Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
23 mai 2013 4 23 /05 /mai /2013 10:55
photo Staff Sgt. Brian Ferguson US Air Force

photo Staff Sgt. Brian Ferguson US Air Force

20 Mai 2013 Jean-Dominique Merchet

 

Le Congrès des Etats-Unis doit encore donner son feu vert.


Sauf refus du Congrès américain - qui reste possible - la France devrait acquérir deux drones Reaper, avant la fin de l'année, ainsi qu'une station-sol pour les mettre en oeuvre. Ces engins, fabriqués par General Atomics, devaient initialement être livrés à l'US Air Force, mais le Pentagone a accepté qu'ils soient prélevés sur la ligne de production en cours, ce qui accélère la décision de plusieurs années. C'est une décision du secrétaire à la Défense Chuck Hagel, qui a rencontré son homologue français Jean-Yves le Drian vendredi 17 mai à Washington. Il s'agit donc d'appareils neufs et non de matériels d'occasion.

Ces deux Reaper (Predator 2) resteront des appareils très américains, aussi bien en ce qui concerne les capteurs optiques que les transmissions. La charge utile de ces engins ne sera pas "francisée" : ils seront, en quelque sorte, des drones américains mis en oeuvre par des militaires français... aux conditions américaines. Ainsi, ils ne pourront pas être déployés sur le territoire national et resteront donc dans la zone du Sahel, sans doute à Niamey (Niger), sinon à N'Djaména (Tchad).

Il s'agit d'appareils de surveillance et, en aucun cas, de drones armés capables de délivrer des munitions. Paris a, pour l'instant, renoncer à mettre en oeuvre des drones armés comme nous l'indiquions récemment.

L'opération Serval au Mali a montré le besoin criant de drone Male (Moyenne altitude longue endurance), dont l'armée de l'air ne possède que quatre exemplaires, des Harfang relativement peu puissant et en fin de potentiel. Deux d'entre eux ont été déployés à Niamey d'où ils ont rendus des services appréciables, mais malgré tout limités. Volant plus bas que le Reaper, le Harfang peut ainsi être parfois entendu depuis le sol dans ces zones désertiques et silencieuses. Ses capteurs optiques sont en voie d'obsolescence, même si son système de transmissions par satellite donne toute satisfaction.

Pour soutenir l'opération Serval, l'US Air Force a engagé une poignée de drone Male non-armés, Predator et Reaper, à Niamey. Le ministre de la défense Jean-Yves Le Drian a pu visiter le détachement américain lors de sa visite sur place le 26 avril. Il a ainsi pu mesurer de visu la différence entre les capacités d'un Harfang et d'un Reaper.

L'achat de deux Reaper est-il le prélude d'un contrat plus important avec General Atomics ? Le Livre blanc de la défense, récemment adopté, prévoit en effet l'acquisition par la France de douze "drones de surveillance de théâtre" d'ici à 2019. Faute de solutions nationales et européennes à court terme, le ministre de la Défense confirme que les discussions se poursuivent avec les deux seuls pays producteurs de Male : les Etats-Unis et Israel. Des lettres officielles ont été envoyées par la DGA aux deux fournisseurs potentiels.

Les discussions portent sur la francisation des charges utiles (capteurs optiques et électromagnétiques, systèmes de communications par satellite) : fidèle à sa doctrine d'autonomie stratégique, la France veut garder la maitrise de ces appareils - qu'elle n'aura guère avec les deux premiers Reaper.
Ce n'est pas simple. Les Américains sont en général très réticents à ouvrir les "black boxes" de leurs systèmes ou à permettre, par exemple, à des appareils de fabrication américaine de tirer des munitions européennes... Quant aux drones israéliens, ils ne disposent pas de communication par satellites, ce dont l'armée de l'air a impérativement besoin.

Les militaires français ne cachent pas leur préférence pour la solution américaine. "Le Reaper est le meilleur", nous confie un général d'aviation. "A court terme, l'armée de l'air veut acheter américain" écrivions nous sur ce blog en septembre dernier.

Les discussions vont donc se poursuivre, avec un moindre degré d'urgence, puisque les besoins sahéliens seront satisfaits. Paris espère monter un "club d'utilisateurs" européens de drone Male, associant la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie. Il s'agirait d'être en position de force, notamment face aux Etats-Unis. Mais l'expérience montre qu'en la matière, il y a loin de la coupe aux lèvres...

Le paysage européen en matière de drone est consternant. En France, comme chez nos grands voisins, tout semble s'être ligué pour en arriver à ce que le seul choix possible soit d'acheter sur étagères, faute de solutions nationales. Les responsabilités sont partagées : militaires, politiques, industriels, personne n'a su y faire depuis... 20 ans !

Le récent abandon de l'Euro Hawk par l'Allemagne en est un exemple. Il s'agissait d'une version européanisée (par EADS Cassidian) du Global Hawk de Northrop Grumman, un engin très puissant (14 tonnes, contre 4 pour le Reaper). Après avoir dépensé plusieurs centaines de millions d'euros, Berlin renonce expliquant que l'Euro Hawk ne pourrait pas s'intégrer dans la circulation aérienne ! Sacrée "découverte" sur laquelle nous reviendrons rapidement sur ce blog.

En matière de drones tactiques (mis en oeuvre par l'armée de terre), les choses semblent s'éclaircir avec 'accord franco-britannique sur le Watchkeeper, un appareil de conception israélienne. A plus long terme, la perspective d'un drone de combat européen existe également : Dassault, avec plusieurs autres industriels européens, a fait voler son nEUROn en décembre dernier.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : RP Defense
  • : Web review defence industry - Revue du web industrie de défense - company information - news in France, Europe and elsewhere ...
  • Contact

Recherche

Articles Récents

Categories