22 mai 2013 Aerobuzz.fr
A défaut de disposer d’un vrai-savoir faire industriel en la matière, la France va acheter sur étagère entre 2 et 7 drones américains MQ9 Reaper… pour commencer.
Il était temps ! Après des années d’errements politico industriels, Paris se résout à acheter des drones vraiment opérationnels.
Le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian, confronté aux lacunes françaises en la matière a décidé, tout comme le Royaume-Uni et l’Italie d’acheter outre Atlantique entre 2 et 7 drones américains MQ9 Reaper.
Ces appareils signés General Atomics sont le bras armé des Etats-Unis, CIA et US Air force en Afghanistan et dans d’autres régions du monde. Perchés entre 5.000 et 15.000 mètres d’altitude, pilotés par satellite depuis les USA, ils scrutent pendant de longues journées, jusque 27 heures, leur secteur de patrouille à l’affut de cibles d’intérêt. Ce drone représente la manière américaine de « terroriser les terroristes ».
Ils disposent pour cela de capteurs optroniques très performants et de missiles Hellfire ou de bombes guidées Paveway sous leur voilure. Il n’est pas confirmé que les engins destinés à Paris seront armés, il n’empêche les performances de ces engins en termes de capacités de surveillance, de détection, de transmission de données feront des merveilles par rapport au vide existant.
Le drone Reaper est piloté à distance par satellite tout comme un avion depuis un cockpit virtuel. Un opérateur assure le pilotage du véhicule et un autre, la gestion de la charge utile et des armements. D’une envergure de 20 mètres pour une masse à vide de 2,2 tonnes, cet engin à voilure droite, peut croiser à plus de 300 km/h pendant plus de 24 heures en toute impunité. Dans ses flancs, des moyens de communication et de navigation dernier cri et des capteurs de haute technologie. Il est propulsé par une turbine Honeywell TPE 331 de 900 cv environ.
On estime qu’un système de drones avec ses servitudes et ses stations sol coute aux alentours de 60 M$, autant dire une peccadille par rapport aux 120 M$ d’un JSF.
Bien sûr cet engin n’est pas parfait, il ne peut pas à ce jour s’intégrer dans l’espace aérien européen pour cause de lacune en termes de réglementation. Une lacune qui vient de causer l’arrêt pur et simple du programme Eurohawk en Allemagne.
Cette décision lucide du ministre de la défense français met en lumière l’incapacité européenne à mettre sur pied une politique intelligente en matière de drones. Ce ne sont pourtant pas les champions qui manquent.
Force est de reconnaître que l’Europe est dans une situation paradoxale avec d’un côté des savoir faire uniques en matière de défense, des ingénieurs aéronautiques de renom qui ont mis au point de véritables étendards nommés Rafale ou encore Typhoon mais qui sont incapables de réaliser un équivalent du « Predator » sans assistance extérieure.
En matière de drones, le vieux continent est plus que jamais divisé avec d’un côté un EADS (Allemagne ou France ? ) qui veut tout faire mais n’a rien prouvé de sérieux et de l’autre, des rivaux tels que Finmeccanica, BAE, Thalès et autre Dassault qui veulent prendre pied sur un marché crucial en devenir. Tout reste à faire, créer, des drones de tous types, des micro drones de la taille d’une libellule aux géants de la taille d’un Airbus, tout est possible et utile, les USA l’ont prouvé depuis des années ! Il faut aussi une législation pour leur circulation dans l’espace aérien, développer des capteurs, des liaisons de données, les munitions légères qui vont avec des vecteurs endurants et fiables aussi, et des charges utiles.
Il faut promouvoir l’essor des drones car ces engins, véritables aides de camp des engins pilotés sont source d’économie et de sécurité. Ainsi imaginez un Canadair qui ne décollerait que pour opérer sur un feu de forêt bien localisé, un hélicoptère dronisé qui pourrait traiter un accident nucléaire, une zone de pêche surveillée en permanence pour assurer la protection des pêcheurs… Le domaine des engins sans pilote est… sans limites ! Enfin il ne faut pas oublier de développer une législation adaptée pour encadrer l’usage de ces appareils qui peuvent être intrusifs et mortels.
Le champ des possibles est encore ouvert. Il faut s’y mettre maintenant car il n’y aura pas de session de rattrapage ; passé 2030, nous serons totalement dépendants de l’extérieur, nous aurons alors raté le coche des avions sans pilote.
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