25/09/2014 LTN Valérian Fuet et LTN Hélène Facchin - Armée de Terre
Pilote Tigre au 5e régiment d’hélicoptères de combat (5e RHC) de Pau, le lieutenant Thomas R. a participé aux débuts de l’opération SERVAL. Avant de repartir prochainement en opération extérieure, il témoigne de cette expérience marquante.
Comment s’est déroulée votre projection au Mali ?
LTN Thomas : En décembre 2012, le régiment a pris l’alerte GUEPARD. Le 11 janvier 2013, l’opération SERVAL a été déclenchée et l’on a appris la mort au combat du lieutenant Damien Boiteux. Deux jours après, un groupement aéromobile (GAM) de 17 appareils a été constitué pour armer la force, les Tigre étant de la partie. À mon arrivée au Mali, j’ai compris que nous évoluerions en terre inconnue. Lorsque j’ai été engagé en Afghanistan en 2011, la logistique et le soutien étaient déjà en place, nous disposions d’études topographiques, d’itinéraires... Au Mali, il n’y avait rien. Pas même une carte du territoire. Il a fallu prendre ses repères au fil des sorties. À mon arrivée, une des priorités a été de valider ma qualification au poser sur sable. Chaque théâtre d’opérations est différent et nous devons nous adapter rapidement à l’environnement.
L’urgence du déploiement passée, quelles ont été vos missions au sein du GAM ?
Après quelques missions au nord de Bamako, la phase de reconquête du territoire est déclenchée. Les sorties s’enchaînent à un rythme soutenu. Nous commençons par éclairer l’axe Goundam-Tombouctou et appuyons ensuite le raid blindé qui l’emprunte. Peu après, nous participons à l’opération aéroportée du 2e régiment étranger de parachutistes au nord de Tombouctou. Mais ma mission la plus éprouvante reste l’opération PANTHÈRE dans le massif des Ifoghas. En appui des légionnaires au sol, les contacts avec l’ennemi sont nombreux et violents. À tel point que je dois atterrir pour recharger seul mes paniers de roquettes et mon canon de 30 mm. Parti en “autonomie machine” sans soutien logistique, je dois m’en charger moi-même pour la première fois.
Que retenez-vous de cette expérience ?
L’intensité de l’opération. Même si ce n’était pas ma première OPEX, j’ai acquis énormément d’expérience en quelques semaines d’engagement. En l’espace de 15 jours, j’avais déjà effectué 40 heures de vol… En comparaison, après trois ans d’école, j’en comptais 150. Le nombre et la variété des missions conduites nous ont aussi fait prendre conscience de l’importance de nos hélicoptères dans les manœuvres terrestres. Je retiens aussi la rusticité de l’environnement, la chaleur étouffante, le sable qui s’infiltre partout. Pourtant, en dépit de ces conditions difficiles, j’ai été marqué par l’engagement de chacun. Je me souviens de phases de ravitaillement où beaucoup de soldats nous prêtaient main-forte pour que l’on puisse redécoller au plus vite. Humainement, ce sont des moments très forts qui m’ont fait gagner en maturité.