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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 08:45

Chief Test Pilot VBS armasuisse flies Gripen EF test aircra

 

7. novembre 2012 - Par Urs Geiser, swissinfo.ch

 

La controverse sur l’achat par la Suisse de nouveaux avions de combat devrait encore durer un certain temps. Un regard dans le rétroviseur permet de constater que pratiquement tous les projets similaires ont profondément divisé et ont été hautement contestés.

 

Alors que le Conseil fédéral (gouvernement) s’apprête à présenter son projet de programme d'armement, qui inclut l’achat de 22 avions de combat Gripen pour la somme de 3,1 milliards de francs suisses, le ministre de la Défense subit de plus en plus le feu des critiques.

 

Et ce ne sont pas seulement les groupements pacifistes et les partis de gauche qui rendent la vie dure à Ueli Maurer. Une commission parlementaire, divers groupes de pression, des pilotes de l’armée de l’air, la plupart des médias et même les présidents des principaux partis du centre ont abondamment critiqué la procédure d’évaluation et le choix porté sur le Gripen suédois par rapport aux autres concurrents en lice.

 

Toutefois, les débats houleux qui entourent l’achat des avions du groupe suédois Saab ne doivent pas faire oublier que l’histoire de l’aviation suisse est parsemée d’embûches et de scandales depuis sa création il y a près de 100 ans. Ces controverses ne sont d’ailleurs en aucun cas une particularité helvétique, souligne Roman Schürmann, auteur d’un livre sur l’histoire de l’aviation militaire suisse.

 

«Pratiquement toutes les acquisitions d’avions de combat ont tourné au mélodrame. Elles ont mené à des discussions épiques au niveau politique, dans les médias et au sein de la population», affirme Roman Schürmann, qui est également journaliste pour l’hebdomadaire de gauche alémanique Wochenzeitung.

 

Beaucoup d’argent

 

Les montants très importants en jeu et l’implication émotionnelle des acteurs sont les principales raisons qui expliquent la récurrence de ces polémiques. L’aviation militaire et ses prouesses techniques fascine une partie de l’opinion publique, estime le journaliste. «Mais plus que cela, ce sont les facteurs économiques et financiers, tout comme le contexte politique, qui ont toujours joué un rôle-clé».

 

En préparant son livre, Roman Schürmann a été surpris de constater à quel point l’argent avait été crucial à l’heure de prendre la décision politique d’achat, ceci au détriment des stratégies militaires. Et pas seulement à gauche de l’échiquier politique. «L’aspect financier a toujours eu la priorité et l’acquisition du Gripen ne fait pas exception à la règle», relève-t-il.

 

Professeur émérite d’histoire à l’Université de Lausanne, lui-même ancien pilote de l’armée de l’air, Hans-Ulrich Jost résume l’histoire des achats d’avions de combat à «des mélodrames populaires qui tiennent le public en haleine pour un certain temps».

 

Il souligne également la confusion qui a de tout temps régné entre le pouvoir politique et militaire, notamment dans le courant des années 1960. «On ne peut pas s’empêcher d’être impressionné par la naïveté, l’ignorance factuelle et la confusion conceptuelle des protagonistes», affirme l’historien. Dix ans plus tard, des divergences d’opinion mèneront également à l’annulation d’un contrat pour l’achat d’avions de chasse américains Corsair.

 

Débuts difficiles

 

Dès les premières tentatives, en 1913, l’acquisition d’avions de combats fut parsemée d’embûches.  A la veille de la Première Guerre mondiale, une collecte nationale permet de récolter suffisamment de fonds pour l’achat d’une dizaine d’avions de combat. Mais la totalité de l’argent est finalement dilapidée dans les frais de voyage et les vols d’essai. 

 

En 1929, lorsque la Suisse acquiert effectivement ses premiers avions de combat, l’émotion est vive. Certes, les coûts d’acquisition suscitent quelques débats, mais les syndicats en particulier manifestent leur enthousiasme à la perspective des créations de postes de travail engendrées par l’assemblage de l’avion français sous licence en Suisse.

 

L’achat des Messerschmitt allemands durant la Deuxième Guerre mondiale fut hautement contesté. Quant à la tentative suisse de construire son propre avion de combat, elle se termina abruptement à la fin des années 1950, mettant fin au rêve d’une industrie de l’aviation militaire similaire à celle de la Suède, autre pays affichant fièrement sa neutralité. 

 

A l’époque, le Conseil fédéral fut contraint de retirer une commande de près de 100 machines P-16 auprès d’une société privée de Suisse orientale. La décision – au plus grand regret de nombreux passionnés de l’aviation – fut prise suite au crash de deux prototypes dans le lac de Constance. «Il devint alors évident que la construction d’avions militaires était trop coûteuse pour un petit pays comme la Suisse», affirme Roman Schürmann.

 

Le scandale du Mirage

 

Le coup d’éclat le plus spectaculaire fut cependant enregistré lors de l’achat des Mirage français au début des années 1960. Des dépassements massifs de budget conduisirent à une réduction importante des commandes et finalement à la démission du ministre de la Défense.

 

«Le scandale des Mirage a eu un impact au-delà de l’histoire militaire. Une politique plus réaliste remplaça dès lors le concept de forces militaires dotées d’un potentiel offensif», explique Roman Schürmann. Le scandale entraîna également une réforme du système d’acquisition. «Le processus d’évaluation est devenu plus transparent et professionnel», affirme le journaliste. Hans-Ulrich Jost estime également que l’évaluation technique a été améliorée depuis cet épisode.

 

L’histoire militaire suisse a toutefois connu une exception, lors de l’achat de 160 Hawker Hunter britanniques à la fin des années 1950. Ils ont pu être acquis sans grande contestation et pour un prix relativement modeste. «Il s’agissait d’un avion robuste qui convenait relativement bien au contexte suisse», explique Hans-Ulrich Jost.

 

Un ministre imperturbable

 

Aujourd’hui, le ministre de la Défense Ueli Maurer semble imperturbable à toute critique concernant le choix du Gripen. Au cours d’une conférence de presse organisée en marge d’une visite aux divisions blindées de Thoune au mois d’août, Ueli Maurer a patiemment défendu le Gripen, affirmant qu’il respectait toutes les exigences militaires.

 

«Il s’agit d’une solution suisse pragmatique et elle nous permet d’utiliser efficacement l’argent des contribuables», a-t-il déclaré. Se référant à l’histoire aérienne suisse, Ueli Maurer a souligné que toutes les procédures d’évaluation avaient pris un certain temps.

 

Roman Schürmann estime que les controverses des 18 derniers mois ne vont pas disparaître d’un seul coup. «Les débats s’embraseront à chaque fois que la question reviendra sur la table, et le battage médiatique va se poursuivre jusqu’à un éventuel vote populaire. Mais je ne pense pas que cela atteindra le niveau des polémiques qui ont entouré l’achat du Mirage, du F/A18 dans les années 1990 ou encore du P-16».

 

(Traduction de l’anglais: Samuel Jaberg)

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