16 Septembre 2013 Par Marine & Océans
Du 24 au 25 juin 2013 s'est tenu à Yaoundé (Cameroun) un sommet de chefs d'Etats et de gouvernements sur la sécurité maritime dans le golfe de Guinée. L'objet de la rencontre était la signature des documents proposés durant la Conférence interministérielle CEDEAO, CEEAC et CGG (Commission du golfe de Guinée) sur la sécurité maritime dans le golfe de Guinée de mars 2013.
Onze chefs d'Etats africains étaient présents à savoir les présidents du Cameroun, du Nigéria, du Gabon, de la Côte d'Ivoire, du Tchad, du Bénin, de la république de Congo, du Burkina Faso, du Togo, du Niger, et de Sao Tomé et Principe. Si nombre d'entre eux étaient d'accord pour une "mutualisation" des efforts et des actions des Etats africains pour lutter contre la piraterie maritime, les résultats concrets ont été réduits à la création d'un centre de fusion du renseignement, au Cameroun, seule mesure adoptée à ce jour.
Plus ambitieux, le président tchadien, Idriss Deby a défendu l'idée que l'Union africaine se dote d'une "composante maritime", avec pour ambition la mise en place d'une force navale internationale, équivalente à celle déployée depuis 2008 dans le golfe d'Aden. Dans sa déclaration, le Représentant spécial pour l'Afrique centrale du Secrétaire général de l'ONU a assuré que les Nations unies apporteront les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre d'une stratégie régionale contre la piraterie maritime.
De leur côté, les nations contributrices à l'EU NavFor, qui s'interrogent sur la poursuite de l'opération européenne Atalanta au large de la Somalie au-delà de son mandat de 2014, ou les autres puissances navales déployant des unités au large de la Corne de l'Afrique (Etats-Unis, Russie, Japon, Chine...) mettent en question la possibilité d'une extension de leur action au golfe de Guinée.
Selon un récent rapport de juin 2013 de "Oceans Beyond Piracy", intitulé "Human Cost of Maritime Piracy 2012", le coût de la piraterie maritime dans le golfe de Guinée serait estimé entre 740 et 950 millions de dollars US. Ces chiffres reprennent les estimations des coûts directs faites par le BMI (Bureau maritime international), qui estime qu'en 2012, au moins 966 marins auraient été victimes d'attaques dans le golfe de Guinée et que le coût des marchandises volées par les pirates serait évalué entre 34 et 101 millions de dollars. A cela doivent être ajoutés les coûts indirects comme les surprimes d'assurance...
Trois documents ont fait l'objet de la Conférence interministérielle en mars 2013 :
- une lettre d'intention (Memorandum of Understanding) entre la CEDEAO, la CEEAC et la CGG sur la sécurité et la sûreté maritime en Afrique de l'Ouest et Afrique Centrale.
- une déclaration politique des chefs d'Etats et de gouvernements
- un code de conduite sur la répression de la piraterie, des vols armés sur navires et les activités maritimes illicites (à l'image du Code de Djibouti).
Les impacts économiques sont directs sur les Etats côtiers, notamment le Nigeria, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon et le Togo. Ils concernent également les Etats européens, ce qui pourrait décider ces derniers à prolonger leur action antipiraterie dans le golfe de Guinée, le libre approvisionnement du pétrole exploité sur la zone pouvant être menacé. L'UFIP (Union Française des Industries Pétrolières) estimait en février 2011 que plus de 11% du pétrole brut importé en France provenait de cette région du monde.
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