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2 juin 2013 7 02 /06 /juin /2013 07:35
Le Japon cherche à rassurer ses partenaires asiatiques

1.06.2013 Par Sylvie Kauffmann  -Le Monde.fr

 

Singapour, envoyée spéciale. On attendait Chuck Hagel, dont c'était la première visite en Asie depuis sa nomination à la tête du Pentagone il y a trois mois. Mais la révélation du Shangri-La Dialogue, conférence annuelle sur la sécurité régionale réunie à Singapour, a été son collègue japonais, Itsunori Onodera, dont le discours très habile, samedi 1er juin, a même été salué par un officier chinois.

 

Lire (en édition abonnés) : La pirouette du maire d'Osaka

 

Le ministre japonais a dénoncé les récents propos "déplacés" du maire nationaliste d'Osaka, Toru Hashimoto, qui avait beaucoup choqué en Asie, en particulier en Corée du sud, en déclarant que les "femmes de réconfort" utilisées par l'armée japonaise pendant la deuxième guerre mondiale étaient une "nécessité". "Le Japon a par le passé infligé des souffrances et des préjudices terribles aux populations de nombreux pays, en particulier aux pays d'Asie", a poursuivi M. Onodera. Rappelant les "remords et les excuses" déjà formulés par de précédents gouvernements, le ministre de la défense a souligné que cette ligne était aussi celle du gouvernement de Shinzo Abe.

 

DURCISSEMENT DE LA POLITIQUE EXTÉRIEURE DU JAPON

Deuxième point fort de l'intervention du ministre de la défense : une explication de texte qui s'est voulue rassurante sur le "retour du Japon fort" proclamé par M. Abe depuis son élection en décembre, et dont les accents nationalistes ont suscité pas mal d'interrogations dans la région. Si l'Asie ne peut que se réjouir du retour de la croissance économique au Japon, certains ont craint, en particulier en voyant le budget japonais de la défense augmenter pour la première fois depuis onze ans, que l'"Abenomics" s'accompagne d'un durcissement en politique extérieure. N'ayez pas peur, a lancé en substance le ministre, qui passe pour un modéré dans l'équipe Abe : "un Japon fort jouera un rôle responsable dans la sécurité régionale et exercera fermement le leadership attendu par la communauté internationale".

Le renforcement de sa défense, rendu nécessaire par "un environnement sécuritaire de plus en plus difficile", a-t-il dit, vise à contribuer "à l'amélioration de la paix et de la stabilité régionales" et le Japon s'attachera à éviter les tensions en pratiquant "le dialogue, pas la violence". "L'intérêt national" japonais reste "le maintien et le renforcement de l'ordre international fondé sur les valeurs de liberté, de démocratie et d'Etat de droit". Non, le Japon n'est pas entrain de "virer à droite", il reste "un pays pacifique".

M. Onodera a consacré le reste de son discours au rappel de l'importance de l'alliance avec les Etats-Unis et des vertus du multilatéralisme, en particulier avec les pays d'Asie du sud-est. Le message n'est pas passé inaperçu des responsables militaires chinois présents à la conférence, qui ont parfaitement compris qu'il s'adressait à la Chine, dont les conflits territoriaux avec Tokyo et d'autres pays de la région sont la source de fortes tensions. Un colonel chinois a rendu hommage au mea culpa du ministre japonais sur la deuxième guerre mondiale, mais les deux parties restent en désaccord total sur les îles Senkaku/Diaoyou, où M. Onodera entend "maintenir le statu quo".

 

DISPOSITIF AMÉRICAIN DE "RÉÉQUILIBRAGE" VERS L'ASIE

Organisée par l'IISS (International Institute of Strategic Studies), la conférence avait été ouverte vendredi soir par le premier ministre vietnamien, Nguyen Tan Dung, qui a ouvertement désapprouvé l'attitude de la Chine. Le Vietnam et la Chine ont eux aussi un différend territorial. Rappelant que les deux tiers du commerce mondial transitent par la mer de Chine, M. Tan Dung a averti que "la moindre action irresponsable peut provoquer l'interruption de cet énorme flux commercial, avec des conséquences imprévisibles non seulement pour les économies régionales mais aussi pour le monde entier".

Pour Rory Metcalfe, expert de l'Asie au Lowy Institute à Sydney, le premier ministre vietnamien s'est montré "particulièrement direct" et le "ton très positif" qu'il a adopté sur la réconciliation de son pays avec les Etats-Unis n'aura pas non plus échappé aux Chinois. Chuck Hagel, le secrétaire américain à la défense, n'a d'ailleurs pas manqué de rappeler son passé de vétéran du Vietnam, où il a été blessé et deux fois décoré. M. Hagel a, lui, consacré l'essentiel de son intervention à la description détaillée du dispositif américain de "rééquilibrage" vers l'Asie (on ne dit plus "pivot", dans la terminologie officielle du Pentagone, mais "rebalancing"), une stratégie qu'il décrit comme " diplomatique, économique et culturelle " mais à laquelle il a donné un contenu exclusivement militaire.

Les Etats-Unis s'étaient déjà engagés à baser 60 % de leurs forces navales en Asie-Pacifique d'ici à 2020 ; M. Hagel a révélé que désormais, 60 % de leurs forces aériennes extérieures se trouvaient déjà dans la région Asie-Pacifique. Et quelle que soit la situation budgétaire à Washington, a assuré le chef du Pentagone, les Américains continueront à représenter près de 40 % des dépenses de défense mondiales.

Là encore, une mise en garde a été adressée à la Chine à propos des différends territoriaux : les Etats-Unis "sont fermement opposés à toute tentative de modifier par la force le statu quo" en mer de Chine méridionale ou orientale, a rappelé Chuck Hagel. Le responsable de la défense américaine a directement mis en cause la Chine dans le domaine du cyber-espionnage, en s'inquiétant "de la menace croissante des intrusions informatiques, dont une partie semble liée à l'armée et au gouvernement chinois". Tout en continuant à prôner les vertus du dialogue avec Pékin.

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