31/05/2013 par Jacques N. Godbout – 45eNord.ca
Mieux «domestiqués», les drones devraient changer de «maîtres», leur responsabilité opérationnelle passant de la CIA au Pentagone au cours des prochaines années, mais ils deviendront vraisemblablement à l’avenir l’outil de prédilection d’une Amérique qui ne veut plus des guerres «conventionnelles».
Dans son discours à la l’Université nationale de la Défense, la semaine dernière, le président Barack Obama, tout en défendant l’usage des drones dans la guerre au terrorisme, a insisté sur la sur la nécessité d’une plus grande transparence en la matière.
Cela signifie une plus grande surveillance du Congrès, mais aussi le transfert de la responsabilité opérationnelle des drones de la CIA au ministère américain de la Défense.
Le Pentagone, objet d’une plus grande surveillance et supervision du Congrès que la CIA, soumise plus directement à l’autorité du président américain, prendrait alors la relève de l’agence de renseignement et serait à son tour appelé à «s’engager dans l’usage de la force en dehors des zones de guerre», dans des endroits comme la Somalie ou peut-être le Mali ou le Pakistan.
Il y a toutefois loin de la coupe aux lèvres et aucun échéancier n’a encore été établi quant au transfert des opérations de drones au ministère de la Défense.
Mais on peut d’ores et déjà envisager plusieurs scénarios en cas de transfert.
Le personnel de la CIA aujourd’hui responsable de certaines opérations de drones pourrait dès maintenant être détaché et affecté au Pentagone ou certaines responsabilités pourraient être partagées entre les deux organismes.
Le transfert pourrait aussi se faire très progressivement.
Ce qui est certain, toutefois, c’est que l’administration américaine n’abandonnera pas le programme de drones.
L’Amérique veut éviter les guerres conventionnelles
Malgré les aspects controversés du programme, il est considéré comme «tactiquement» efficace. Et c’est une capacité que l’administration veut maintenir même si elle sait qu’elle doit éviter d’en abuser.
En outre, pour le président américain, l’utilisation de drones est de loin préférable, parce que moins dommageable, aux opérations dites «conventionnelles».
Dans son discours du 23 mai à l’Université nationale de la Défense, il a fait valoir que les États-Unis doivent agir avec efficacité, rappelant que l’Amérique est en guerre contre des terroristes qui, eux, n’hésiteront pas à faire autant de morts qu’ils le peuvent si on ne les empêche pas.
Débarrassé de la responsabilité opérationnelle, la CIA pourra quant à elle se concentrer davantage sur ses véritables missions et le directeur de la CIA, John Brennan soutient activement cette idée alors qu’il comme il tente de ramener l’agence à son rôle traditionnel de cueillette et d’analyse de renseignements.
Le nombre d’opérations diminuerait sous la responsabilité des militaires
En revanche, et c’est peut-être l’effet recherché, le transfert de la responsabilité opérationnelle des drones de la CIA au Pentagone pourrait diminuer le nombre d’opérations parce que l’armée n’a pas la souplesse opérationnelle de la CIA.
Pour James Andrew Lewis, directeur et chercheur principal du programme «Technologie» au Center for Strategic and International Studies (CSIS), un groupe d’étude et de réflexion américain basé à Washington, «Il [le drone] passera d’un outil utilisé de façon routinière à quelque chose qui est relativement exceptionnel» et qui appartiendra dorénavant plus au domaine militaire en général qu’à la lutte au terrorisme tout azimut.
De plus en plus de missions sont effectuées par les militaires, ajoute Lewis, pour qui la transition devrait être plus apparente au fil des ans et se faire en douceur, en partie grâce aux travail de Bob Gates, ancien secrétaire à la Défense et aussi ancien directeur de la CIA, qui a facilité un rapprochement entre le milieu américain du renseignement et les militaires.
Quoi qu’il en soit, les drones ne disparaîtront pas demain, l’Amérique refusant d’abandonner ce moyen de combattre le terrorisme sans être perpétuellement obligée d’être sur un pied de guerre et, surtout, sans être entraînée dans un autre conflit après 13 ans de sacrifices en Irak et en Afghanistan.
L’Évolution du champ de bataille («The Evolution of the Battlefied») (Vidéo: CSIS/20 mai)
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