24 avril 2013 par François Danjou - questionchine.net
Le 16 avril dernier Pékin a publié son 8e Livre Blanc sur la défense. En Chine comme ailleurs l’exercice est ambigu. Tandis que le titre appelle à la transparence, le contenu ne l’est qu’en partie. Où qu’ils soient, les pouvoirs politiques n’entendent pas présenter la vérité objective de leur système de défense, avec leurs forces et leurs faiblesses, et encore moins dévoiler leurs secrets les plus sensibles. En réalité, les Livres Blancs sur la défense proposent toujours une image policée conforme à celle que les États entendent donner de leurs forces armées, à l’intérieur comme à l’extérieur.
Leur publication, avant tout politique, vise à affirmer la légitimité, la cohérence et l’efficacité des systèmes militaires destinés à mettre en œuvre la violence d’Etat face aux menaces identifiées, ainsi que les conditions et les modalités de son déclenchement. L’extrême sensibilité de leur objet induit nécessairement une part d’ombre plus ou moins vaste.
En Chine, où la culture militaire est enracinée dans les préceptes de Sun Zi, qui prônent l’ambiguïté, la déception et les approches obliques, les réticences à la transparence sont encore plus fortes qu’ailleurs. Elles sont renforcées par la persistance de faiblesses tactiques et technologiques, dont Deng Xiaoping disait lui-même qu’elles fondaient l’essentiel de l’opacité du système de défense chinois peu désireux de dévoiler ses lacunes.
Mais l’exigence de transparence est en Chine comme ailleurs le nouveau mantra du pouvoir soucieux de donner des gages de bonne gouvernance. C’est un fait, et l’APL a sacrifié à cette mode. Mais elle n’y consent qu’avec mesure et sans aller trop loin dans l’abandon des ambiguïtés. Ses révélations sont soigneusement calibrées, soit qu’elles concernent des informations déjà connues des experts, soit qu’elles viennent en appui d’une stratégie de long terme visant à réaffirmer le rôle crucial de sa dissuasion nucléaire et à contrôler complètement sa zone d’intérêt stratrégique immédiate.
Pour la première fois en effet le Livre Blanc communique la structure des forces stationnées dans les sept régions militaires, révèle les effectifs de l’armée de terre (850 000 h), de la marine (235 000 h, organisée en trois flottes du Nord, de l’Est et du Sud), de l’armée de l’air (398 000 h, implantés dans chaque région militaire), sans oublier la Seconde Artillerie.
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