L'essentiel. A la manœuvre diplomatique depuis des mois sur le dossier malien, tout en assurant qu’il n’engagerait pas de troupes au sol ni même de pilotes de bombardiers, Paris s’est décidé, vendredi, à entrer en action.
La situation s’était brusquement détériorée, ces derniers jours, avec l’avancée vers le sud et Bamako des groupes islamistes qui contrôlent le nord du pays. Cette région est depuis avril 2012 un sanctuaire pour les groupes islamistes armés dont Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine et le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest).
La France compte 6.000 ressortissants dans la région de la capitale malienne Bamako.
Pour le Mali, la France s’est engagée seule jusqu'à présent avec des moyens aériens - et peut-être terrestres - non précisés. Washington a indiqué étudier l’hypothèse de participer à l’opération avec des drones et des avions sans pilote pouvant être dotés de missiles. Plusieurs Etats d’Afrique de l’Ouest ont aussi autorisé l’envoi immédiat de troupes.
18h15. L’Algérie exprime son soutien «sans équivoque» aux autorités de transition maliennes et condamne fermement «les attaques des groupes terroristes» contre des régions du centre du Mali, déclare le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, à la veille d’une visite prévue dimanche à Alger du Premier ministre malien, Diango Cissoko.
17h55. François Hollande réunira à l’Elysée un nouveau Conseil de défense, à 15 heures dimanche, au surlendemain du début de l’intervention de l’armée française au Mali pour repousser les groupes islamistes armés progressant vers le sud du pays.
17 heures. Le Niger annonce l'envoi de 500 soldats au Mali.15h45. Le Burkina Faso va déployer un bataillon de 500 hommes. Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour l’Afrique de l’Ouest.
15h30. Le Premier ministre britannique, David Cameron, salue l’intervention militaire française au Mali, se disant «profondément inquiet de l’avancée récente des rebelles qui élargit le champ d’action des groupes terroristes». «Cette évolution montre la nécessité de faire urgemment des progrès pour faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU au Mali et s’assurer que l’intervention militaire est menée parallèlement à un processus politique inclusif qui conduit à des élections» dans ce pays du Sahel, ajoute-t-il dans un communiqué.
15 heures. François Hollande préside à l'Elysée le conseil de Défense consacré au Mali. Y participent les ministres Jean-Yves Le Drian (Défense), Laurent Fabius (Affaires étrangères), Manuel Valls (Intérieur), le chef d'état-major des armées, Edouard Guillaud, et le secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale, Francis Delon. A l'issue de la réunion, le Président doit prononcer une brève allocution, puis rencontrera le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à 19 heures pour évoquer la position européenne sur l’intervention au Mali.
14 heures. Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a remercié François Hollande pour l’intervention militaire de la France. Les deux dirigeants ont fait «un point précis sur les opérations militaires». Le président malien a reporté sa visite à Paris prévue initialement mercredi. Hollande a également eu, ce matin, un nouveau contact téléphonique avec le président de la Cédéao, Alassane Ouattara, qui lui a confirmé que les moyens de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest seraient mobilisés dans les meilleurs délais pour intervenir au Mali. Et le président du Niger, Mahamadou Issoufou, a appelé le chef de l’Etat français pour lui confirmer l’engagement prochain de ses troupes, selon l’Elysée.
13h35. L’armée malienne fait état d’«une centaine de morts» parmi les islamistes à Konna. Après y avoir mené, vendredi, une contre-attaque réussie avec l’aide d’alliés français l’armée malienne tente de reconquérir cette ville du centre du Mali située à plus de 700 km de Bamako, qui était tombée jeudi aux mains des jihadistes. Le lieutenant Ousmane Fané, de l'état-major de la région des combats, assure à l’AFP, contrôler «totalement la ville».
Des témoins joints par l’AFP affirment, de leur côté, avoir vu «des dizaines de corps» d’islamistes à Konna, «au moins 46» selon une source sécuritaire régionale. Un habitant a décrit des corps d’hommes portant des tuniques arabes et des turbans, mais aucun en uniforme militaire.
12h20. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, assure à la presse que l'intervention militaire française au Mali et l'opération commando de la DGSE menée en Somalie, qui se serait soldée par la mort de l'otage français, Denis Allex, sont «totalement déconnectées». «Il n'y a pas de lien, d'autant plus que l'intervention française au Mali n'était pas, comme vous le savez, programmée, développe-t-il. Aucun lien, malheureusement, une conjonction dans le temps.»
12h15. L'opération menée au Mali a été baptisée «Serval», du nom d’«un petit félin du désert», indique l'amiral Edouard Guillaud, chef d'état-major des Armées. Il précise qu’il y a un commandement au «niveau tactique», basé au Mali, et un «stratégique, à Paris, aux côtés du ministre de la Défense et du président de la République».
Midi. La France a mené vendredi des raids hélicoptères «contre une colonne terroriste» se dirigeant vers deux villes du sud du Mali. Au cours de cette opération, un soldat français a été mortellement blessé, annonce Jean-Yves Le Drian.
Il s’agit du lieutenant Damien Boiteux du 4e régiment d’hélicoptères de combat (RHC) de Pau qui a été évacué de la structure médicale la plus proche avant de succomber à ses blessures. Selon la Défense, il a été tué par un tir d’arme légère d’un combattant islamiste alors qu’il se trouvait dans un hélicoptère Gazelle. Ce raid, mené vers 16h vendredi, a permis, selon lui, «la destruction de plusieurs unités» terroristes et «stoppé leur progression».
Le ministre de la Défense explique par ailleurs à la presse que des unités françaises étaient déployées à Bamako, capitale du Mali, depuis la veille au soir, en particulier pour «assurer la sécurité de nos ressortissants». «Le renforcement [de ces unités] est en cours, et le dispositif devrait rapidement comporter plusieurs compagnies. Ce sont donc quelques centaines de soldats français qui sont engagés», complète le ministre.
11h55. François Hollande annule son déplacement à Marseille, compte tenu de la situation au Mali sur laquelle un conseil de Défense a été convoqué à 15h à l’Elysée.
11h55. L'armée malienne attaque les «dernières poches de résistance» des islamistes à Konna. «Les hélicoptères ont frappé les véhicules des jihadistes qui se sont dispersés dans la nature. L'armée nettoie la ville», raconte un source militaire malienne. Un membre de l'état-major de l'armée à Mopti, la plus grande ville de la région, commente: «Nous contrôlons la situation. Aujourd’hui, ça va être décisif.»
11h45. Le Nigéria annonce qu’il a envoyé au Mali une équipe technique de l’armée de l’air et le futur commandant de la force africaine engagée dans l’offensive. «Il ne s’agit pas de combattants, il s’agit d’une équipe technique», insiste le porte-parole de la présidence nigériane.
11h25. Dans une courte allocution télévisée depuis Matignon, Jean-Marc Ayrault souligne la nécessité de l’intervention française «pour stopper la menace terroriste». Le Premier ministre rappelle qu’il recevra lundi les présidents de l’Assemblée et du Sénat ainsi que les présidents de groupes politiques et ceux des commissions des Affaires étrangères et de la Défense des deux assemblées. «Dans le cadre de la Constitution, l’article 35 conduit le gouvernement à informer dans les trois jours le Parlement dans ce type d’intervention », dit-il.
11h05. Le président du comité de soutien à deux otages français enlevés au Mali en 2011 dit son soutien à l’intervention des forces spéciales. «On va me prendre pour un fou car le bilan (de l’opération en Somalie) est lourd (...) mais mon problème, c’est de me poser la question de ce qu’on peut faire. Je suis pour la diplomatie et le dialogue, mais a-t-on encore des possibilités de dialoguer avec Aqmi?», répond à l’AFP Pascal Lupart, qui préside le comité de soutien à Philippe Verdon et Serge Lazarevic (photo), enlevés le 24 novembre 2011 au Mali par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le sort des huit Français enlevés dans la zone par des groupes islamistes reste un sujet crucial.
7h35. L'épouse de Francis Collomp, enlevé au Nigéria le 19 décembre par un groupe islamiste, a reçu, vendredi soir, un appel du Quai d’Orsay. C’est la soeur d’Anne-Marie Collomp qui rapporte cet appel à l'AFP et fait part de l'«angoisse» de la famille. «Ma soeur a reçu un appel du Quai d’Orsay pour lui dire qu’il faut garder confiance et que son mari n’est pas au Mali. Elle était en pleurs quand elle m’a appelée pour me raconter cela.»
Francis Collomp, 63 ans, ingénieur travaillant pour l’entreprise Vergnet spécialisée dans les énergies renouvelables, a été enlevé dans le nord du Nigéria, le 19 décembre par une trentaine d’hommes armés. Le rapt a été revendiqué par le groupe islamiste Ansaru qui l’a justifié par la préparation d’une intervention militaire française au Mali. Le groupe «est sans doute en lien avec Aqmi (Al-Qaeda au Maghreb islamique) ou les groupes islamistes qui sont aujourd’hui au Mali», avait dit François Hollande après l’enlèvement.