Exemple réussi de l'usage des citadelles, la reprise du MV Montecristo par les forces britanniques et américaines (crédit : Royal Navy)
20 octobre 2011 par Nicolas Gros-Verheyde (BRUXELLES2)
Encore un niveau record pour la piraterie dans le monde avec 352 attaques enregistrées depuis le début de l’année, selon la dernière statistique du bureau maritime international ; les pirates somaliens étant à l’origine de plus d’une attaque sur deux (199 à compaer aux 126 de la même période en 2010)… Leur audace ne faillit pas. Avec l’attaque et la prise d’un tanker chimique ancré dans le port d’Oman, nul désormais ne peut se prétendre à l’abri dans tout l’Océan indien.
L’action des « Navy » et des recommandations, efficace, malgré tout
Malgré tout, explique le BMI, il y a eu moins de captures de bateaux que l’année passée : 24 au lieu de 35 pour la même période en 2010. Soit un taux de « réussite » de 12% en baisse par rapport à 2010 (28%). Un bon résultat qui s’explique par l’action des différentes forces anti-piraterie déployées dans la région. « Les marines doivent être félicitées de leur excellent travail ; elles sont une force vitale pour déjouer et dissuader les activités pirates » explique le Capitaine Mukundan du BMI dans un communiqué. La bonne application des BMP (les bonnes pratiques) est aussi mise en valeur, notamment l’usage du dispositif de « citadelles », permettant en cas d’attaque à l’équipage de se réfugier dans un lieu sûr à l’intérieur du navire et donc aux forces armées de pouvoir tenter un assault sans risque de dégâts collatéraux ou de prises d’otages. La libération rapide du navire italien Montecristo il y a quelques jours n’a ainsi été permise que parce que l’équipage était en lieu sûr.
Ce bilan pourrait paraître positif. C’est oublier que les pirates ont pris en otage durant ces neuf mois, 625 personnes. 8 marins ont été tués et 41 blessés.
Signal rouge pour l’Afrique de l’Ouest
Ce qui est inquiétant est l’irruption dans ces statistiques de l’Afrique de l’Ouest. Les pirates locaux semblent avoir le vent en poupe avec 19 attaques dont 8 réussies sur des tankers cette année, à comparer avec un 0 incidents en 2010. Les pirates, souvent violents, ont un objectif différent : la cargaison. Ils ordonnent « au capitaine de se diriger vers une destination discrète où ils volent les biens à bord du navire et son chargement, avant de relâcher le navire » explique le BMI. Le démarrage de patrouilles communes entre le Bénin et le Nigeria pourrait être une solution.
Le Conseil de sécurité saisi de la situation dans le Golfe de Guinée
Phénomène dont le Conseil de sécurité de l’ONU s’est saisi. Mercredi, Ban Ki Moon a lancé un appel pressant aux Etats de la région afin de développer une « stratégie intégrée et globale pour combattre la piraterie maritime ». « La menace augmente car la plupart des Etats du golfe (de Guinée) ont des capacités limitées pour sécuriser le commerce maritime, la liberté de navigation, la protection des ressources marines et la sauvegarde et la sécurité des vies et des biens » a expliqué le secrétaire général de l’ONU lors de la réunion.
Une mission d’évaluation – comprenant des experts du DPKO (opération de maintien de la paix), de l’UNODC (criminalité et drogues) et de l’Organisation maritime internationale – partira dans la région le mois prochain pour examiner les mesures à prendre. Elle devrait agir en étroite « consultation » avec les « gouvernements de la région, l’Union européenne et d’autres partenaires internationaux », précise le communiqué de l’ONU (lire ici). Ban Ki Moon a lancé un appel aux Etats membres de l’ONU pour soutenir les opérations anti-piraterie déjà engagées par certains pays. La France et les USA sont présents notamment. La Russie a promis son aide. Du coté de l’Union européenne, on « examine »…
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