11/06/2013, Michel Cabirol – LaTribune.fr
Le coût total de l'acquisition de ces 12 drones d'observation Reaper - soit le prix d'achat et le coût de leur "francisation" - est évalué par le ministère de la Défense à 670 millions d'euros. Deux Reaper pourraient entrer en service au Sahel d'ici à la fin de l'année.
Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé mardi son intention d'acheter douze drones d'observation Reaper aux Etats-Unis, acquisition évaluée par ses services à 670 millions d'euros. Il a précisé lors d'un déjeuner de presse que, dans un premier temps, il voulait acheter deux Reaper ainsi qu'une station sol fabriqués par General Atomics, pour parer aux besoins urgents des forces armées françaises au Mali et dans la région du Sahel. "Il y a une nécessité opérationnelle immédiate", a-t-il précisé.
C'est pourquoi le ministre souhaite disposer de ces appareils avant la fin de l'année pour remplacer les drones Harfang technologiquement dépassés, notamment dans le domaine de la précision. "Nous sommes en train de passer un accord avec les Américains pour l'acquisition de deux Reaper d'observation pour les positionner sur l'espace sahélien", a-t-il expliqué. Cet accord reste cependant soumis à l'approbation du Congrès américain, a-t-il ajouté. Et de s'avouer serein sur le feu vert du Congrès. D'autant que le secrétaire d'Etat à la Défense américain Chuck Hagel, dont les services instruisant le dossier, est favorable à cette opération, a expliqué Jean-Yves Le Drian.
Francisation des Reaper ?
La France a également besoin de dix autres drones Reaper qui puissent opérer dans l'espace aérien français et européen, ce qui suppose que leurs moyens de transmission soient adaptés par des industriels européens. Là aussi, le Congrès devra donner son accord pour que la France ait accès aux "codes sources", codes informatiques de ce matériel militaire soumis à de strictes règles d'exportation, afin de le modifier. Le Pentagone est favorable et "si on s'y prend dans le bon sens, ça devrait se débloquer"', a estimé Jean-Yves Le Drian. On a senti moins optimiste sur cette deuxième phase. "J'espère que cela ira", a-t-il avoué. A défaut d'accord du Congrès, la France pourrait se tourner vers un drone israélien, a cependant ajouté le ministre.
Le coût total de l'acquisition de ces 12 drones MALE (pour moyenne altitude, longue endurance, soit 24 heures de vol), soit le prix d'achat et le coût de leur "francisation", est évalué par les services du ministère à 670 millions d'euros. Elle doit être inscrite dans la loi de programmation militaire pour la période 2014-2019 qui sera présentée au parlement à l'automne.
Une filière européenne ?
A plus longue échéance, "il faut préparer avec les Européens le drone MALE de troisième génération", a estimé Jean-Yves Le Drian, qui évalue le marché à 30 ou 40 drones en Europe. Selon lui, la Pologne pourrait à terme avoir besoin de ce type de drones, qu'utilisent déjà l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et l'Italie. Pour autant, certains observateurs restent sceptiques sur la constitution d'une filière industrielle : le marché européen, déjà difficile à unifier, reste trop étroit et un drone MALE est un programme relativement modeste pour accepter de nombreux partenaires.