22/11 Par Les Echos
L'an passé les commandes de l'Asie ont permis à la France d'exporter pour 6,5 milliards d'euros d'armes, en hausse de 27 % sur 2010, et de maintenir son rang au palmarès des pays exportateurs dans un marché où de nouveaux concurrents émergent. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, prépare un plan de soutien à destination des PME exportatrices.
La France tient song rang dans les ventes d'armes. Le pays a enregistré 6,5 milliards d'euros de prises de commandes en 2011, en progression de 27% par rapport aux 5,12 milliards de 2010, a annoncé le ministre jeudi de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Selon le rapport annuel au Parlement présenté par le ministre aux Commissions de la Défense et des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, la région Asie Pacifique a ainsi absorbé l'année dernière 42% des exportations françaises. L'Inde notamment a passé une commande de modernisation de ses 51 avions de combat Mirage 2000 et la Malaisie a commandé des équipements pour blindés, selon la Délégation générale de l'armement (DGA). Sur la période de cinq ans, le Moyen-Orient -Arabie saoudite et Emirats Arabes Unis en tête -a été la première destination des armes françaises, représentant 26% des commandes.
Avec 6,5 milliards d'euros de prises de commandes, la France, qui était quatrième en 2010, reste « parmi les cinq premiers exportateurs mondiaux ». Le ministre a plaidé pour le développement de « partenariats stratégiques » avec des Etats comme le Brésil et les Emirats arabes unis, où encore l'Inde, actuellement en négociation pour l'achat de 126 avions de combat Rafale. De 2006 à 2011, la France a maintenu cette quatrième place, derrière les Etats-Unis qui avaient 44% de parts de marché, la Russie avec 14%, le Royaume Uni 11%, et devant Israël, 5,5%; les autres gros exportateurs européens étant l'Allemagne (3,9%) et l'Italie (3,6%).
Mais nombre de pays émergents se profilent en futurs concurrents. « La Chine, le Brésil, l'Afrique du sud ou bien encore l'Inde aspirent à entrer dans le cercle des grands exportateurs ou prétendent à une autonomie industrielle, note le rapport. La Corée du sud, par exemple (affiche) un objectif de trois milliards d'euros (de prise de commandes) en 2012, ce qui lui permettrait de se positionner au sixième rang mondial ».
Faciliter l'export pour les PME
Les exportations d'armements sont un vecteur important pour l'industrie française. Le secteur de la Défense représente 165.000 emplois dans l'hexagone et un chiffre d'affaires de 16 milliards d'euros. Sur fond de baisse du budget de la Défense nationale qui devra économiser 5,5 milliards d'euros sur ses commandes, « les exportations contribuent à maintenir en France une base industrielle et technologique de défense dynamique, qui est une condition de son autonomie stratégique ».
M. Le Drian a également rappelé qu'il travaille à « l'élaboration d'un plan de soutien aux PME du secteur défense, avec un objectif de mise en oeuvre fin 2012 ». Celui-ci, qui porte surtout sur l'amélioration des dispositifs existants, prévoit notamment de simplifier les autorisations d'exportation d'armes pour les PME. Une décision qui répond à une demande des industriels, reformulée mercredi devant la commission de la défense de l'assemblée nationale. Christian Mons, président du Conseil des industries de défense, a également demandé devant la commission que l'armée de terre soutienne de façon plus efficace les industriels dans les démonstrations d'armements. Il a regretté de récentes « expériences malheureuses », où les démonstrations d'armes ont été confiées à des unités qui ne savaient pas s'en servir.
Si les exportations d'armes constituent un volet important de la politique de défense et de sécurité française, le gouvernement veut aussi insister sur la nécessité d'un contrôle rigoureux du commerce des armes. Le ministre présentera donc, d'ici à la fin de l'année, un projet de loi instaurant un régime d'autorisation préalable pour le courtage en matériel de guerre. Le député UMP Axel Poniatowski a souligné pour sa part que les exportations françaises représentaient « à peine 8% des exportations mondiales », loin derrière les Etats-Unis (44%) ou la Russie (14%), le Rafale n'ayant pas encore été vendu à l'exportation (voir encadré) et que « ça manque dans la balance ».
Ventes de Rafale à l'Inde : une réponse en 2013, selon Le Drian
Jean-Yves Le Drian espère que les négociations de Dassault Aviation avec l'Inde pour un contrat de 126 avions de combat aboutiront en 2013, consolidant ainsi le partenariat stratégique noué depuis 1998 entre Paris et New Delhi. Annoncées fin janvier, les négociations exclusives avec le constructeur français pourraient aboutir d'ici à la fin de l'exercice budgétaire qui court en Inde jusqu'à fin avril, selon des propos de l'ambassadeur indien à Paris rapportés par la presse début novembre. La campagne des élections législatives indiennes de 2014, qui devrait démarrer l'été prochain, pourrait compliquer les négociations pour un contrat aussi sensible que celui des avions de combat. Pour ce qui concerne le contrat au Brésil cette fois, le ministre brésilien de la Défense, Celso Amorim, qui a rencontré hier son homologue suédoise, Karin Enstrom, a indiqué mercredi qu'il espérait une décision « bientôt », sans préciser de date. Le processus de décision est en cours depuis plus de dix ans. Il concerne trois constructeurs : le Gripen NG du suédois Saab (SAAB-B.SK), le F/A-18 Super Hornet de l'américain Boeing (BA) et le Rafale de Dassault Aviation.