29/05/2013 Par Arnaud de La Grange – LeFigaro.fr
Alors que le cyberespionnage complique la relation Washington-Pékin, l'armée chinoise va tester le mois prochain de «nouveaux types d'unités de combat utilisant de la technologie digitale». Vraisemblablement pour simuler la perturbation de réseaux de communication, de commandement et de contrôle.
Ces exercices militaires seront bien réels, mais le terrain sera en grande partie virtuel. L'armée chinoise va lancer le mois prochain ses premières manœuvres impliquant des «unités numériques», a rapporté mercredi la presse officielle. Les soldats chinois vont «tirer à blanc» sur les réseaux Internet, alors que la tension est vive entre Washington et Pékin sur les questions de cyberespionnage.
Ces manœuvres d'un nouveau type auront pour cadre la Mongolie-Intérieure, dans le nord du pays. Vont à cette occasion être «testés de nouveaux types d'unités de combat, utilisant de la technologie digitale pour s'adapter à la guerre moderne et informatique». Pour la «première fois» dans l'histoire de l'Armée populaire de libération (APL), ces moyens modernes seront combinés à des forces spéciales, de l'aviation et des unités de contre-mesure électronique. Vraisemblablement pour simuler la perturbation de réseaux de communication, de commandement et de contrôle.
Une arme «asymétrique»
En 2011, le ministère chinois de la Défense avait annoncé avoir créé une unité d'élite spécialisée dans la cyberguerre. Tout en précisant qu'il s'agissait uniquement de «capacités défensives et non pas d'attaque»… Composée officiellement d'un noyau de 30 membres et appelée «l'équipe cyberbleue», cette force a été placée sous le commandement de la région militaire de Canton (sud), avait précisé le quotidien Global Times. La faiblesse de ces effectifs fait sourire, quand on connaît les efforts de l'APL dans le domaine des cybercapacités. Des milliers, voire des dizaines de milliers d'hommes seraient affectés à ces missions. Au début de l'année, la société de sécurité informatique américaine Mandiant a identifié une formation - l'Unité 61398, basée à Shanghaï - alignant à elle seule plus de 2000 personnes. Elle serait à l'origine d'une vague d'attaques qui a visé des journaux américains, des sociétés et des agences du gouvernement américain.
L'armée chinoise, consciente de ne pouvoir affronter la puissance américaine de manière conventionnelle, n'a pas fait mystère de ses ambitions en matière de cyberguerre. Dès 1999, dans leur fameux essai La Guerre hors limites, deux colonels de l'armée de l'air chinoise ont insisté sur l'importance de cette arme «asymétrique». Un récent rapport du Congrès américain estime que «les experts de l'APL identifient de façon systématique les infrastructures logistiques, les systèmes de commandement et de contrôle et les centres de gravité stratégiques des États-Unis qu'ils attaqueraient en premier en cas de conflit». Et que leurs compétences sont désormais «très avancées».