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1 juin 2013 6 01 /06 /juin /2013 07:55
Le démonstrateur Neuron développé et fabriqué sous la maîtrise d'oeuvre de Dassault Aviation

Le démonstrateur Neuron développé et fabriqué sous la maîtrise d'oeuvre de Dassault Aviation

31/05/2013 Michel Cabirol – LaTribune.fr

 

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, veut sortir "d'une impasse opérationnelle et industrielle" dans le domaine des drones. C'est pour cela qu'il est près de commander des drones de surveillance américain Reaper aux Etats-Unis. A plus long terme, le ministre veut être "au rendez-vous" des drones de combat, qui complèteront ou remplaceront les avions de combat.

 

Les drones sont un dossier qui titille le ministre de la Défense. Au point que Jean-Yves Le Drian s'est senti obligé une nouvelle fois de s'expliquer sur ce dossier brûlant en publiant ce vendredi une tribune dans "Les Echos" titrée "Pourquoi l'armée française a un besoin urgent de drones". Un exercice dans lequel Jean-Yves Le Drian justifie l'achat de drones MALE (Moyenne altitude Longue endurance) vraisemblablement américain par "le temps" qui "presse". "Notre besoin en drones nous impose d'être pragmatiques, et c'est bien ma démarche. Ministre de la Défense, c'est ma responsabilité et j'entends l'assumer", écrit-il dans le quotidien économique. Car souligne-t-il, il faut "sortir d'une impasse opérationnelle et industrielle pour enfin doter la France de drones, pièces maîtresses du renseignement et de la guerre de demain".

 

Ainsi, Jean-Yves Le Drian affirme que "la situation immédiate au Sahel (conflit au Mali avec possible extension au Niger, ndlr) me conduit à lancer l'acquisition d'un équipement existant, parce que nous ne pouvons plus attendre. Devant nous, deux possibilités : le Héron-TP réalisé en Israël et le Reaper produit aux Etats-Unis. De nombreuses actions ont été initiées avec ces deux pays. A très court terme, la piste américaine est la plus prometteuse, avec la perspective d'une première livraison de deux drones d'ici à la fin de cette année. Quelle autre option nous donnerait davantage satisfaction ? Comment, après tant de tergiversations, ne pas saisir l'occasion qui se présente la première ?". Et de rappeler que "l'ensemble de la communauté de défense, le ministère autant que l'industrie, a manqué le virage de ce type d'équipement".

 

Un équipement indispensable pour les conflits d'aujourd'hui et de demain

 

Le ministre de la Défense rappelle à raison que les drones MALE (reconnaissance et surveillance) sont indispensables. "Depuis un an, sur tous les théâtres d'opération majeurs, les situations concrètes ont confirmé le sentiment que nous avions : la France doit disposer de drones de surveillance pour conduire ses opérations, protéger ses militaires, les aider à contrôler de vastes espaces et parer d'éventuelles attaques ennemies", explique-t-il. Et de préciser que "le désengagement d'Afghanistan a largement reposé sur des drones dits « tactiques » (à savoir des DRAC français, des drones appartenant d'autres nations ainsi que l'appui de Predator, ndlr). Ils nous avaient manqué à Uzbeen en 2008 (lors d'une embuscade menée par des combattants talibans qui avait coûté la vie à 10 "Marsouins" -  8e régiment de parachutistes d'infanterie de marine - sur le col d'Uzbeen lors d'une patrouille menée par un centaine d'hommes - Français, Afghans et Américains - de la Force internationale d'assistance et de sécurité, ndlr). Mis en oeuvre par l'armée de terre l'an dernier, ils ont permis de sécuriser les convois tout au long de leur déplacement vers Kaboul. Mais ces équipements, provisoires et insuffisants, doivent être remplacés par des systèmes plus modernes". Notamment par des drones anglo-israéliens Watchkeeper, sous la maîtrise d'oeuvre de Thales UK et actuellement testés par l'armée de terre française.

 

C'est aujourd'hui le cas aussi au Mali. "Ce territoire, grand comme 2,5 fois la France, rend indispensable le déploiement de drones MALE qui, avec la discrétion qui s'impose, sont en mesure de parcourir de longues distances et d'observer de larges espaces pendant plus de vingt heures", explique Jean-Yves Le Drian. mais regrette-t-il, "aujourd'hui, la France continue à utiliser deux systèmes que l'on disait intérimaires au moment de leur lancement, en 2003 (SIDM Harfang - un drone MALE d'EADS - et SDTI - un drone tactique de Safran, ndlr). Le provisoire est devenu permanent. Dix ans ont passé; nous n'avons pas progressé. Nous en sommes à espérer que nos deux systèmes encore opérationnels ne subissent pas d'incident majeur, et à compter sur la solidarité de nos alliés dans un domaine majeur pour notre souveraineté, celui du renseignement, sans lequel il n'est pas d'action libre ni sûre".

 

Ne pas rater le rendez-vous des drones de combat

 

Pour l'avenir, le ministre a assuré que les mesures nécessaires seront prises. "L'urgence ne doit pas faire obstacle à l'avenir. C'est pourquoi j'ai proposé à nos partenaires européens, dans le domaine des drones MALE, de nous regrouper, pour partager nos expériences et nos capacités, et impliquer nos industries dans la mise au point de ces équipements pour nos propres besoins. Cette ambition est d'ores et déjà en chantier". Effectivement une coopération a été conclue dans le domaine des drones avec la Grande-Bretagne, qui utilise déjà des Reaper, dans le cadre des accords de Lancaster House. C'est notamment vrai sur les drones tactiques (Watchkeeper). Au-delà, la France et la Grande-Bretagne travaillent à définir à l'horizon 2020 un drone MALE européen pouvant équiper la France et la Grande-Bretagne mais aussi l'Allemagne et l'Italie.

 

Mais à plus long terme Jean-Yves Le Drian pense au drone de combat, "qui, à l'horizon 2030, viendront compléter voire remplacer nos flottes d'avions de chasse". "Ce rendez-vous, nous ne le manquerons pas, assuré le ministre. L'industrie française et européenne est à la pointe de cette technologie, comme l'a démontré le premier vol du drone NEURON (développé et fabriqué sous la maîtrise d'oeuvre de Dasssault Aviation, ndlr) à la fin de l'année 2012. Elle doit le demeurer, et nous lui consacrerons à cette fin les moyens nécessaires". Dont acte.

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