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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 07:55

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EUFOR Freighter by rockcohen

 

18 octobre 2011, par Andrea Tomelleri (Membro della GFE, sezione di Verona), traduit par Jonathan Boureau - taurillon.org

 

Au vu de l’actualité récente au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la création par l’Europe à 27 d’un organisme communautaire de sécurité ( terme actuellement préféré à celui de défense) apparaît comme plus que nécessaire. Cependant, il est difficile de rencontrer une série de principes partagés par tous les pays sur ce thème. Afin de résoudre ce problème, la mise en place d’une coopération renforcée entre quelques pays pourrait être une bonne solution. Peut-être la seule d’ailleurs.

 

Bon, il faut toutefois admettre que l’entreprise n’est pas simple. Un premier problème de taille existe : l’opposition à un tel projet des deux pays susceptibles d’assumer un leadership absolu dans le domaine militaire, c’est à dire le Royaume-Uni et la France. Tous deux souhaitent maintenir en l’état leur capacité militaire et la puissance qu’elle leur offre sur la scène internationale. Si l’on pense ensuite aux nouveaux États membres originaires de la zone d’influence soviétique, ils ne présentent pas non plus les meilleurs conditions pour développer un tel projet. A cause de leur faiblesse militaire, ils ne pourront participer à une force armée européenne sans avoir à améliorer leur équipement, pour l’aligner sur celui des autres forces militaires nationales. Mais pour cela, un soutien important des pays les plus avancés serait nécessaire. Toujours parmi les derniers États à avoir rejoint l’UE, d’autres, comme la Pologne, craignent de devoir montrer leur « nouveau visage ». Ils se sont engagés dans des politiques de réarmement, affichant ainsi un lien fort avec l’OTAN et les États-Unis, lien qui peut apparaître pour un pays adhérant à l’Union Européenne.

 

Finalement, les pays intéressés par la création d’une force d’autodéfense européenne sont peu nombreux. Ceux en capacité d’occuper un rôle de premier plan le sont encore moins. Parmi les pays intéressés au projet, on pourrait citer les républiques baltes, la Pologne, la Roumanie ou encore la Grèce. Les dangers sont plus importants pour ses pays de part leur proximité géographique avec la super puissance russe ou le bouillant Moyen-Orient. A ces pays pourraient s’en ajouter d’autres avec une situation plus centrale en Europe, des pays qui pourraient être attirés par une force armée européenne et par les avantages apportés par un tel système de défense moderne, rapide et efficient.

 

Il est nécessaire qu’un État assume un rôle de leader pour un tel projet. Ce ne peut être l’Allemagne déjà en difficulté avec sa force militaire nationale. La pays de Goethe, engagé dans la transformation de l’armée d’appelés en une armée de métier, rencontre actuellement d’importantes difficultés au niveau bureaucratique, et doit se livrer à d’immenses dépenses pour adapter ses vieilles structures à la nouvelle réalité. L’Espagne de son côté n’a pas présenté d’avancées militaires importantes ces dernières années, notamment en matière de nouvelles technologies, si bien que l’armée espagnole est vieille et inadaptée à la direction d’une force armée européenne, force qui devra être agile, moderne et surtout présenter un haut niveau de développement technologique.

 

Ainsi, l’unique pays pouvant candidater à ce rôle de leader serait l’Italie. Malgré ses quelques imperfections avérées, l’Italie a déjà démontré son intérêt pour ce projet en développant des campagnes de communication au niveau européen, en participant aux missions du contingent EUFOR ou en développant une politique industrielle de défense orientée vers le marché européen (Eurofighter est un exemple de cette direction prise par l’industrie italienne).

 

Ceci dit, un deuxième obstacle doit être pris en compte : la grande diversité des armements en Europe. A cause des événements historiques qu’a connu l’Europe au fil des siècles, comme la guerre froide dernièrement, ce continent est probablement l’un des lieux sur la planète qui présente la plus grande densité en armement de quelque type que ce soit. Avec un regard superficiel, au vu de l’objectif poursuivi, cet « embarras du choix » pourrait apparaître comme un avantage ! Mais en réalité, le fait que presque chaque État dispose de ses propres industries de guerre amène au moins deux critiques : 1) comment convaincre un pays de renoncer à ses propres produits à la faveur de ceux d’une autre nation ? 2) dans le cas de la constitution d’une force communautaire, des problèmes vont se présenter à cause de la non homogénéité et même de l’extrême hétérogénéité des armes et des moyens en possession des différents signataires. On peut ici utiliser l’exemple du fusil d’assaut, dont plusieurs modèles sont aujourd’hui utilisés par les armées européennes (au moins 11 selon l’auteur).

 

Après avoir présenté sommairement les points précédents, je propose une solution à mon avis sensée puisqu’elle présente un compromis entre la pratique et l’utilité pour les gouvernements adhérents d’un côté et les normes communautaires en la matière de l’autre.

 

Comme je l’ai déjà expliqué, la coopération renforcée semble l’unique moyen de créer une force armée européenne. Cela apparaît comme une solution agile, car elle permet à un petit groupe d’États de s’unir dès que des bases communes auront été trouvées. D’autres États pourront bien sûr s’ajouter ensuite au premier groupe, afin d’élargir progressivement le nombre et la force de cette armée européenne. L’avantage pour les membres d’une telle organisation paraît clair. Sans compter que la création d’une force armée européenne devrait privilégier la recherche et la maintien de la paix, ce qui pourrait contribuer au retour d’un équilibre qui s’est dissipé au fil des années.

 

Le chapitre le plus intéressant concerne, et ce n’est pas rien, « la pratique ». Que peuvent avoir en commun les systèmes de défense et les armées de ces pays, a priori militairement bien différents ? Réponse : les armes. La réponse semble banale, insignifiante, mais elle pourrait remplir les conditions nécessaires au démarrage d’un projet. Avec le nouveau millénaire, de nombreux pays ont réuni leurs propres industries de guerre en consortiums continentaux. Ces consortiums ont, en peu de temps, terrassé la concurrence et conquit les marchés européen et américain, jusqu’à s’infiltrer en Asie, en Océanie ou encore au Moyen-Orient.

 

Les exemples de telles associations sont nombreux. En construction navale, l’Italie et la France ont collaboré à la construction de nouveaux destroyers (les classe horizon) et d’une classe de frégates (voir FREMM). L’Italie collabore également avec l’Allemagne à la construction d’un sous-marin à propulsion hybride diesel-hydrogène (voir U 212). Au niveau aéronautique et aérospatial, les collaborations sont si nombreuses que je n’en citerais que quelques-unes : la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne se sont associées pour l’avion de combat Eurofighter ( voir EUROFIGHTER F2000 TYPHOON). Le consortium Airbus développe également un nouvel avion cargo qui servira aux armées anglaise, espagnole, française, italienne, allemande, belge, turque et luxembourgeoise (Airbus A400 military). Les projets de ce type sont encore nombreux. La collaboration entre l’Italie et l’Allemagne se ressent également pour la production d’armes (voir panzerhobish 2000 et VTMM) ; de plus, les succès des armes à feu de production italienne et belge ne sont plus à démontrer avec le Beretta arx160 et le FNH scar pour n’en citer que deux.

 

Pourquoi cet inventaire ? Pour montrer que depuis au moins cinq ans, les équipements des forces armées de quelques pays européens sont de plus en plus similaires. Voilà un point crucial pour la création d’une force armée européenne : réunir sous une égide unique des pays hétérogènes sous tous les points de vue est difficile. Mais si ces pays ont quelque chose en commun, la situation se simplifie ; et il est plus facile d’intégrer dans un unique corps les pilotes de la Grande-Bretagne, d’Italie, d’Allemagne, d’Espagne et d’Autriche (et peut-être d’autres dans un futur peu lointain) sachant qu’ils volent, s’entrainent et combattent sur les mêmes appareils. Le même raisonnement peut être tenu avec les marins et les fantassins qui utilisent les mêmes fusils, blindés ou hélicoptères dans plusieurs pays européens. Ainsi, à côté des nécessités particulières de chacun, voici un point commun, un point de départ. Les pays qui possèdent des armements communs, à divers titre, sont : l’Italie, la Grande-Bretagne, l’Espagne, la Belgique, la Hollande, le Danemark, la Pologne, l’Autriche, le Portugal, l’Irlande, la Grèce parmi les membres actuels, et hors de l’Union l’Albanie et la Turquie. La liste est longue, surement plus longue que ne l’aurait imaginé le lecteur avant de lire ce texte.

 

Pour poser la première pierre, réaliser l’acte constitutif d’une réalité future que j’ai appelé Force d’Autodéfense Européenne (en vertu du prévoyant article 11 de la Constitution italienne « L’Italie répudie la guerre comme […] moyen des controverses internationales »), mais que d’autres plus illustres ont défini comme Force d’intervention rapide européenne (voir D.Moro), il ne faut pas attendre l’intervention de la Providence, ni un changement de la situation politique française qui rendrait le pays plus « sensible » à ces problématiques. Non, l’unique chose à faire serait de « resserrer les liens », intensifier les acquisitions d’armes communes et inciter les gouvernements et les Forces armées nationales à augmenter les entrainements associant plusieurs armées comme les échanges entre les différents corps. Cela permettra d’unir toujours plus des pays qui ont vu assez de troupes détruites sur leur sol et qui, pour cela, s’engageront pour ne pas revivre de guerre à l’intérieur de leurs frontières.

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