2 février 2014 par Pierre Sparaco – Aerobuzz.fr
L’entrée en service remarquée de l’A400 sous les cocardes françaises suscite un regain d’intérêt pour l’avion de transport militaire européen. Airbus Defence and Space estime qu’il pourrait en vendre 400 exemplaires en plus des 174 commandés par les partenaires du programme. Reste maintenant à calculer le prix de vente de l’appareil.
Cette année, l’unité Military Aircraft d’Airbus Defence and Space, ex-Airbus Military d’EADS, livrera onze A400M qui, bientôt, porteront les couleurs de nouveaux utilisateurs. Pour l’instant, deux exemplaires seulement sont livrés, tous les deux à l’armée de l’Air française. Laquelle a permis une entrée en scène très remarquée de l’avion européen en l’envoyant en mission au Mali, avec succès. Du coup, l’Atlas, Grizzly à ses débuts, est passé de la théorie à la pratique, ralliant Bamako en 6 h 30 de vol, une mission qui aurait exigé la mise en œuvre de trois C-130H et un total de 72 heures de vol.
La polyvalence de l’A400M est un de ses atouts
© Airbus Defence and Space
Il n’en fallait pas davantage pour conférer à l’A400M ses premières lettres de noblesse et retenir l’attention des spécialistes, au point de conduire à la soudaine multiplication des demandes officielles d’information adressées à Madrid. Neuf demandes, au total, précise Didier Vernet, directeur du marketing, qui y trouve évidemment un solide encouragement pour la suite du programme. Il s’avance à une première prévision, estimant que 400 A400M environ pourraient être vendus à l’exportation en une trentaine d’années, au-delà des 174 exemplaires commandés par les huit pays partenaires et les quatre avions retenus par la Malaisie.
C’est là une vision prudente. Très exactement 1.850 transports militaires actuellement en service à travers le monde ont plus de 30 ans d’âge et la concurrence, telle qu’elle se présente actuellement, est « particulièrement faible ». D’autant que l’A400M peut se prévaloir de doubles capacités opérationnelles, tactiques et stratégiques, affichant de ce fait « des possibilités extraordinaires », n’hésite pas à affirmer Cédric Gautier, directeur du programme.
A400M aux couleurs des forces aériennes turques
© Airbus Defence and Space
Domingo Urena, directeur d’Airbus Defence and Space, témoigne lui aussi d’un bel optimisme, d’autant, souligne-t-il, que la montée en cadence de la production devrait se faire sans difficultés particulières, en route vers deux exemplaires et demi par mois. Les fournisseurs sont prêts à soutenir ce rythme et tous les indicateurs sont au vert. D’autant que la manière de faire de l’armée de l’Air française avec l’A400M, au cours de ces dernières semaines, a largement conforté la crédibilité opérationnelle de l’appareil.
Reste à effacer une zone d’ombre, déterminer et rendre public le prix de l’appareil. Il n’est évidemment pas question de s’en référer au contrat qui couvre les exemplaires des pays partenaires, qui fut au cœur d’une violente polémique financière, et qui a conduit les Etats, d’une part, le maître d’œuvre industriel (à l’époque, EADS) à partager un surcoût très élevé. « Ne me demandez pas le prix de l’A400M, je ne le connais pas ! » C’est la réponse que nous fait Domingo Urena et qui, malgré les apparences, ne relève pas de l’humour. En effet, il s’agit à présent de repartir à zéro et d’échanger des informations avec des acheteurs potentiels pour déterminer un juste prix.
Ce n’est pas chose facile, à défaut de points de comparaison : l’avion européen est unique dans sa catégorie, les autres transports militaires sont plus petits, sauf le gros C-17 dont la production se termine. Et le KC 390 brésilien, biréacteur, s’inscrit dans une tout autre catégorie. Dès lors, Airbus Defence doit prendre le pouls du marché, innover, inventer, sans plus tarder dans la mesure où des clients s’annoncent.
Un A400M sera livré chaque mois, cette année, le programme, sorti de l’ornière, est devenu une solide réalité industrielle. Reste à le transformer en succès.
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