28/09/2013 Le Point.fr (AFP)
Israël avait notamment averti d'attaques possibles le gouvernement de Nairobi, mais "rien n'a été fait", déplore une source sécuritaire kényane.
Une semaine après le début du drame qui a coûté la vie à au moins 67 personnes, le gouvernement kényan est pointé du doigt pour son manque de vigilance. Selon des sources sécuritaires, il a été averti, notamment par Israël, d'un risque élevé d'attentat peu avant l'attaque contre le centre commercial Westgate de Nairobi. Des ministres kényans et les chefs des différents services de sécurité avaient reçu des informations de la part des principaux partenaires du Kenya en matière de sécurité, contenues dans un rapport des renseignements kényans, prévenant d'un projet d'attaque de grande ampleur courant septembre, ont précisé à l'AFP ces sources sécuritaires.
Parmi d'autres, "Israël avait prévenu d'attaques possibles contre ses intérêts économiques" au Kenya, mais "à part transmettre [le rapport des services kényans qui mentionnaient le danger] d'un bureau à l'autre, rien n'a été fait", a asséné une de ces sources sécuritaires. Depuis fin 2012, plusieurs autres rapports avaient déjà été transmis à la police et à l'armée, faisant état "de menaces sur des objectifs précis, y compris le Westgate", a précisé un autre responsable sécuritaire de haut rang sous le couvert de l'anonymat, "mais personne ne semblait les prendre au sérieux". "Personne ne peut dire qu'on n'avait pas été prévenu du risque d'attaque", a souligné ce haut responsable.
Des extraits du rapport des services kényans ont été publiés samedi par les principaux quotidiens du pays, le Nation, le Standard et le Star. Ce document contient des avertissements provenant d'Israël et "d'autres partenaires étrangers en matière de renseignement", selon ces sources, qui n'ont pas précisé quels autres pays avaient émis des avertissements. Outre Israël, les États-Unis et la Grande-Bretagne sont les principaux partenaires du Kenya en matière de sécurité. Selon le quotidien Nation, les ministères des Finances, de l'Intérieur, des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que le chef de l'armée, avaient notamment été avertis des menaces.
Le chef des renseignements auditionné lundi
"Ils ont été informés d'un risque élevé de terrorisme et de plans visant à lancer des attaques simultanées à Nairobi et Mombasa [sud-est] entre le 13 et le 20 septembre 2013", indique le rapport des renseignements kényans, cité par le quotidien. Le rapport ajoute que l'ambassade d'Israël, qui a des liens étroits avec le Kenya, notamment en matière sécuritaire, avait directement informé le gouvernement kényan des projets d'attaques contre des intérêts israéliens durant le mois de septembre, mois de vacances juives. Le Westgate est partiellement détenu par des capitaux israéliens et était depuis longtemps cité par les sociétés de sécurité comme une cible potentielle de groupes liés à al-Qaida. Les services israéliens jouent un rôle important dans l'enquête en cours sur l'attaque du Westgate.
Le chef des services de renseignements kényans, Michael Giganchi, doit être auditionné lundi par les parlementaires kényans, alors que l'opinion publique critique de plus en plus l'impréparation des autorités kényanes. Le 21 septembre, un commando armé a attaqué à l'arme automatique et à la grenade le luxueux centre commercial Westgate de Nairobi, tuant des employés et des clients et s'y retranchant avec des otages. Au moins 67 personnes ont péri au cours de l'attaque puis du siège qui a pris fin lundi, selon des sources sécuritaires. Les opérations militaires contre les assaillants ont été annoncées officiellement terminées mardi soir. Le carnage a été revendiqué par les insurgés islamistes somaliens shebabs, liés à al-Qaida, qui l'ont expliqué comme des représailles à la présence militaire du Kenya en Somalie.
commenter cet article …