1 déc, 2012 by Romain Mielcarek - ActuDefense
Le programme Scorpion relève t-il de la science-fiction ? Pas du tout : pour les militaires et pour les industriels, rien de moins concret, tout étant déjà faisable sur le plan technique. Reste à affronter les questions budgétaires, les appels d’offre et les délais de livraison.
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Le programme Scorpion affiche une ambition certaine. Des véhicules ergonomiques et mieux protégés, équipés d’une nouvelle électronique intelligente capable de communiquer avec les autres unités de la troupe, des soldats commandés en temps réel grâce à un suivi sur écran à tous les niveaux de commandement, des aéronefs et une artillerie capable de tirer sur une cible géolocalisée par un simple combattant … Autant de concepts qui semblent parfois proches de la science-fiction.
La plupart de ces équipements sont annoncés comme potentiellement opérationnels à court terme. Le VBMR est annoncé pour 2017, le Leclerc rénové pour 2019 et l’EBRC pour 2020. Encore plus proches, la nouvelle génération de systèmes d’information et de communication devrait commencer à armer les différentes armes de l’Armée de terre dans à peine trois ans.
Mais les industriels sont-ils capables de développer toutes ces nouveautés sur une période aussi courte ? Absolument, affirme t-on chez ceux qui travaillent d’ores et déjà sur l’ossature de Scorpion (Thalès, Nexter et Sagem) : concevoir ces équipements dans les délais prévus est faisable. Reste à attendre le Livre blanc, la capacité budgétaire attribuée au programme … et les appels d’offres officiels.
UN OUTIL DE SUIVI DES OPERATIONS DEJA BIEN ABOUTI
Preuve de la faisabilité de ces démarches : le LOCC. Le Logiciel Opérationnel de Conduite du Combat est un outil de suivi des opérations au niveau tactique qui peut afficher en temps réel l’intégralité des combattants, véhicules, unités sur le terrain. Les ennemis y sont affichés ainsi que les champs de vision, directions de déplacements des uns et des autres. Présent sous forme d’un double écran destiné au commandement de compagnie et supérieur ou sur une simple tablette tactique au niveau chef de section, il semble extrêmement fonctionnel et instinctif.
Le LOCC a pu être testé grandeur nature, au Cenzub, cet été. Le 8ème RPIMa et le 1er REC, notamment, ont pu faire part de leurs premiers retours sur cet outil. La synthèse de ces résultats, encore en cours de compilation, sera ensuite remise aux industriels. Une fois l’appel d’offre remporté, il ne restera plus qu’à ajuster le système aux demandes des militaires puis à en livrer différentes versions destinés aux différents niveaux de commandement.
INQUIETUDE DEVANT LES BUDGETS
Dès lors qu’il faut parler de budgets, militaires et industriels font grise mine. Les uns et les autres sont actuellement face au doute : les crédits attribués à la finalisation des différentes composantes de Scorpion et à l’achat des matériels seront-ils à la hauteur ? Tous affirment que les équipements visés seront livrés grosso-modo dans les délais annoncés : le parc matériel de l’Armée de terre est confronté à un tel niveau d’usure qu’il est urgent de pouvoir le remplacer.
Reste que si le budget n’est pas à la hauteur, il faudra bien une variable d’ajustement. Si elle ne sera probablement pas calendaire, elle pourrait en tout cas s’appliquer aux volumes de commandes. Les 2000 pièces du VBMR un temps évoquées relèvent désormais du fantasme. Sans pouvoir évaluer le nombre de véhicules auxquels il faudra renoncer, ce chiffre et tous les autres devraient être revus largement à la baisse.
Photos : Thalès et Sirpa Terre