, ont précisé les sources.
La France, l'Allemagne et l'Espagne détiendraient ainsi 29,5% du capital du groupe d'aérospatiale et de défense, se maintenant en dessous du seuil de 30% qui nécessiterait le lancement d'une offre sur l'ensemble du groupe selon la législation des Pays-Bas où EADS est enregistré.
Madrid conserverait ses 5,5% dans le groupe.
Selon des experts juridiques, loger une participation de 3% dans une structure spécifique permettrait à la France d'éviter une cession politiquement délicate vis-à-vis de l'Allemagne.
EADS s'est refusé à tout commentaire.
Selon Le Figaro, le président François Hollande, qui suit le dossier personnellement, ne veut pas être accusé d'avoir cédé aux exigences allemandes ou d'avoir bradé le patrimoine industriel français.
En Bourse à Paris, l'action EADS a accru ses gains après ces informations. Elle gagnait 1,84% à 25,76 euros à 16h24, les investisseurs attendant avec impatience le règlement des questions d'actionnariat d'EADS.
Issu de la création d'EADS en 2000, le pacte d'actionnaires actuel respecte parfaitement l'équilibre franco-allemand. Du côté français, l'Etat et Lagardère détiennent respectivement 15% et 7,5% du capital. Du côté allemand, le constructeur automobile Daimler possède 15% du capital et un consortium de sept banques allemandes (Dedalus) les 7,5% restants.
"UN CERTAIN DÉSENGAGEMENT"
Pour parvenir à 12% du capital, l'Allemagne achèterait 7,5% au consortium Dedalus et 4,5% à Daimler, selon certaines sources. Le constructeur automobile cèderait 3% sur le marché.
Lagardère et Daimler conserveraient ainsi chacun 7,5% du capital mais en dehors du pacte, leur laissant la possibilité de sortir au moment opportun, ont précisé ces sources.
Daimler négocie déjà une vente d'une partie de ses actions à la banque publique allemande KfW. Quant à Arnaud Lagardère, patron du groupe éponyme et président du conseil d'administration d'EADS, il a déclaré qu'il était "plus que probable" que son groupe vende sa participation en 2013.
François Hollande a déclaré le 23 novembre que le pacte d'actionnaires d'EADS allait être revu dans les prochaines semaines. Il a tenu ce propos à l'issue d'un sommet européen au cours duquel la France et l'Allemagne ont discuté de l'actionnariat du groupe.
Le syndicat FO-Métaux s'est inquiété jeudi d'un "certain désengagement" de l'Etat français dans EADS.
"L'Etat français, fort actuellement de ses 15%, doit continuer de revendiquer une place essentielle dans le capital d'EADS", a écrit le syndicat dans un communiqué. "Un désengagement, même partiel, constituerait un mauvais signe quant à la préservation des intérêts français, actuels et futurs."