MOSCOU, 23 juillet - RIA Novosti
Les militaires russes ayant accès aux documents top secret ne pourront plus se rendre en vacances en Egypte et en Israël, écrit le quotidien Izvestia du 23 juillet 2013.
Cette décision a été prise vu l'aggravation de l’instabilité politique dans ces deux pays, a-t-on expliqué à l'Etat-major des forces armées russes. "Le chef d'Etat-major général Valeri Guerassimov a approuvé la liste de pays où les militaires habilités secret défense peuvent passer les vacances. L'Egypte et Israël n'y figurent plus", déclare le porte-parole de l'Etat-major.
Il ajoute que la directive ordonne aux responsables, lors de la délivrance des autorisations au personnel, de "tenir compte de la situation militaro-politique et criminogène dans les pays d'accueil", ainsi que de ne pas laisser les officiers se rendre dans les pays inscrits sur la liste du ministère des Affaires étrangères (MAE) déconseillés aux Russes.
La liste en question comprend 39 pays où les officiers habilités secret-défense sont autorisés à se rendre : l'Abkhazie, l'Azerbaïdjan, Andorre, l'Autriche, l'Arménie, la Bulgarie, la Biélorussie, la Belgique, le Vietnam, la Hongrie, la Grèce, le Danemark, la République dominicaine, l'Inde, l'Indonésie, la Jordanie, l'Italie, Malte, le Maroc, la Moldavie, la Slovénie, la Slovaquie, la Pologne, l'Ukraine, la Norvège, Oman, les Emirats arabes unis, Cuba, Chypre, le Kazakhstan, la Thaïlande, la Turquie, la Tunisie, la Finlande, la France, la Croatie, le Monténégro, la République tchèque et la Suisse.
Un officier du renseignement ne pourra donc prendre ses congés que s’il indique l'un de ces pays dans la case "lieu". Il est à noter que les anciennes républiques soviétiques ne figurent pas toutes dans la liste : on note par exemple l'absence du Tadjikistan, du Kirghizstan, du Turkménistan, de l'Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie et de la Géorgie, où les officiers ne seront pas autorisés à se rendre.
Konstantin Sivkov, premier vice-président de l'Académie des problèmes géopolitiques, pense que cette interdiction est justifiée.
"Les officiers habilités secret-défense pourraient être kidnappés par des combattants en arrivant dans une région instable et se voir soutirer des informations, d'autant qu'il existe aujourd'hui diverses méthodes psychotropes à cet effet. Par conséquent il est opportun et juste de prévenir le départ du personnel vers ces destinations", explique Konstantin Sivkov.
Selon lui les officiers russes ne doivent pas se rendre dans les pays où les positions des musulmans wahhabites sont fortes : l'Arabie saoudite, le Qatar, la Jordanie, la Syrie, la Libye, et même les USA. En revanche, les officiers n'ont rien à craindre dans les pays européens de l'Otan.
"Dans les pays de l'Otan les gens sont plus ou moins civilisés, contrairement aux Etats-Unis. L’alliance est très poreuse aujourd'hui, elle a été significativement affaiblie par les pays d'Europe de l'Est qui y ont adhéré", a fait remarquer l'expert.
Chypre fut le premier pays où les officiers du renseignement étaient autorisés à se rendre.
En 1996 le ministre de la Défense de l'époque Pavel Gratchev avait signé un ordre à cet effet. Les frais de voyage pour les officiers et les membres de leurs familles étaient pris en charge.
En 2006, le chef de l'Etat-major des forces armées russes Iouri Balouevski a approuvé une liste de 21 pays où les officiers habilités secret-défense pouvaient voyager : l'Arménie, l'Azerbaïdjan, Andorre, la Bulgarie, la Biélorussie, la Hongrie, l'Egypte, la Grèce, l'Espagne, l'Italie, Chypre, la Chine, la Slovaquie, l'Ukraine, la Lettonie, les Emirats arabes unis, la Croatie, la Turquie, la Tunisie, la Finlande et la République tchèque.
En 2009, l'ex-ministre de la Défense Anatoli Serdioukov avait décidé d'interdire la sortie du territoire russe des officiers habilités secret-défense et avait ordonné de préparer une directive à cet effet. Mais cette directive n'a pas été signée. En 2011 Serdioukov avait tout de même signé l'ordre 250 en conformité avec lequel seul le ministre de la Défense pouvait donner l'autorisation aux officiers de se rendre à l'étranger.
Le 24 décembre 2012, le ministre Sergueï Choïgou a délégué à ses adjoints et aux chefs de l'appareil du ministère de la Défense le droit d'autoriser les officiers du renseignement à partir à l'étranger, se réservant ainsi la possibilité d'analyser les demandes de congés du personnel ayant accès aux informations confidentielles.
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