24 mai 2013 à 16:52 Liberation.fr (AFP)
François Hollande a mis en perspective vendredi les grandes orientations du Livre blanc des armées, confirmant 24.000 nouvelles suppressions de postes d’ici 2019, et promis des propositions d’ici décembre pour renforcer la mutualisation des moyens de défense en Europe.
Dans une période de lourdes contraintes budgétaires, le président de la République a voulu tenir devant l’IHEDN (Institut des Hautes études de la Défense nationale) un discours de «sincérité» sur les choix budgétaires imposés par la crise dans ce Livre blanc qui lui avait été remis le 29 avril, a souligné son entourage.
Il a confirmé le maintien «à son niveau actuel» de l’effort de défense en 2014: «31,4 milliards d’euros en 2014, c’est-à-dire exactement le même montant qu’en 2012 et en 2013», et un engagement de «179,2 milliards d’euros pour la période 2014-2019».
Les suppressions de postes se poursuivent (24.000 nouvelles d’ici 2019 après les 54.000 programmées par son prédécesseur Nicolas Sarkozy) mais les effectifs militaires français resteront, avec 250.000 hommes, «les plus importants en Europe», a-t-il souligné.
Le chef de l’Etat a en outre souligné qu’il veillerait avec «une attention particulière» au maintien d'«une présence militaire partout sur le territoire» en évitant de nouvelles fermetures de sites. Les effectifs susceptibles d’être projetés à l’extérieur restent également importants avec 66.000 hommes, a-t-il fait valoir.
Selon lui, avec le maintien de ses trois grandes priorités: «protection, projection et dissuasion nucléaire», la France reste ainsi «un pays influent, actif» qui «peut parler parce qu’il a les moyens aussi de se faire respecter».
Le chef de l’Etat a aussi annoncé sa volonté d'«ouvrir une nouvelle étape de l’Europe de la défense», indiquant qu’il ferait des propositions dans ce domaine, d’ici le conseil européen de décembre 2013, consacré à ce sujet.
«La maîtrise des finances publiques partout en Europe exige et invite à mutualiser les capacités, à prendre davantage d’initiatives et à nous appuyer sur les matériels fabriqués en coopération», a-t-il expliqué, soulignant que «c’est ce que la France fait déjà avec le Royaume Uni», notamment pour développer des missiles légers anti-navire.
«C’est aussi ce que la France veut faire avec l’Allemagne, y compris pour des interventions militaires extérieures», a-t-il ajouté souhaitant également la poursuite des «partenariats avec la Belgique, l’Italie ou l’Espagne et associer les nouveaux membres de l’Union européenne à cette démarche. A commencer par la Pologne et les pays du groupe de Visegrad» (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie).
François Hollande a par ailleurs estimé que la France devait «revendiquer toute son influence» dans l’Otan «sans pour autant perdre sa liberté d’action et de décision, et encore moins diluer le caractère national de notre défense».
Sur le plan politique, il a plaidé pour renforcement du droit de regard du Parlement sur les questions de défense, estimant qu’il devait être «pleinement respecté dans ses droits, en matière d’information, de connaissance, de délibération sur les opérations dans lesquelles sont engagées nos forces».
M. Hollande a souhaité également que «la politique d’exportation d’armements fasse l’objet de rapports annuels débattus devant les commissions compétentes» et que le contrôle des parlementaires soit «également amélioré en matière de renseignement».
Enfin, le président a confirmé vendredi que la cyberdéfense était une priorité en matière de sécurité et qu’une «branche nouvelle» de réservistes serait spécialement affectée à ce domaine, dont l’objectif sera de «mobiliser de jeunes techniciens et informaticiens aux enjeux de la sécurité».
La loi de programmation militaire (LPM, 2014-19), issue du Livre blanc, sera présentée en Conseil des ministres en juillet et votée au Parlement avant la fin de l’année.
«Le budget de la Défense devrait être sanctuarisé, c’est-à-dire au moins être augmenté de l’inflation. En le gelant, on diminue dans les faits notre capacité d’action», a critiqué Yves Pozzo di Borgo (UDI), vice-président de la commission de la Défense du Sénat.
commenter cet article …