25 avril par Benoît CAURETTE - charentelibre.fr
Premier employeur du département, la Défense injecte des millions d’euros dans l’économie locale. Elle séduit les patrons des PME, venus hier [24 Avril] à sa rencontre à La Braconne.
Une trentaine de patrons ont été reçus hier après-midi au 515e régiment du train. Ils comptent bien décrocher des marchés avec l’armée. Une trentaine de patrons ont été reçus hier après-midi au 515e régiment du train. Ils comptent bien décrocher des marchés avec l’armée.
Des costumes-cravate au milieu des treillis, des bérets noirs et des képis. Trente patrons charentais chez les militaires. Une rencontre peu ordinaire. Mais surtout tout un symbole, hier après-midi, au QG du 515e régiment du train de La Braconne, à Mornac, le dernier salon où l’on cause économie en Charente.
«L’armée et les entreprises sont deux mondes qui ne se connaissent pas très bien et qui pourtant ont des atomes crochus. Nous souhaitons prendre l’habitude de les faire se rencontrer plus souvent», note le capitaine de réserve Stéphane Bouyou, dans le civil directeur technique de Visvivo, à L’Isle-d’Espagnac et fer de lance de l’après-midi d’hier au régiment qui ouvre par ailleurs ses portes au grand public demain et après-demain. «L’idée, c’est également de trouver des débouchés pour nos jeunes retraités», ajoute le militaire.
La Défense, c’est aussi une entreprise. Même une très grosse maison, la plus importante du département: un Charentais sur cent travaille directement pour elle, «près de 9.000 emplois en découlent au total», se réjouit Daniel Braud, le vice-président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Angoulême et patron de la chambre consulaire au niveau régional. Nombre de structures en font leurs choux gras.
Flairer les opportunités
«Si demain on perdait les régiments, la base aérienne de Cognac et tout ce qui gravite autour, ça équivaudrait à se séparer d’une très grosse industrie, avec les conséquences désastreuses que l’on imagine.» Mais pour l’heure tout baigne et il y a des affaires à conclure avec les militaires.
Les patrons ne le savent que trop bien. Hier au quartier Chabasse, ils sont venus les flairer. Sans louper l’opportunité de (re)mettre un pied dans la maison, de «faire du relationnel» et «de comprendre les nouvelles modalités d’appels d’offres», reconnaît Claude Gomez, directeur adjoint d’Ingéliance Technologies, un cabinet d’ingénierie de 70 personnes à L’Isle-d’Espagnac, sous-traitant entre autres de DCNS à Ruelle.
Thierry Grandières, l’un des associés de la menuiserie Michel Dupuis à Angoulême, s’est clairement rappelé au bon souvenir de l’armée en Charente. «Nous avons travaillé ensemble par le passé, dit-il. Les équipes ont changé, nous n’intervenons plus qu’en Charente-Maritime, à la base aérienne de Rochefort. Ça nous semble important de renouer un lien, de se tenir à l’affût des marchés intéressants qui ne manqueront pas d’apparaître.»
Même Éric Faure, le directeur des établissements et services d’aide par le travail (Esat) de Ma Campagne et de Fontgrave, considère qu’il y a peut-être du grain à moudre dans les casernes pour ses travailleurs handicapés. «Il y a pas mal d’espaces verts à entretenir», observe cet ancien du régiment qui a pu grâce à la rencontre d’hier «gommer les a priori» qu’il nourrissait quant aux modalités d’accès aux marchés militaires.
«Elles sont loin d’être compliquées, et sont accessibles à toutes les PME. Une entreprise de Charente qui ne décrocherait pas un marché local n’est pas pour autant disqualifiée pour répondre à un appel d’offres qui est en fait toujours national», rassure le responsable des achats du groupement de défense d’Angoulême (1erRIMa, 515e RT…).
Du fait de la complexité des organisations, il est difficile de mesurer avec précision les retombées dont profitent les PME d’ici, ni même de dire combien elles sont. Le seul régiment du train fait travailler une bonne dizaine de structures du coin, dont Renault Trucks à Roullet pour l’entretien de sa flotte de poids lourds. L’armada de camions commence d’ailleurs tout juste à être remplacée par des escouades dernier cri de marque Iveco. Mais le régiment le jure: les vieux rejetons de la marque au losange, au 515e depuis 1984, seront usés jusqu’à la corde.