13 Mai 2011 Nabil Bourassi (Easybourse.com)
L'Elysée veut redéployer les portefeuilles d'actifs de ces deux entreprises. L'objectif est de maximiser leurs positions sur certains métiers de la Défense, de la sécurité et de l'aéronautique. Le patron de Thales continue pourtant à faire de la résistance, avec le soutien de Dassault Aviation...
L’Etat ne relâche pas la pression sur Luc Vigneron, PDG de Thales. A défaut d’avoir obtenu sa tête, le gouvernement le presse de participer avec beaucoup plus d’entrain au projet de redéploiement des activités de défense, de sécurité et d’aéronautique entre son entreprise et Safran. Sous l’œil de l’Elysée, Alain Juppé a mis les pieds dans le plat dès son arrivée au ministère de la Défense en affichant davantage de fermeté face à l’ex-Thomson CSF. Pour le gouvernement, il s’agit de maximiser des activités jugées stratégiques et sensibles en les réunissant sous une même structure. Après tout, l’Etat est actionnaire à hauteur de 27% de Thales et son interventionnisme industriel est un des piliers de la tradition politique française, à l'image de Safran qui est issu de la fusion entre Sagem et Snecma en 2005. Mais Dassault pèse 26% du capital de Thales et a usé de sa grande influence pour sauver la tête de M. Vigneron très décrié y compris en interne.
Des paniers bien garnis mais déséquilibrés
Les pourparlers ont ainsi repris et les deux groupes ont d’ores et déjà répertorié les activités à échanger. D’après Les Echos, Safran pourrait se séparer de son optronique (système alliant optique et électronique dans des applications militaires) et de ses drones, deux branches où il est leader en Europe. Le quotidien financier croit également savoir que les autodirecteurs de missiles infrarouges pourraient aller chez MBDA, un fabricant de missiles, filiale d’EADS, Bae Systems et Finmeccanica. Thales, de son côté, apporterait sa navigation inertielle à Safran qui est déjà numéro un en Europe sur cette activité. Il est également question d’un transfert des appareils d’intégration de commandes de vol de petits avions. Enfin, le groupe ajouterait ses activités de biométrie dans le panier. Safran renforcerait alors ses positions dans les équipements aéronautiques et dans la biométrie, deux métiers où il a acquis des positions mondiales, voire de numéro un sur certains métiers.
Pour Safran, il n'est pas question d'accepter un échange d’actifs déséquilibré, or la balance est pour le moment largement en faveur de Thales. Et celui-ci rechigne à lâcher son avionique ou à signer un chèque pour solder la différence. Luc Vigneron peut compter sur Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation, pour défier l’Etat-actionnaire. Mais il devra tôt ou tard lâcher du lest car pour vendre son Rafale à l’étranger, Dassault Aviation a absolument besoin du soutien de l’Elysée. Pour Thales, à l’heure où les prises de commandes se réduisent comme peau de chagrin, l’heure n’est pas non plus à s’aliéner l’Etat-client…