23/07/2013 Jean Guisnel / Défense ouverte - Le Point.fr
Avec 4,8 milliards de prises de commandes en 2012, l'industrie française de l'armement réalise sa moins bonne année depuis 2006. Et manque de gros contrats.
La France a encore vu le montant des prises de commandes pour ses matériels militaires baisser en 2012, à 4,8 milliards d'euros. C'est même sa moins bonne année depuis 2006 (5,8 milliards d'euros), qui avait marqué une rupture avec cinq années de ventes particulièrement basses. Les meilleures prises de commandes récentes demeurent celles de l'année 2009 (7,95 milliards d'euros - ventes de sous-marins et d'hélicoptères au Brésil). La France est aujourd'hui en cinquième position mondiale pour les ventes d'armes, avec 8,6 % de part de marché, derrière les États-Unis (48 %), la Russie (12 %) et le Royaume-Uni (10,8 %). Avec 5 % des ventes mondiales d'armement, Israël arrive en sixième position.
Consolidation de l'industrie française
Ces chiffres concernant l'année 2012 sont tirés du traditionnel rapport au Parlement sur les exportations d'armes de la France, qui était habituellement publié à l'automne mais dont la parution a été avancée cette année, non pas "avant l'été", comme l'annonce le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian dans sa présentation du document, mais plus tôt que d'habitude... Le ministre présentera le texte officiellement le 11 septembre prochain devant l'Assemblée nationale et le Sénat. Dans le communiqué accompagnant cette publication, le ministère de la Défense précise que les ventes d'armes "participent directement au développement et à la consolidation de la base industrielle et technologique de défense (BITD) française en permettant au tissu industriel de poursuivre ses investissements dans l'outil de production et les efforts de recherche et développement".
Moins de gros contrats
Ce rapport confirme les grandes tendances déjà connues : les premiers clients des industriels français de l'armement sur la période 2003-2012 demeurent l'Arabie saoudite, suivie de l'Inde, du Brésil, des Émirats, des États-Unis, de la Malaisie et du Royaume-Uni. Mais, sauf au Brésil ou en Inde qui ont acquis des sous-marins, les contrats demeurent marqués par leur relative modicité : ils sont le plus souvent inférieurs à 200 millions d'euros, ce qui illustre une faiblesse française. Car ce sont justement les ventes de ces "plateformes" que sont les navires ou les avions de combat, ou les matériels terrestres lourds, qui garantissent d'énormes contrats de maintenance, de munitions, de formation ou de modernisation pouvant aller jusqu'à multiplier par trois la valeur du contrat initial ! C'est ainsi que les prises de commandes de l'année 2011 avaient intégré la modernisation de 51 Mirage 2000 vendus à l'Inde au début des années 1980. Montant de la rénovation bénéficiant aux industriels Thales et Dassault Aviation : 1,4 milliard d'euros, auxquels se sont ajoutés plus de 950 millions d'euros pour des missiles achetés à MBDA. Trente ans après la vente des avions ! Mais ces temps-là semblent bien compromis : la France n'a toujours pas vendu d'avions de combat depuis 13 ans, ses dernières ventes en la matière remontant à l'an 2000, marqué par la vente de Mirage 2000-5 à la Grèce. Certes, un contrat pour la vente de 126 Rafale à l'Inde est dans les tuyaux depuis janvier 2012, mais la concrétisation tarde...