23/07 Christian Lienhardt, Correspondant à Strasbourg – LesEchos.fr
Le producteur français de machines à fabriquer les cartouches repart et embauche. Le groupe, sauvé de la faillite l’an dernier, envisage de lancer un emprunt obligataire.
Avec 800.000 euros de résultat net au premier semestre et un chiffre d’affaires de 15,5 millions en hausse de 120 %, Manurhin récolte les premiers fruits de sa restructuration. « Nous entrons dans un cercle vertueux », se réjouit le président du conseil de surveillance, Rémy Thannberger, qui avait participé à la reprise en 2011 d’une société au bord du gouffre dont le chiffre d’affaires ne dépassait pas 7 millions d’euros.
Depuis janvier, l’homme d’affaires originaire de Mulhouse a cédé la direction opérationnelle à Gabriel Horvath, qui représente l’actionnaire slovaque Delta Defence (34 %). Il reste au capital, à côté de salariés, d’investisseurs divers et des actionnaires publics français Nexter et Sofired, qui détiennent 45 % de l’entreprise.
Exportateur à 100 %
Au rythme actuel, le groupe coté en Bourse devrait terminer 2013 sur un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros et dégager un résultat proche de 3 millions, estime le dirigeant. Et pour 2014, il table sur 50 à 60 millions d’euros. Les commandes de lignes de production de munitions de petits et moyens calibres affluent devront quasiment doubler cette année. Au total, le carnet d’ordres avoisinnera près de 200 millions.
La totalité des ventes est faite aujourd’hui à l’export vers trois zones principales : le Moyen-Orient avec notamment les pays du Golfe, qui prennent le relais de l’Egypte, jusque-là premier client, l’Asie centrale et l’Amérique latine.
Coopération européenne
Pour faire face à cette montée en puissance, le groupe vient de lancer un plan d’embauche de 40 personnes pour porter les effectifs à 150 salariés. Il crée aussi un réseau d’une demi-douzaine de sous-traitants en France. Rémy Thannberger travaille également sur un projet de consolidation de l’entreprise au dernier trimestre 2013 par le biais d’un emprunt obligataire sur les places de Paris et de Francfort. Il estime les besoins de financement à 10 millions d’euros.
Parallèlement, des tractations sont menées au plan européen avec le belge New Lachaussée et l’allemand Fritz Werner en vue d’une consolidation du secteur des industriels de la cartoucherie. « Un tel rapprochement ferait sens sur un marché mondial de plus en plus concurrentiel, d’autant que nous avons des offres très complémentaires », reconnaît Rémy Thannberger. Mais il évoque également d’autres pistes avec des acteurs plus importants de l’industrie de la défense, y compris français.
A cet égard, on sait que les deux actionnaires publics de Manurhin ont été approchés et que des propositions de rachat auraient même été présentées. Reste à savoir, dans ce secteur forcément sensible de la défense, quelle sera la marge de manœuvre laissée par le gouvernement.