26/02/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr
Les Emirats Arabes Unis souhaitent s'équiper de deux satellites d'observation. Les groupes tricolores Astrium et Thales Alenia Space font de la résistance face aux Etats-Unis.
Guerre des sables entre Français et Américains aux Emirats Arabes Unis. Astrium et Thales Alenia Space (TAS), qui font cause commune dans cette compétition, ne désarment pas face à la nouvelle proposition de Lockheed Martin. Et pour cause, le montant de ce contrat est supérieur à 500 millions d'euros. Selon des sources concordantes, le groupe américain qui a fait une nouvelle offre technique très intéressante aux Emirats pour remporter un appel d'offre portant sur la fourniture de deux satellites d'observation, ont obligé les deux groupes français à réviser leur proposition sous la pression des Emiratis, très opportunistes pour demander une nouvelle offre aux constructeurs tricolores. Initialement, Astrium et TAS étaient pourtant les favoris d'un premier appel d'offre pour la fourniture de deux satellites d'observation ayant une résolution de 50 cm face à Raytheon, qui était 20 % plus cher, selon nos informations.
Mais l'irruption de Lockheed Martin a changé complètement la donne. Le groupe américain a vu un contrat annulé par la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA), une agence du département de la défense des Etats-Unis qui a pour fonction de collecter, analyser et diffuser le renseignement géospatial en utilisant l'imagerie satellite. Avec un satellite fabriqué sur les bras, le groupe américain a sauté sur l'opportunité de le proposer aux Emirats. D'autant que ce satellite - Digital Globe - a une résolution de 34 cm, bien supérieure à celle proposée dans le cadre du premier appel d'offre. Washington s'est également mis au service de son industrie en signant avec Abu Dhabi un accord intergouvernemental régissant les conditions d'utilisation du satellite.
Réaction française
Les Français ont été forcés à réagir face à cette nouvelle proposition, qui a rebattu les cartes. Demandé par les industriels depuis plusieurs mois, un accord intergouvernemental, exigé par les Emiratis, a finalement été signé par la France. Lors de son passage aux Emirats la semaine dernière au moment du salon de défense IDEX, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a paraphé à la satisfaction des Emiratis cet accord avec le prince héritier, Cheikh Mohammed bin Zayed Al Nahyan. Et il a convenu de revenir aux Emirats avec une nouvelle offre française définitive et engageante six semaines après.
Aujourd'hui, Astrium et Thales Alenia Space, qui se sont chamaillés pour tirer les prix au plus bas mais sont condamnés à travailler ensemble sous la vigilance de Paris - l'Etat a été très clair, il veut une offre commune - , sont actuellement en train de travailler sur une nouvelle offre technique améliorée pour se remettre au niveau de celle de Lockheed Martin. Ce qui n'est pas du tout irréalisable pour les deux partenaires. Deux solutions sont actuellement étudiées. Soit dégrader une version d'un satellite de type Helios, soit augmenter la performance d'un satellite de type Pléiades.
La France en bonne position
La France n'a pas perdu la compétition. Loin de là. L'offre française sera au moins au même niveau que celle de Lockheed Martin même si elle sera réévaluée au niveau du prix par rapport à la première offre en raison de son amélioration technique. D'autant que des développements non récurrents seront facturés. Les deux partenaires sont d'ailleurs en train de définir un produit générique qui sera ensuite proposé à l'export. Comme quoi les exigences émiraties ont du bon... Enfin, les conditions d'utilisation des satellites américains sont tellement strictes qu'elles ne devraient pas satisfaire les Emiratis. Celles de Paris sont beaucoup plus souples.