Le Gripen suédois n’a été autorisé à participer qu’à des opérations de renseignement en
Libye. ©Forces armées suédoises / Lasse Jansson
03 avril 2013 par: Romain Mielcarek - ActuDéfense
La Libye a été la première opération aérienne de l’armée de l’air suédoise depuis le Congo en 1961. Cette mission a aussi été le baptême du feu du Gripen. Retour sur l’engagement du chasseur polyvalent de Saab.
Chauvinisme oblige, nous nous sommes beaucoup, en France, intéressés aux résultats du Rafale ou du Mirage en Libye. Ce théâtre d’opération a pourtant été le lieu d’une étrange rencontre entre trois chasseurs de dernière génération, concurrents sur quelques uns des principaux marchés des années à venir : le Rafale, l’Eurofighter et le Gripen. C’est sur le cas de ce dernier que nous allons nous pencher.
Le JAS 39 Gripen, en Libye, ce sont quelques 2000 heures de vol réalisées par huit appareils. Les Suédois ont participé en tout à 650 sorties au cours desquelles les pilotes se sont concentrés sur un effort de renseignement, réalisant près de 150 000 clichés. 140 militaires ont été mobilisés sur la base de Sigonella, en Sicile, directement aux côtés des Américains. L’engagement suédois a commencé le 8 avril et s’est terminé le 24 octobre 2011.
L’armée de l’air suédoise déployait pour la première fois depuis près de 50 ans des avions de combat sur un théâtre opérationnel. Elle ne l’avait pas fait depuis son intervention au Congo belge en 1961. La réactivité a été d’autant plus remarquable que les premiers équipages ont commencé à travailler moins d’une semaine après le vote favorable du Parlement, début avril 2011.
Pour le lieutenant-colonel Stefan Wilson, qui commande les forces aériennes, le bilan opérationnel est positif. Il insiste notamment sur la capacité des suédois à travailler au sein d’une coalition internationale, sous commandement de l’OTAN. En effet, si la Suède n’est pas membre de l’Alliance, elle est régulièrement amenée à travailler avec les armées de l’air de celle-ci. En Libye, c’est plus directement avec les Américains et les Danois qu’elle a collaboré. L’officier s’estime ainsi satisfait de l’usage fait des liaisons OTAN L16, sur lesquelles les Français ont eu quelques soucis, ainsi que de l’intégration dans la chaîne de commandement.
Panne d’essence
Le Gripen suédois vole avec une catégorie de carburant civil qui demande quelques ajustements par rapport
au carburant militaire utilisé par les Américains. ©Saab Group
Tout n’a cependant pas été parfait. Les Suédois ont notamment souffert de leur incapacité à assurer leur propre soutien essence. Ils ont du pour cela compter sur les capacités de l’US Air Force … qui n’utilise pas le même combustible. Le temps d’ajouter les additifs nécessaires au gazole américain, les Suédois ont perdu quelques jours.
On pourrait aussi regretter de ne pas en avoir découvert plus sur les capacités du Gripen dans des missions de combat. L’avion suédois, dont le mandat parlementaire ne permettait que de faire de la reconnaissance, participait ici à sa première opération. Alors qu’il est sensé concurrencer, comme appareil multirôles, des engins comme le Rafale ou l’Eurofighter, il n’aura pas pu démontrer toutes ses possibilités.
Reste à observer les nombreux exercices aériens multinationaux auxquels participe l’avion de Saab. Les amateurs pourront regarder du côté du colossal Red Flag, organisé aux Etats-Unis, ou des plus modestes Loyal Arrow en Suède et Joint Warrior en Grande-Bretagne. Le tout en attendant l’intégration de la bombe à guidage laser GBU 39 et du missile Meteor … d’ici quelques années !