17/09/2013 Par le professeur Didier Raoult Le Point.fr
Chargé de mission sur le bioterrorisme au ministère de la Santé en 2002, le Pr Didier Raoult reste sceptique sur les allégations justifiant la guerre.
Les experts de l'ONU ont donc rendu leur rapport. Ils disent avoir trouvé des "preuves flagrantes et convaincantes" de l'utilisation de gaz sarin lors du massacre du 21 août près de Damas. Pour avoir été en 2002 chargé de mission au ministère de la Santé sur le bioterrorisme (1) et intoxiqué par les informations américaines sur l'ampleur de la menace, je suis devenu sceptique sur les allégations de cette nature justifiant une guerre.
Le bioterrorisme est un concept qui recouvre des armements très divers comprenant des armes chimiques, des armes biologiques. L'interdiction des armes chimiques date de la fin de la guerre de 1914, beaucoup de soldats avaient été gazés et les pays s'étaient émus des séquelles perdurant bien après la fin de la guerre. Ces drames avaient entraîné la proposition d'élimination de ces armes par la Société des Nations.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les armes chimiques n'ont pas été utilisées, à l'exception évidemment des Allemands dans les camps de concentration. En revanche, les Américains utiliseront ultérieurement, comme défoliant, le gaz orange qui contient de la dioxine et qui est hautement toxique pour les hommes. Entre deux et cinq millions de personnes y ont été exposées et ce gaz a contribué aux centaines de milliers de morts civils et aux séquelles survenues dans la population vietnamienne. Certainement l'attaque chimique la plus meurtrière du XXe siècle. Les Vietnamiens ont porté plainte pour crime contre l'humanité, mais seuls les vétérans américains ont été indemnisés.
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(1) Rapport sur le Bioterrorisme. Ministère de la Santé, de la famille et des personnes handicapées. 2003, www.sante.gouv.fr.
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